Soirée de lancement de France Forum, "Faire face : l'Europe saisie par l'Histoire"

France Forum

Revivez les échanges passionnants de la soirée de lancement de France Forum en lisant notre article compte-rendu !

Jeudi 27 mars était placé sous de bons auspices : après l'inauguration de la place Marielle de Sarnez, à l'angle des rues Severo et Georges Saché dans le XIVe arrondissement de Paris, la soirée était consacrée au lancement du dernier numéro de la revue France Forum, sur l'urgence européenne. Dès 2014, Marielle de Sarnez s'était rendue sur la place Maïdan à Kiev. Plus que jamais, le combat et la vigilance européennes sont nécessaires. Animé par Agnès Louis (maître de conférences en science politique), le débat s'est noué avec finesse entre l'ancien président de la commission des affaires étrangères Jean-Louis Bourlanges, la professeure d'histoire de la civilisation britannique à la Sorbonne Pauline Schnapper et la directrice générale de la fondation Robert Schuman, Pascale Joannin. Tous trois sont auteurs du numéro de France Forum, qu'Agnès Louis a coordonné. Nous n'imaginions pas, lors de son élaboration, à quel point le numéro serait d'actualité.

En ouverture, Marguerite Deprez-Audebert, directrice de la publication, a présenté la valeureuse petite équipe, composée de l'historien Charles Mercier (directeur de la rédaction), d'Olivia Leboyer (rédactrice en chef), de Pierre-André Hervé (secrétaire de rédaction), ainsi que du comité de rédaction. Agnès Louis a rappelé l'origine de la revue, créée en 1957 par Jean Lecanuet, Etienne Borne, Henri Bourbon, pour être une interface entre les mondes académique, intellectuel et politique. Avec pour boussole la liberté et le sens de la responsabilité. L'engagement européen est dans l'ADN de la revue.

La séquence du 28 février entre Donald Trump, J.D. Vance et Vlodymyr Zelensky était d'une grossièreté inouïe. Jean-Louis Bourlanges l'a trouvée hallucinante, en particulier l'attitude agressive de Vance. Il y a vu la concrétisation d'un fait évident : le fossé qui nous sépare des Etats-Unis ne cesse de se creuser. La situation est grave, comme en témoignent les déclarations de Vance dans le compte-rendu d'Atlantic, des plus inquiétantes. L'état de malveillance systématique organisée contre les fondamentaux de notre civilisation est réel : Trump, Xi Jinping et Poutine partagent un système fondé sur l'impérialisme de voisinage, la fascination pour les conquêtes financières, une rhétorique de la domination des masses sur les élites. Pauline Schnapper a souligné à quel point nous sommes saisis de vertige : les mots n'ont plus de sens, les agresseurs se présentent comme les victimes, les amis deviennent les ennemis, Poutine va jusqu'à accuser Zelensky d'être nazi, cette démonétisation des mots a des relents totalitaires. La détestation de l'Union européenne par Trump et Vance est flagrante. Et Poutine semble mener la danse.

 Pour Pascale Joannin, le rôle de J.D. Vance, qui a lancé les hostilités, est très choquant. Après les élections anticipées en Allemagne, le nouveau chancelier Merz dit des choses inattendues. Nous voyons un virage à 180 degrés dans le discours vis-à-vis des Etats-Unis, sur l'emploi de la force, sur la modification de la Constitution. L'Allemagne est devenue instable, désillusionnée par à l'égard des Américains et affectée par la politique énergétique russe. Pauline Schnapper rappelle que Ker Starmer s'était engagé au rapprochement avec les Européens, à la négociation d'un accord de coopération dans ce domaine, indépendamment de toute considération sur Trump. Sur l'Ukraine, il y a une grande continuité au Royaume-Uni depuis février 2022, Johnson ayant été le premier Européen à se rendre à Kiev. Le consensus britannique sur l'Ukraine rend les choses plus aisées pour Starmer aujourd'hui. Contrairement aux questions de politique intérieure. Pauline Schnapper explique qu'au Royaume-Uni, sur la Russie, le réveil a eu lieu avant le nôtre, notamment après les assassinats ou tentatives d'assassinats de dissidents russes, qui ont alerté l'opinion. Pour autant, le parti de Nigel Farage, assez similaire au Rassemblement national chez nous, progresse. Depuis le Brexit, si l'immigration européenne a baissé, l'immigration extra-européenne, et donc l'immigration nette, a augmenté. Et nous déplorons, évidemment, d'avoir perdu la facilité de mobilité des étudiants.

