Marc Fesneau : « Il y a une question à poser aux populistes : dans quel camp êtes-vous ? »
Marc Fesneau, le ministre de l’Agriculture, a participé pendant près d’une heure à l’émission « Questions politiques » ce dimanche 18 février, présentée en partenariat par France Inter, France Info et Le Monde. Outre l’actualité politique du moment, Marc Fesneau est évidemment revenu sur les premières réponses apportées aux agriculteurs et sur celles en préparation à quelques jours du Salon de l’Agriculture.
Actualités politiques : « Il y a un moment où il faut faire reculer Poutine »
C’est par un tour d’horizon de l’actualité politique du moment qu’a commencé l’interview de Marc Fesneau.
En premier lieu la guerre en Ukraine, et la nécessité d’assurer une solidarité européenne sans faille, quant au soutien des civils et soldats ukrainiens qui n’hésitent pas à se sacrifier pour la liberté. L’un des symboles du système mortifère de Poutine est probablement la récente mort de son opposant politique principal, Alexeï Navalny. Marc Fesneau se dit « très frappé de voir dans le camp des populistes la manière dont ils tournent autour des choses. Simplement, M. Navalny est mort d’avoir été un adversaire de M. Poutine » assène-t-il limpidement.
Par ailleurs, ce week-end a aussi été marqué par les grèves des contrôleurs de la SNCF, ayant causées des suppressions de trains en cascade notamment en direction de l’ouest de la France. Pour le Premier vice-président du MoDem, « le droit de grève est constitutionnel donc il n’est pas question de le remettre en cause. Mais la manière dont il s’exprime parfois pose aussi la question des devoirs ». « La question c’est plutôt celle du service minimum » selon Marc Fesneau.
Enfin s’agissant de la crise migratoire en cours à Mayotte, le ministre de l’Agriculture assure que « la République est une et indivisible, mais qu’on a déjà eu des dérogations par rapport à des spécificités de territoires », en réponse de la supposée incohérence de l’annonce de la suppression du droit du sol dans ce département et nos principes constitutionnels.
Agriculture : « Quand on est un responsable public, il faut accepter de se confronter aux gens qui vont parfois nous rappeler à nos promesses ou exigences »
Marc Fesneau a tenu à dresser la liste de l’ensemble des mesures d’urgence déjà effectives pour les agriculteurs :
On a singulièrement accéléré ; le fonds d’urgence de 80 millions € pour l’élevage, un fonds pour couvrir les pertes liées à la MHE, un autre fonds complémentaire de 150 millions € pour compléter celui européen à 400 millions € pour des mesures d’arrachage.
Il poursuit avec : « la mise en place du fonds pour le bio à hauteur de 50 millions € ». Sur ce sujet, le ministre « pense qu’il faut aller plus loin en suscitant la demande qui est en crise ». Les mesures réglementaires de « curage des fossés, de réduction des délais sur les bâtiments d’élevage ou sur la question de l’eau » sont d’ores et déjà prises.
L’action au niveau européen sera également décisive. C’est pourquoi il précise avoir lui-même « porté la voix de la France pour remettre en cause la dérogation sur les mesures types « jachères » ».
En parallèle des annonces gouvernementales en matière agricole, Marc Fesneau avait aussi spécifié la mise en pause du plan Ecophyto.
Les pesticides, l’enjeu c’est réduire ceux qui produisent un impact élevé sur la santé.
Cette « mise en pause », qui prend des allures de bon sens doit permettre de mettre en place un nouvel indicateur.
Marc Fesneau explique que l’indicateur Nodu actuel « pose des questions depuis le début ». En effet, il dénonce l’incohérence d’avoir « des produits à haut-risque mais autorisés, [qui sont] remplacés par deux ou trois passages d’un produit dont le risque est moindre ou absent, mais l’indicateur se dégrade ! »
Je rappelle que les molécules les plus dangereuses, les CMR 1, ont été réduites de 95 % et de plus de 80 % pour celles un peu moins à risque, les CMR 2.
Le ministre confie qu’il souhaite renforcer son travail sur notre réduction de dépendance aux produits phytosanitaire à condition d’investir dans des alternatives. Et c’est 250 millions € débloqués pour soutenir cette recherche, une première ! Marc Fesneau précise « qu’il n’y a pas un secteur économique en France qui sache faire sans la chimie ».
En somme sur le sujet, le Rassemblement national n’est pas en perte d’une idée démagogique par jour ! Marc Fesneau résume bien leur attitude et dénonce « des gens qui essayent de se nourrir de cette crise [agricole], pour au fond proposer un modèle autarcique ».
Je rappelle que l’essentiel des produits français, y compris ceux en déficit net, sont exportés vers les pays intra-européens, l’Italie ou l’Espagne par exemple. Donc la préférence nationale dans l’espace national européen, c’est la mort des agriculteurs.
« Le parti de la Russie » pour paraphraser le ministre de l’Agriculture, profite de la détresse de citoyens afin d’augmenter son profit électoral. Marc Fesneau « aimerait bien les entendre [RN] sur l’Ukraine. Parce que la baisse du prix des céréales est liée au fait qu’elles soient bloquées en Ukraine, car M. Poutine bloque les voies de commerce traditionnelles ». N’oublions pas que M. Poutine « a une stratégie, celle d’inonder les marchés de céréales à bas coût ». Résultat : ce sont nos agriculteurs qui voient leur prix d’achat à la tonne chuter.