Marc Fesneau : "L'alimentation française ne doit pas connaître le même sort que le textile"

Marie Cadoux et Jérôme Parigi pour LSA

Alors que les négociations commerciales se déroulent dans un contexte sans précédent et qu'un pacte de solidarité commerciale a été signé par l'ensemble des enseignes, le ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire appelle les distributeurs à la responsabilité. Entretien publié dans LSA.

Depuis sa prise de fonction, en mai 2022, au ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau inscrit son action dans la continuité de son prédécesseur, Julien Denormandie. Mais la flambée du coût de l'énergie, la multiplication des aléas climatiques, les épizooties à répétition, l'inflation des produits alimentaires et la mise en œuvre de la politique agricole commune bousculent son agenda.

Dans ce contexte exigeant, l'homme politique, élu Modem du Loir-et-Cher à l'Assemblée nationale en 2017, et qui a fait ses armes dans le premier gouvernement Macron comme ministre chargé des relations avec le Parlement de 2018 à 2022, multiplie les déplacements. Celui qui vient de fêter ses 52 ans tente en effet de rassurer les différentes filières agricoles. « Il y a des secteurs dont on peut peut-être se dire que l'on va faire sans. Mais ce n'est pas le cas de l'agriculture et de l'alimentation. Malgré l'accumulation des emmerdements, l'alimentation revêt une dimension stratégique », lâche-t-il dans un langage familier à la fin d'un entretien accordé à LSA à la veille des fêtes.

LSA - On parle beaucoup de coupures d'électricité pour cet hiver. Industriels et agriculteurs doivent-ils s'en inquiéter ?

Marc Fesneau - Non, je ne le pense pas. Les Français ont adopté les bons gestes de sobriété, et nos efforts paient. Si l'on continue sur cette dynamique avec 10 % d'énergie économisée, on va y arriver, on pourra éviter les coupures. Nous sommes particulièrement attentifs à certains secteurs, comme ceux du lait ou de la transformation de la viande, car l'interruption du processus peut effectivement conduire à la perte de la matière. Un travail a été mené avec les préfets pour identifier les entreprises les plus à risque en cas de délestage et leur apporter des solutions dans la mesure du possible.

Un pacte de solidarité commerciale sanctuarisant le prix de l'énergie a été signé par tous les distributeurs. Côté industrie, l'accueil a été moins favorable. Les ETI comme Cofigeo ne sont pas concernées. Que faut-il attendre de ce document fondé sur la bonne volonté des uns et des autres ?

M. F. - Une bonne partie des problèmes rencontrés parles ETI est liée à l'énergie. L'adaptation des dispositifs de soutien au surcoût énergétique va régler une partie de leurs problèmes.

Le texte qui a été signé repose effectivement sur la bonne volonté des uns et des autres. Les PME en ont absolument besoin car leurs marges de négociations sont limitées. Il y a déjà un dispositif législatif, la loi Egalim, pour sanctuariser le prix de la matière première agricole. Chacun doit prendre ses responsabilités. Si les distributeurs veulent de l'origine France et des rayons pleins dans leurs magasins, il faut qu'ils se montrent responsables. Je pense que la prise de conscience est entrain de s'opérer et qu'ils doivent aller au-delà du jeu d'acteurs.

Deux propositions de lois relatives aux négociations commerciales devraient être présentées au mois de janvier dans le but de corriger les effets de bord des lois Egalim 1 et 2. Quel regard portez-vous sur l'article qui prévoit qu'en cas de désaccord commercial au 1er mars, ce sont les conditions tarifaires des industriels qui doivent s'imposer ?

M. F. - Je sais que l'Ilec et l'Ania sont très favorables à ces deux propositions de lois. Il faut le rappeler : les lois Egalim 1 et 2 ont bien fonctionné pour les agriculteurs. Industriels, distributeurs, entreprises : chacun doit prendre sa part. Nous pouvons effectivement discuter de tous les sujets mais pas remettre en cause les acquis pour autant.

L'article, en l'état, ne correspond pas à ce que nous attendons. Il ne va bénéficier qu'aux grands groupes industriels car il n'a pas été discuté avec tous les acteurs. Donc, le problème des PME et des TPE, dans ce contexte d'inflation alimentaire, ne sera pas réglé.

Concernant le relèvement du seuil de revente à perte à + 10 %, pensez-vous utile de prolonger l'expérimentation ?

M. F. - Le maintien de ces dispositions est nécessaire car nous sommes dans une période particulière. Egalim continue à aider mais il faut rester très vigilant sur le niveau de l'inflation.

Mais la loi Egalim ne contribue-t-elle pas, finalement, à alimenter cette inflation ?

M. F. - Je ne le pense pas. Il ne faut pas oublier que, pendant près de quinze ans, la matière agricole a été en déflation, c'est ça qui n'était pas normal. La courbe est, grâce à Egalim 2, entrain de s'inverser. Mais sa portée reste difficile à évaluer dans un contexte d'inflation qui est avant tout lié à l'explosion du coût de l'énergie. D'ailleurs, le récent rapport de l'Inspection générale des finances sollicité parle gouvernement montre bien qu'il n'y a pas eu de profiteurs dans le contexte d'inflation alimentaire.

📰 Retrouvez l'entretien complet de Marc Fesneau sur LSA

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