JL Bourlanges : "Notre solidarité serait hypocrite si nous n'apportions pas les moyens à de se défendre et de vivre à l'Ukraine !"

Jean-Louis Bourlanges, Président de la Commission des Affaires étrangères, est intervenu lors du débat à la suite de la déclaration du Gouvernement relative à la guerre en Ukraine et les conséquences pour la France, organisé à l'Assemblée nationale ce 3 octobre.

“Le premier qui se réveille, réveille les autres”, disent les enfants.

Les premiers à être réveillés ont été les Ukrainiens. Ils savaient depuis longtemps, en tout cas depuis 2014, ce que nous voulions ignorer depuis plus longtemps encore, à savoir que les puissances occidentales n’avaient pas vraiment gagné la guerre froide même si l’Union soviétique l’avait clairement perdue.

Nos voisins, nos amis, nos frères d’Ukraine ont éprouvé dans leur cœur et dans leur chair, ce que nous avons longtemps, obstinément, inconsidérément refusé de voir : les démocraties libérales, pluralistes et sociales n’avaient remporté qu’une victoire précaire et incertaine avec la chute du mur de Berlin, le démantèlement du rideau de fer et la dislocation de l’empire soviétique.

Nos triomphes apparents des années 90 n’avaient assuré ni la souveraineté des peuples, ni la démocratisation des États, ni la liberté des consciences, des opinions et des mouvements, l’invasion arbitraire, injustifiée et terriblement meurtrière de la libre Ukraine par une puissance impérialiste et cleptocratique l’a tragiquement montré.

Aujourd’hui les souffrances et les victoires de l’Ukraine nous confirment dans une conviction que les Français ont été trop longtemps les seuls à professer dans l’Union européenne.

Cette conviction, c’est celle qui veut que l’Europe, ses valeurs, ses intérêts, sa culture et ses lois ne pourraient survivre dans le monde qui nous attend si les Européens continuaient de faire de leur Union une entité simultanément marchande et éthérée, — “naïve”, avait dit le Président de la République —  étrangère en tout état de cause à toute logique de puissance.

Nous autres Français avons de longue date pensé que l’universalisme de nos valeurs ne pouvait nous dispenser de l’obligation d’inscrire notre projet dans un territoire particulier, fragile et menacé, ce petit cap de l’Asie décrit par Paul Valéry, et que personne ne défendra durablement s’il ne se défend pas lui-même.

Nous avons passionnément voulu donner une dimension géopolitique au projet européen, ajouter la force au droit, la réciprocité à l’exemplarité, les intérêts aux valeurs, l’ambition à l’apostolat, la défense et la diffusion d’une culture à la défense de l’humanisme.

Les Ukrainiens nous ont réveillés. Ils nous ont dit, par l’invasion qu’ils ont subie, par la Résistance qu’ils lui ont opposé, par les souffrances assumées, par les deuils accumulés, où est notre devoir, ce qu’est notre mission, quelles sont nos responsabilités.

En défendant sa souveraineté, ses libertés, sa démocratie, l’Ukraine défend notre souveraineté, nos libertés, nos démocraties. En aidant l’Ukraine à se défendre, les Ukrainiens défendent l’Europe.

Nous avons pu mesurer, aux côtés de la Présidente de notre Assemblée, la détermination du President Zelensky, et, derrière lui, celle de tout un peuple, un peuple inventif, mobilisé, actif et entreprenant, un peuple impavide devant les provocations, les référendums bidons, les mascarades cérémonielles qui visent au sublime et ne rencontrent que le grotesque.

Nous devons, mes chers collègues, être à la hauteur des responsabilités que nous impose la situation. Nous sommes, à la veille de grandes épreuves. Les Russes n’ont pas besoin de recourir à l’arme nucléaire pour nous les infliger, pour nous atteindre dans notre confort et dans notre relative quiétude. On ne sort pas vainqueur d’une telle épreuve, sans effort, sans énergie, sans rejet des divisions.

Bien sûr, nous avons aussi un devoir de sagesse, le souci d’éviter la généralisation de la guerre, le dérapage vers les armes de destruction massive, de garantir la préservation  des chances de la paix. Le monde peut compter sur nous pour travailler, dès que ce sera possible et avec qui ce sera possible, au rétablissement de la paix mais l’issue du conflit passera par le respect scrupuleux de la souveraineté de l’Ukraine, l’établissement de garanties de sécurité sérieuses et crédibles et la reconstruction d’un pays martyr. 

Aujourd’hui, l’heure est à la solidarité inconditionnelle avec le peuple ukrainien. Et que serait notre solidarité, sinon une abjecte hypocrisie, si nous n’apportions pas aux Ukrainiens les moyens de se défendre et de vivre ?

Il n’y a pas d’amour sans preuves d’amour. Il n’y a pas de solidarité sans preuves de solidarité. L’Europe est, pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, confrontée à une responsabilité historique majeure. Ensemble relevons ce grand défi. Il en va de notre avenir à tous.

Que vive l’Ukraine, que vive la France, que vive l’Europe !

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