Le Royaume-Uni est en train de perdre son allié américain. Nous nous trouvons de plus en plus dans une configuration euro-Commonwealth, une sorte d'OTAN +, avec les Etats-Unis en moins.

Agnès Louis alerte sur la confusion autour de la menace russe. Vladimir Poutine nous a indéniablement désignés comme ennemis (les deux autres ennemis étant les Américains et les Ukrainiens). C'est assez schmidtien : l'ennemi n'est plus celui que vous choisissez, c'est celui qui vous a choisi comme ennemi. Or, les inquiétudes à l'égard du danger russe demeurent vagues et portent peu. Quel est le vrai sujet ? En quoi consiste la menace russe pour les Européens exactement ? Jean-Louis Bourlanges est frappé de l'attitude irresponsable d'hommes politiques auparavant relativement proches de nous, comme Hervé Morin, Pierre Lellouche, François Fillon ou Charles Millon, qui nient explicitement la menace russe. Le monde occidental est profondément divisé, et c'est une divine surprise pour la Russie. Il nous recommande un article de Gilles Andréani dans Telos sur les caractéristiques psychologiques de Poutine, dont l'agressivité s'emballe. Poutine est dans la surenchère, l'obstination et ses discours sur l'arme nucléaire sont inquiétants. Nous avons affaire à un dictateur, un assassin, qui méprise le droit international et la démocratie.Quelqu'un, en France, devrait avoir l'autorité de dire fermement qu'il faut remettre les pendules à l'heure et se donner les moyens de la sécurité. Ces moyens, encore faut-il les coordonner.

Pascale Joannin souligne que dans les Pays baltes, au-delà de la menace militaire, il y a une menace sur la démocratie qui affecte la vie de tous les jours. Le cas roumain inquiète pour ce qu'il révèle - une manipulation massive - et pour ce qu'il peut produire - une réaction extrémiste radicale.

La commission européenne est souvent la cible de critiques, centrées sur Ursula von der Leyen. Pascale Joannin reconnaît cette mauvaise image, Ursula von der Leyen étant apparue, après la mise à l'écart du Spitzenkandidat Manfred Weber, comme la candidate d'Emmanuel Macron. C'est Ursula von der Leyen qui incarne l'Europe. Et elle a mis une mainmise allemande un peu partout. Pour son deuxième mandat, elle s'est entourée de personnes lui faisant moins d'ombre que pour le premier. Nous devrions choisir notre Donald, et mettre davantage en avant Donald Tusk.

De quoi souffre l'Europe ? Pour Jean-Louis Bourlanges, le principal problème tient à ce que les Etats ne se font pas confiance. Que font-ils alors ? Du droit. C'est la normocratie qui est devenue un problème majeur. Aux questions essentielles sur l'Union : Qui ? (La question des frontières), Quoi ? (Que font les Etats ensemble et séparément ?), Comment ? (Quel bon système procédural), les réponses n'ont pas été clairement apportées. L'Union est une Union fédérale d'Etats souverains, c'est très précis : ce sont des compétences d'attribution, et non un système à la Lincoln. Mais la commission est devenue le champ clos pour les intérêts nationaux. Dans l'Union, plusieurs incertitudes subsistent : Meloni semble partagée, pro-Ukraine quand les Américains l'étaient, mais maintenant ? Et que fera l'Allemagne ? Les puissances méditerranéennes, comme l'Espagne et le Portugal, sont prudentes sur le réarmement.

Nous entrons dans des temps sombres et incertains. Mais rien n'est joué et seul le courage de résister peut donner à l'Union un élan. L'inauguration de la place Marielle de Sarnez symbolise à merveille cette attitude : un combat constant, sans relâche, sans craindre les plus forts, les plus puissants. Pour préserver notre petite place, discrète et lumineuse.

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