"Regardons vers l’avenir, préservons notre jeunesse"
Nathalie Avy-Elimas est députée de la 6e circonscription du Val-d’Oise, Vice-Présidente du groupe Mouvement Démocrate et apparentés à l'Assemblée nationale, rapporteur de la mission d’information sur l’adaptation de la politique familiale française aux défis de la société du XXIe siècle. Retrouvez sa tribune parue dans l'ouvrage La loi juste.
"Un peuple qui mise sur la jeunesse est un peuple qui regarde vers l’avenir. Tout, dans les sujets majeurs de notre pays, renvoie à nos enfants et à l’idée que nous nous faisons de la transmission. L’enjeu environnemental, bien sûr, mais aussi la bonne gestion des finances publiques, la lutte contre les inégalités de destin ou encore – son corollaire – la reconstruction d’une école de la confiance.
C’est parce que j’en suis convaincue que je me suis tant attachée, en tant que porte-parole du groupe sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale, à défendre une politique familiale ambitieuse. Notre pays se targue depuis plusieurs années d’une démographie plus dynamique que celle de nos voisins européens. Ce succès n’est pas un acquis. En 2018, pour la quatrième année consécutive, la France a connu une baisse de sa natalité, qui n’avait jamais atteint. un tel niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Lors des deux précédentes mandatures, des coups brutaux ont été portés à notre politique familiale et à ce qui fait sa force : l’universalité des allocations familiales. Il est nécessaire d’inverser cette tendance.
Il est grand temps d’assumer de nouveau une véritable politique nataliste.
Revenir à l’universalité réelle des allocations familiales et instaurer une allocation significative dès le premier enfant en sont, par exemple, des prérequis essentiels. Tout comme les mesures en faveur de l’égalité entre les hommes et les femmes dans le cadre familial, à l’instar de l’allongement du congé paternité ou de l’évolution des modes d’accueil de la petite enfance.
Miser sur la jeunesse, c’est aussi savoir la protéger.
Il n’y a pire injustice que celle qui touche un enfant. Nous avons adopté une loi visant à lutter contre les violences sexuelles et sexistes sans parvenir à instaurer un seuil d’âge en deçà duquel l’absence de consentement d’un enfant violé ou agressé sexuellement serait présumé. Je ne m’y résous pas. L’asymétrie évidente qui existe entre un adulte et un enfant – a fortiori de moins de treize ans – doit conduire à ce que, à terme, la charge de la preuve soit renversée et que plus jamais le consentement d’un enfant ne soit questionné. Ce travail de conviction doit donc être poursuivi.
De force de conviction, il m’en a fallu pour faire adopter une loi visant à renforcer la prise en charge des cancers pédiatriques, première cause de décès par maladie chez l’enfant. Beaucoup reste à faire pour encourager la recherche et accompagner les patients et leurs familles. Promulgué le 8 mars 2019, ce texte s’inscrit dans un corpus qui vise à accorder aux enfants une attention et une protection singulières.
Ce combat ne sera jamais terminé. Il demande, par exemple, que nous portions une attention renforcée aux jeunes aidants. Tout n’est d’ailleurs pas qu’affaire de loi. Ces enfants, qui viennent en aide à un parent ou à un proche malade, handicapé ou dépendant, ont d’abord besoin de reconnaissance. Reconnaissance de leur existence, de leur rôle et des difficultés induites par ce rôle. Je me battrai pour qu’enfin nous y parvenions.
Se battre, convaincre, défendre, travailler sans relâche : quelques verbes qui sont notre quotidien de parlementaire. Mais tout ceci n’a de sens que parce que nous sommes animés de convictions qui nous dépassent, notamment celle que l’avenir de notre pays, demain, dépend du sort que nous nous réservons à nos enfants aujourd’hui."