Marc Fesneau : « On voit les résultats de l'autarcie, c'est la politique de Trump, et ça nous mène à la catastrophe »

États-Unis : « Le meilleur service à rendre aux entreprises, c’est de peser au niveau européen »

Invité au lendemain du rétropédalage de Donald Trump sur les droits de douane, Marc Fesneau a dénoncé une politique américaine marquée par l’instabilité.

Donald Trump change d'avis et en même temps il tergiverse, ce qui est très compliqué en matière économique.

Il a aussi rappelé que les acteurs économiques ont besoin de « stabilité » et de « prévisibilité » - un monde de l'économie dont est issu le président américain.

Selon lui, la méthode Trump, avec qui il va falloir continuer d'échanger et sur lequel il « va falloir continuer à faire pression », est vouée à l’échec :

On voit les résultats de l'autarcie, c'est la politique de Trump, et ça nous mène à la catastrophe.

Le président du groupe Les Démocrates plaide pour une stratégie offensive mais concertée à l’échelle européenne, notamment pour protéger les secteurs sensibles :

Le meilleur service à rendre aux entreprises, en particulier celles qui sont dépendantes à ce point, […] c’est de peser au niveau européen vis-à-vis des Américains pour éviter que ces mesures ne se mettent en route.

Il a notamment cité les entreprises agroalimentaires et viticoles, un secteur qu'il connaît très bien, soulignant qu’aucune n’avait « dans les caisses de quoi compenser » des hausses de droits de douane de 20 à 50%.

Il en appelle aussi à un sursaut stratégique :

Il faudra qu’on réfléchisse à, comme on dit parfois dans les milieux économiques, à se "dérisquer".

Autrement dit, diversifier les débouchés à l’international pour mieux résister aux chocs géopolitiques, tout en appelant aussi à « reconquérir notre souveraineté et de porter haut le flambeau du patriotisme ».

Économie française : « Produire plus de richesses sans augmenter les impôts »

Marc Fesneau a par ailleurs défendu une ligne claire sur la politique économique intérieure : « Nous sommes le pays d’Europe, pour ne pas dire du monde, parmi les plus taxés. » Selon lui, la solution ne peut venir d’une augmentation des impôts :

Si à chaque fois qu'on a un problème de croissance et donc de recettes, on dit on augmente les recettes en augmentant les impôts, je pense que ce n'est pas une bonne solution.

À ce stade, la question n'est pas l'augmentation des impôts mais la réduction des dépenses. Il plaide pour une relance par la production :

Il faut qu'on arrive à produire plus, parce que quand on produit plus, on produit plus de richesses.

Quant aux perspectives budgétaires, il a reconnu qu’il faudrait « bouger manifestement », notamment via la conférence sociale qui doit aborder les retraites et l’équilibre des comptes sociaux. Mais il a prévenu : « Quand vous commencez à rentrer dans une discussion en disant, je ne bouge sur rien, autant être sûr qu'on va à l'échec. »

Proche-Orient : « Une clause de réciprocité entre Israël et la Palestine »

Interrogé sur la reconnaissance d’un État palestinien annoncée par le président de la République la veille, Marc Fesneau a salué « une bonne idée ». Il a cependant posé une condition :

La volonté, c'est qu'à la fois on reconnaisse un État palestinien, mais pour ceux qui ne reconnaissent pas encore l'État israélien, ça puisse se faire dans une clause de réciprocité.

Selon lui, « les Palestiniens ont le droit à un État, les Israéliens ont le droit à un État », et « les deux ont le droit de vivre en sécurité dans un régime démocratique ».

Enfin, il s’est félicité que cette initiative soit portée par la France avec des pays arabes comme l’Arabie saoudite :

C’est bien de le faire d’ailleurs sous l'égide des pays arabes, avec la France, et l'Arabie saoudite, pour faire en sorte qu'on montre qu'il y a un pas qui est fait les uns vers les autres.