Cyrille Isaac-Sibille : "Réaliser des auto-tests tous les 3 jours permet de contrôler l'épidémie et de limiter le taux de reproduction du virus de près de 80 %"

Plusieurs pays d’Europe, l’Allemagne, l’Angleterre, la Suisse ou encore l’Autriche proposent à leurs concitoyens de réaliser des tests par eux-mêmes. Vous avez interpellé le ministre de la santé, Monsieur Olivier Véran sur ce sujet. Pensez-vous qu’une politique de prévention autour des tests salivaires soit la stratégie adaptée en France ? 

Il existe 2 types de prévention santé : 

• La première est de type individuel. Elle permet de diagnostiquer les personnes susceptibles d’être affectées par le virus : le test PCR, très sensible, permet d’affirmer le diagnostic. 

• La deuxième est une approche « populationnelle ». Elle permet de savoir quelles sont les personnes qui, même asymptomatiques, sont contagieuses et qui peuvent diffuser le virus. Les auto-tests, certes moins sensibles, permettent cependant de savoir si vous avez une charge virale importante et donc si votre contagiosité est forte.   

Vous êtes un ardent défenseur de la stratégie de dépistage massif et nous avons appris par le secrétaire d’État Adrien Taquet qu’un travail était en cours entre la Haute autorité de Santé et l’Agence nationale de sécurité du médicament sur la mise à disposition des tests salivaires pour tous. Quels en seraient les effets positifs immédiats ?

Les auto-tests se pratiquent par voie nasale sans pénétration profonde de l’écouvillon. Le résultat est donné en 30 minutes. Diffusés de manière massive, par une distribution large (pharmacies, employeurs, grandes surfaces), ciblés vers les départements les plus impactés et les populations les plus fragiles, réalisés selon un rythme bihebdomadaire, ils permettraient de stopper la diffusion du virus si les personnes détectées et contrôlées par un test PCR, sont isolées.

Les tests salivaires sont quant à eux des tests PCR dont les résultats sont donnés avec un délai de 24 heures, délai durant lequel le virus se diffuse et vous pouvez continuer à contaminer vos proches. 

Une stratégie , basée sur les auto-tests, avec auto-isolement des cas positifs, permet de contrôler l’épidémie en réduisant le taux de reproduction du virus de 80% si les tests sont réalisés tous les 3 jours !

Aurions-nous pu éviter de nouvelles restrictions sanitaires si nous avions mis en place ces auto-tests suffisamment en amont ?

Les éviter ? Non. Les limiter, oui. De plus, les auto-tests présentent l’avantage de contrôler la sortie de crise et de surveiller toute reprise de circulation du virus. Ils peuvent également être utiles à l’élaboration d’un «pass sanitaire ». Les dispositifs d’autotests, proposés à l’école ou par les entreprises, peuvent être couplés à des systèmes de reconnaissance du résultat du test par les téléphones portables. Une intégration du résultat des tests à un passeport serait intégrée à l’application Tous Anti-Covid, pourrait, par exemple, faciliter la réouverture de certains lieux publics et représenterait donc un bénéfice secondaire de l’utilisation de ces tests.

Vous avez eu l’occasion d’assister à une pratique de tests salivaires dans votre circonscription de Lyon. Que pouvez-vous nous dire sur le procédé (organisation, consentement des parents et les élèves) ?

Ils demandent une organisation importante de la part de l’équipe enseignante. Les auto-tests, réalisés par les parents, 2 fois par semaine si nécessaire, simplifieraient le processus et surtout permettraient de retirer immédiatement les enfants porteurs du virus.