Patrick Mignola : "On a la double responsabilité de fixer un cap et de se donner les moyens de l'atteindre"
Dans Expression Directe, Patrick Mignola a souligné la vision du Mouvement Démocrate sur le sens travail et le partage de la valeur, ainsi que sur l'importance d'agir en faveur du pouvoir d'achat des Français dans un contexte d'inflation constante.
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Aujourd'hui, nous pensons que notre pays traverse une des plus graves crises sociales de ces dernières décennies, parce que c'est une crise d'inquiétudes de chacune des familles en France sur son devenir face à l'inflation.
Et le sujet, c'est le pouvoir d'achat. C'est comment on va résister à une société où les prix augmentent beaucoup plus rapidement que les salaires et où on ne voit pas les perspectives.
Au fond, il y a une crise dans la crise. C'est que justement, on ne voit pas ces perspectives et qu'on n'a pas fixé de cap. C'est la raison pour laquelle, au Mouvement Démocrate, nous pensons que le Président de la République a raison de remettre la question sociale, mais dans sa plus large acception, dans le débat national.
Au fond, quel est le vrai changement depuis cinq ans dans la situation sociale française ? C'est que nous avançons vers la société du plein emploi.
C'est évidemment une bonne nouvelle parce que, rappelez-vous il y a cinq ans, personne n'osait parler de l'emploi parce que le Président Hollande s'était pris les pieds dans la courbe donc aucun candidat à la présidentielle, quelle que soit sa couleur politique en 2017, n'avait pris des engagements sur le chômage.
Nous n'avons pas pris d'engagements, mais nous les avons réussis. On a fait baisser le chômage beaucoup plus que ce qu'on aurait même pu s'y engager pendant la campagne électorale.
Ca c'est parce que pendant plusieurs années, on a fait des réformes courageuses, des réformes qui ont permis aux entreprises d'investir, qui ont permis à des chômeurs de se former, à des apprentis, de travailler en alternance à de nouveaux métiers via de nouveaux investissements, de se créer dans notre pays. Ca, c'est la bonne nouvelle.
Il faut à la fois répondre à l'urgence immédiate : comment on répond face à l'inflation galopante, et probablement pour encore cinq ou six mois au moins, pour que les Françaises et les Français, aient une réponse immédiate pour savoir comment ils équilibreront leur budget.
Et c'est se fixer une perspective : dans une société du plein emploi, quelles sont les nouvelles priorités pour la société française ?
La priorité principale, c'est le pouvoir d'achat. Il faut donc que le travail paye mieux. Alors ça passe par un certain nombre d'accords de branche, il faut respecter le dialogue social pour ça.
Les syndicats de salariés et du patronat doivent se retrouver, branche par branche, pour négocier les conditions de travail et les conditions de rémunération.
Il y a eu un événement qui est malheureusement passé sous les radars, c'est qu'ils se sont accordés sur de nouveaux principes du partage de la valeur.
Nous nous étions battus pendant des années, peut être des décennies, au sein du Mouvement Démocrate et au sein de la majorité, pour que se développe la participation des salariés. C'est à dire qu'à chaque fois qu'il y a un bénéfice, tous les salariés en bénéficient, y compris dans les petites entreprises de moins de 50 salariés.
Pour ça, ça exige qu'on simplifie la loi pour que ça ne devienne pas un casse-tête pour les petits patrons de TPE et de PME.
Deuxième enjeu, l'intéressement. Au-delà de la participation aux bénéfices de fin d'année, il puisse y avoir des objectifs qui soient fixés et en fonction de la productivité, en fonction des objectifs qui sont atteints, on puisse service par service et métier par métier, avoir ici un demi mois de plus, là un 13ᵉ mois, là encore un 14ᵉ…
Quand on a bien réussi dans son métier, au fond, qu'on soit payé pour ce qu'on fait, mais qu'on soit payé un peu plus pour son mérite, il y a quelque chose de juste.
Et enfin, on peut travailler sur l'actionnariat salarié. L'actionnariat salarié, ce n'est pas un gros mot parce qu'une entreprise, elle n'appartient pas seulement à ses dirigeants. D'ailleurs, plus elle est grosse, moins elle appartient à ses dirigeants, elle appartient en général à ses actionnaires.
Mais une entreprise, elle appartient à l'ensemble de celles et ceux qui y travaillent, donc leur donner la possibilité d'avoir un complément de rémunération par actions pour qu’eux aussi puissent toucher des dividendes quand il y a des distributions de dividendes. Et pour qu’ils préparent leur retraite parce que c'est aussi de la rémunération pour plus tard.
C'est une façon d'augmenter le pouvoir d'achat tout de suite et peut être de répondre aux inquiétudes sur ce que nous deviendrons une fois que nous serons partis à la retraite.
On n’a jamais vécu dans une situation aussi inquiétante dans la société française, parce qu'il n'y a jamais eu autant d'évolutions qu'au cours de la dernière décennie.
Il y a eu des évolutions par rapport au travail.
Il y a eu des évolutions par rapport aux territoires parce qu'on ne vit pas de la même façon selon qu'on vit dans des métropoles ou dans des campagnes.
Il y a des rapports complètement différents à l'information et aux rapports humains parce qu'on n'a jamais autant communiqué via les réseaux sociaux, mais on ne s’est jamais si peu compris. Au contraire, il y a même une montée de violence au sein de la société.
Mais notre devoir, quand on est une famille politique responsable, ce n'est pas de nourrir et de vouloir se nourrir de ces violences, c'est de continuer à s'accrocher à une vision optimiste de l'avenir et pas un optimisme béat.
Mais en considérant que la société française a jamais eu autant de chance qu'elle en a aujourd'hui parce que personne n'aurait parié sur le plein emploi, nous pouvons l'atteindre.
Personne n'a pu bénéficier d'autant d'investissements, autant de métiers nouveaux, autant de champs nouveaux à investir. Penser la révolution écologique et environnementale dans notre pays, la révolution énergétique, l'électrification de toutes les mobilités.
Ce sont 1000 métiers qui peuvent permettre demain aux Français de regarder l'avenir avec un peu plus d'optimisme qu'ils ne le font aujourd'hui.
Donc on a la responsabilité, la double responsabilité de fixer un cap et de se donner les moyens de l'atteindre.