Marc Fesneau : "La théâtralisation sur le dos des agriculteurs n'est pas mon fort"
Le ministre de l’Agriculture et la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, était invité sur RMC lors de la matinale du mercredi 14 février afin d’établir un bilan des premières mesures d’urgence et annoncer les prochaines orientations pour le monde agricole.
Mobilisation agricole : "La simplification des normes c’est aussi fait pour gagner en souveraineté"
Quelques semaines après le début des mobilisations agricoles et les premières annonces gouvernementales pour endiguer la colère des agriculteurs, Marc Fesneau a mis en lumière l’efficacité de l’ensemble des parties prenantes aux négociations. En d’autres termes, syndicats agricoles, agriculteurs, administrations publiques et gouvernement sont parvenus à esquisser un plan de sortie de crise en un espace-temps très réduit.
De ce fait, il a souhaité "rappeler les mesures d’urgence prises sur l’élevage, le GNR, celles sur la viticulture, avec le fonds d’urgence de 80 millions € pour soutenir les trésoreries dans l’immédiat". Le ministre poursuit sur le sujet de la simplification des normes et puisent un exemple dans les mesures déjà sur la table comme "la réduction du délai de recours contentieux sur les bâtiments d’élevage ou les questions d’eau."
Il prévient aussi que "d’ici le salon de l’agriculture, d’autres mesures complémentaires de simplification" seront annoncées ainsi que "l’inscription dans le dur, dans la loi d’orientation agricole prochaine, d’un certain nombre d’éléments comme le cas des haies."
Pour autant, le premier vice-président du MoDem se refuse au triomphalisme politique. S’il compte défendre son travail et son investissement dans la fonction qu’il occupe, il sait devoir poursuivre ses efforts pour continuer d’apporter des réponses pragmatiques et bénéfiques pour les agriculteurs.
Je comprends la vigilance des syndicats [suivi de l’application des mesures], parce qu’on a peut-être passé le moment éruptif de la crise, que les tracteurs sont rentrés, mais on n’a pas résolu tous les problèmes.
Interrogé sur le comportement des oppositions vis-à-vis de la situation, Marc Fesneau pointe la démagogie du Rassemblement national, avec comme point d’orgue son président Jordan Bardella qui "théâtralise une crise sur le dos des agriculteurs." L’extrême droite se nourrit des inquiétudes et des peurs au profit d’un gain électoral, sans jamais réfléchir sérieusement à des propositions politiques.
Il y a un moment, vous allez vous confronter ; qu’est-ce que vous faites comme simplification ? qu’est-ce que vous demandez à l’Europe ? Alors on pourrait dire « moi je m’abstrais des règles européennes », après on ira expliquer aux agriculteurs qu’ils ne peuvent plus bénéficier des aides de la PAC, qui sont structurantes pour la politique agricole française.
Le Rassemblement national nostalgique de sa volonté d’établir un "Frexit" en 2017 ? Marc Fesneau leur répond : "allez demander aux agriculteurs anglais ce qu’ils pensent du Brexit !" avant de conclure que "c’est très facile d’être dans la position de celui qui n’a jamais gouverné, parce qu’après tout je peux dire n’importe quoi ! "
De l’autre côté du navire des extrêmes, Sandrine Rousseau a vivement dénoncé la « mise en pause » du plan Ecophyto. Simplement, le ministre de l’Agriculture pose les faits, rien que les faits, en questionnant :
"Qui a dit qu’on n’avait pas de stratégie de réduction des pesticides ? Qui a dit qu’on la mettait sur pause ? On a déjà lancé des programmes de recherche pour trouver des alternatives."
Si "ce n’est pas la première fois que Madame Rousseau parle d’un sujet qu’elle ne maitrise pas" confie Marc Fesneau, il l’invite par ailleurs "à reconnaitre que pour les produits phytosanitaires les plus dangereux, les CMR 1, on les a baissés de 95 % sur le dernier quinquennat."
Loin des polémiques stériles ou de la mise en scène permanente, le natif par adoption du Loir-et-Cher explique que "la mise en pause concerne principalement les indicateurs, donc ça n’obère pas les efforts des agriculteurs, les 250 millions € qu’on met pour la recherche, etc."
En somme, la route est encore longue pour solutionner cette crise dans son ensemble, mais le chemin emprunté par Marc Fesneau et le gouvernement, celui de l’écoute et de l’action, apporte des premières satisfactions encourageantes.