"Au Mouvement Démocrate : nous formons une large addition de femmes et d’hommes engagés et enracinés sur le terrain."
Auguste Ott a été élu président des Jeunes Démocrates. Très engagé sur les questions d'Europe, de démocratie et de territoires, il nous présente dans cette interview les grands axes pour ce mandat qui s'ouvre.
Mouvement Démocrate : Vous avez été élu Président des Jeunes Démocrates, quels sont les axes que vous souhaitez suivre avec les JDems durant votre mandature ?
Auguste Ott : Le projet que je porte avec le nouveau bureau national affiche une volonté forte de renforcer l’implantation territoriale des Jeunes Démocrates. Ainsi notre feuille de route pour les deux années qui s’ouvrent intègre bon nombre de propositions qui visent à assurer un maillage toujours plus solide de l’organisation des Jeunes Démocrates sur tout le territoire national, ainsi qu’à renforcer et mettre en valeur l’implantation sur le terrain de nos militants.
D’ailleurs les raisons qui ont amené à conduire ce renouveau interne et à être aujourd’hui le nouveau président des Jeunes Démocrates tiennent pour bonne part à ce que je suis : un militant de terrain.
Ma présidence et le mandat du nouveau bureau national s’achèvera avec la séquence présidentielle suivie des élections législatives en passant par les élections territoriales. Nous tenons à agir en cohérence avec ce calendrier et peser de toute notre énergie dans les combats que mènera notre mouvement.
L’issue des municipales cette année aura permis de faire émerger de nouveaux visages d’élus locaux chez les Jeunes Démocrates dans toutes les régions de France. Un de nos objectifs prioritaires est que nous capitalisions sur cette richesse interne peu commune pour un mouvement de jeunesse comme le nôtre, afin de pouvoir nous projeter avec force vers l’avenir.
Vous êtes alsacien et très attaché aux territoires, pensez-vous que les prochaines échéances électorales sont une opportunité d’offrir une meilleure représentativité de la jeunesse à l’échelon local ?
Les territoires, la province et la ruralité : ce sont bien plus que des mots pour moi, je connais les réalités qui se cachent derrière car c’est de là que je viens ! J’ai grandi et je vis toujours en Alsace, territoire authentique s’il en est, dans un village niché au cœur du vignoble. Comme tout alsacien qui se respecte je suis passionné par ma région et suis convaincu que la diversité des identités territoriales de notre pays fait son charme, sa singularité et surtout sa force.
Cet attachement transpire nécessairement dans mon engagement public à travers lequel j’ai toujours porté un fort intérêt aux collectivités territoriales et à l’action des élus locaux. Ce sera naturellement au cœur de mon travail de président des Jeunes Démocrates car je suis convaincu que les futures élections départementales et régionales seront des opportunités pour que la jeunesse de notre mouvement gagne en visibilité.
Construire un parcours en politique commence dans la plupart des cas par le local. Donc en définitive, assurer une place aux jeunes dans nos communes, nos départements et nos régions revient à préparer la future génération de femmes et d’hommes politiques du pays. Les Jeunes Démocrates ne manquent pas de profils compétents et enthousiastes à propulser et nous travaillerons en bonne intelligence avec les instances du mouvement pour permettre leur épanouissement.
Quel a été votre cheminement politique, les raisons de votre engagement ? Vous nous confiez « être tombé dans la marmite tout petit », mais avoir laissé mûrir ce choix. Quel a été le moment décisif pour vous engager ?
Il est vrai que j’ai grandi et que j’ai construit ma conscience politique dans une famille qui a été convaincue dès 2007 par la « troisième voie » qu’a dessinée François Bayrou et qui s’est engagée dans les rangs du Mouvement Démocrate dès 2008. Ainsi j’ai suivi l’évolution du parti et j’ai bien souvent participé localement aux campagnes menées. D’abord discrète, mon implication s’est graduellement accentuée jusqu’en 2017 où j’ai activement milité lors de la campagne des législatives dans le Haut-Rhin. Passée cette séquence électorale, il m’a semblé cohérent et logique de franchir le cap de l’adhésion. J’avais alors pris le temps nécessaire pour faire mûrir ce choix et ainsi être certain qu’il m’appartenait et non que je l’effectuais par mimétisme.
En adhérant, j’ai découvert la vie interne du Mouvement Démocrate à échelle nationale et j’y ai pris goût très vite. J’ai pu constater que le Mouvement Démocrate n’était ni un parti d’apparatchiks ni un parti de parachutés. Au contraire, nous formons une large addition de femmes et d’hommes engagés et enracinés sur le terrain. Conformément à cette philosophie d’action, j’ai moi-même construit mon engagement de militant en partant du terrain et c’est certainement la raison essentielle pour laquelle je me sens à ma place parmi nous.
