Patrick Mignola : "Objectiver le débat plutôt que faire de l'exploitation au fil des polémiques."
Patrick Mignola était l'invité de Frédéric Haziza dans le Forum de Radio J, ce dimanche 4 septembre. Revisionnez l'émission !
Dans cet entretien, notre Vice-Président et Porte-Parole a été interrogé sur la guerre en Ukraine, la crise de l’énergie, les enjeux climatiques, ainsi que sur l'inflation record et les incertitudes économiques.
Inflation : "Une conjonction de tensions inflationnistes"
Patrick Mignola explique la forte inflation par la conjonction de deux causes "qui ont créé de la tension inflationniste" : la première, la reprise importante des échanges mondiaux après la pandémie de coronavirus ; la seconde, la guerre en Ukraine "sur la question spécifique de l'énergie".
Si "les Français subissent environ 6% d'inflation", l'ancien Président du Groupe MoDem à l'Assemblée Nationale rappelle les effets des mesures prises par la majorité :
Nous avons protégé les Français de ce point de vue : toutes les décisions qui ont été prises depuis une année ont limité l'augmentation de l'inflation, qui aurait dû être plutôt à 10-12 % aujourd'hui.
Pour autant, il comprend les inquiétudes légitimes de nombreux Français sur les questions de logement et d'énergie. Sur ce sujet justement, Patrick Mignola appelle à travailler en déliant le prix du gaz et le prix de l'électricité à l'échelon européen, mais surtout "à dire la vérité aux Français" : "On ne réussira pas la transition écologique si on ne sait pas faire des efforts et changer notre mode de vie, pour prendre les décisions qui s'imposent en matière de nucléaire, d'éolien et de solaire."
Interrogé sur les salaires, Patrick Mignola considère, avec son expertise de chef d'entreprise, que "le travail n'est pas assez rémunéré". Il souhaite que ce point avance par le dialogue social notamment via "la participation et l'intéressement", conformément au travail initié par le MoDem à l'Assemblée Nationale durant le dernier quinquennat. Ces dispositifs permettent "de prendre moins de risques pour l'entreprise" tout en rémunérant au mieux le mérite des salariés.
CNR : "La véritable intelligence, c'est de travailler avec les autres"
Pour Patrick Mignola, le Conseil National de la Refondation est "une excellente idée" qui permettra à "toutes les forces vives du pays de se retrouver" :
Avoir un lieu où le Gouvernement, les parlementaires, les élus locaux mais aussi les corps intermédiaires peuvent se retrouver et se parler, c'est souvent ce qui nous a manqué depuis cinq ans.
Le CNR est ainsi l'illustration que "le Président a tiré les enseignements du quinquennat précédent" notamment sur les reproches "de n'avoir pas assez discuté, négocié, modifié", changeant de méthode conformément à ses engagements pendant la campagne. "La méthode, le respect des interlocuteurs, ça compte en politique" insiste notre porte-parole.
Selon Patrick Mignola, le deuxième objectif du CNR sera "d'abord de se mettre d'accord sur les constats" et de "définir ensemble les problématiques", ce qui est "indispensable pour "avancer ensemble". Il prend l'exemple des contradictions autour du chômage : "On ne peut pas avoir dans le débat public d'un côté ceux qui disent qu'il y a 3 millions de chômeurs, et de l'autre ceux qui prétendent qu'il y en a 8".
Sur le rôle de François Bayrou, notre Vice-Président explique qu'il a un rôle à jouer en particulier vis-à-vis des oppositions politiques : "François Bayrou peut leur garantir qu'ils ne seront pas instrumentalisés", ne comprenant pas la politique de la chaise vide présentée par les oppositions : "Ce n'est pas parce que vous discutez avec Emmanuel Macron que vous devenez macronistes. La véritable intelligence, c'est de travailler avec les autres."
Retraite : "Inaugurer un nouveau rapport au travail dans notre pays"
Patrick Mignola souligne les difficultés à faire des projections fiables autour des retraites : "C'est un art difficile, qui dépend des contextes et des projections économiques", expliquant les incohérences du Conseil d'Orientation des Retraites "qui explique tous les six mois que les comptes sont déséquilibrés, puis qu'ils sont équilibrés, puis qu'ils sont à nouveau déséquilibrés".
Il propose donc d'aborder la réforme du système des retraites autrement que par le prisme des finances publiques, mais "en partant de deux sujets majeurs" :
- l'emploi des seniors : "Comment est-ce qu'on arrive à inciter les entreprises à les conserver, à montrer aux seniors qu'ils peuvent gagner plus en travaillant un peu plus longtemps ?"
- la pénibilité : "Comment se mettre d'accord sur sa définition, sur comment on la rémunère, sur comment elle permet de partir plus tôt à la retraite ?"
La réforme des retraites doit dans tous les cas se faire avant la fin du quinquennat, non pas par idéologie, mais "pour inaugurer un nouveau rapport au travail dans notre pays" :
Les attentes des Français sont différentes, regardez le télétravail, les démissions pour aller vers des emplois plus enthousiasmants. On fait un raccourci délétère quand on veut parler de réforme de la retraite ou de l'assurance chômage sans parler du rapport au travail.
Patrick Mignola souhaite ainsi que le thème du travail soit abordé en premier, pour pouvoir travailler ensuite sur des sujets comme l'employabilité des seniors et la transmission des compétences en fin de carrière.