Au sein des Jeunes Démocrates j’ai trouvé un réseau national plein de compétences et de savoir-faire offrant à la jeunesse militante de notre parti l’opportunité de s'exprimer et de se former avec sérieux. Ayant été un nouvel arrivant il y a encore peu temps, je peux témoigner de la qualité de l’accueil et de l’encadrement qu’offre notre mouvement. Souhaitant rendre un peu de ce que j’ai reçu, je travaillerai largement à préserver et à perfectionner cette capacité que nous avons à offrir un cadre attractif pour tous les Jeunes Démocrates !
La crise du Covid-19 rend l’exercice politique complexe, mais y voyez-vous l’opportunité de faire de la politique autrement ?
Je crois qu’elle a été avant tout un accélérateur pour généraliser l’usage d’un certain nombre de technologies préexistantes et pour en développer de nouvelles. Il y a encore un an, imaginer des réunions politiques à plusieurs dizaines de personnes par visioconférence était purement et simplement inimaginable. Aujourd’hui c’est devenu notre quotidien de militant politique comme ça l’est pour les plus grandes institutions, pour le monde de l’entreprise ou les réunions de familles.
Cette digitalisation a du bon et nous permet de mettre en question nos modes d’organisation. Le Mouvement Démocrate a d’ailleurs été à l’initiative en la matière et continue d’innover pour allier prudence sanitaire et poursuite de la vie interne. Avec la réalisation à distance de notre université de rentrée ainsi que le congrès et le renouvellement des instances fédérales à venir, nous pouvons être satisfaits de notre capacité propre à relever les défis.
Au sein des Jeunes Démocrates, ayant rapidement saisi qu’il est possible de travailler quotidiennement et efficacement à distance, nous avons choisi d’associer un nombre encore plus large de « provinciaux » à la nouvelle gouvernance nationale. Moi-même je suis aujourd’hui le premier président du mouvement à exercer son mandat tout en ne vivant pas à Paris. Je ne suis pas sûr que nos habitudes de travail antérieures au confinement nous auraient laissé imaginer que cela est réalisable.
Néanmoins il ne faut pas nier que des pans entiers de l’action politique sont entravés voire paralysés par la distanciation sociale qu’impose l’épidémie et personne ne peut se satisfaire de cette situation. Le rapport Debré qui vient de recommander de reporter à fin juin 2021 les élections régionales et départementales démontre que la distanciation sociale tend à creuser une distanciation politique entre les citoyens et leurs représentants. Là encore des pistes de solutions existent pour maintenir notre vie démocratique à flot dans le respect des mesures sanitaires. Entre autres le vote par correspondance que le groupe Modem défend à l’Assemblée par la voix de Jean-Noël Barrot. Là encore, je me félicite de voir que notre mouvement s’illustre par sa capacité à avancer des solutions avec pragmatisme et pertinence.
Quel message envoyer à la jeunesse qui est durement touchée par la crise socialement et économiquement ?
Avoir vingt ans en 2020, cela signifie ne pas pouvoir voyager en France, en Europe et à travers le monde, ne pas pouvoir faire le plein de rencontres et de découvertes, ne pas pouvoir étudier dans des conditions sereines et optimales, ne pas réussir à trouver sa place dans le monde du travail et tant d’autres choses qui sont inhérentes à la jeunesse.
Pire que cela, c’est notre génération qui a été la première montrée du doigt à l’approche de la seconde vague épidémique, alors que dans son immense majorité, elle se montre responsable et respectueuse des prescriptions.
Enfin, non-contente de bouleverser le présent, cette crise sanitaire brouille toutes les perspectives d’avenir. C’est la première fois depuis longtemps qu’il est aussi laborieux de se projeter dans le futur alors qu’il devrait nous appartenir.
Alors oui, la jeunesse est durement touchée par la crise à tout point de vue. Mais c’est sans nul doute par cette même jeunesse que viendra la résilience attendue. Pour reprendre les mots du Général De Gaulle dont on commémorait il y a peu les cinquante ans de la disparition : « Face à l'événement, c'est à soi-même que recourt l'homme de caractère. »
Et bien face à cette crise, soyons collectivement une génération de caractère ! Capable de trouver en elle-même la force pour résister à l’épreuve mais surtout l’énergie et l’esprit d’initiative pour construire le monde d’après. Tout particulièrement en France, où notre système éducatif et la diffusion de l’information font de nous une mosaïque de jeunes femmes et de jeunes hommes capables de comprendre le monde qui nous entoure et d’en saisir les enjeux. Il ne reste qu’un seul mot d’ordre à se donner : « agir » !