"La décentralisation ne peut pas être un mouvement perpétuel dans un pays autant attaché au pouvoir régalien qu'aux libertés locales."
Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, répond aux inquiétudes des maires de France et rassure quant au rôle de l'État auprès de ses territoires face à la crise de la Covid-19, dans une interview au Figaro. Extraits.
Le Figaro : Jean Castex loue le rôle des collectivités locales dans la crise mais si elles reconnaissent une nouvelle tonalité, elles attendent toujours les preuves de cette considération, comme le montre le message adressé au gouvernement, lundi, par six associations d'élus. Le dialogue entre l'État et les collectivités est-il en crise?
Jacqueline Gourault : Non. Le Premier ministre connaît les rouages des collectivités territoriales jusque dans le moindre détail. Il mise sur le dialogue, aime parler avec les élus locaux et mouille personnellement la chemise. Mon travail, associé au sien, est qu'État et collectivités locales œuvrent de manière complémentaire et resserrée à la gestion de la crise.
Ces élus ne vous reprochent pas l'intensité du dialogue mais un manque de clarté. Certains ont le sentiment que vous prenez le risque de créer de nouvelles crises sous prétexte de régler celle du Covid…
La crise sanitaire que nous vivons est totalement nouvelle et imprévisible. Admettons aussi que dans ce contexte inédit, tout ne peut pas être organisé comme dans un jardin à la française! Nous nous adaptons chaque jour à la réalité, compte tenu des informations dont nous disposons, et associons quotidiennement les associations d'élus à la gestion de la crise. Dès cette semaine par exemple, nous lançons un protocole pour accompagner les collectivités territoriales dans l'utilisation des tests antigéniques. Ce protocole est symbolique de notre volonté de renforcer la coopération de l'État et des collectivités dans la lutte contre la COVID. Nous allons coordonner plus encore nos actions pour éviter toute nouvelle vague épidémique.
Les incertitudes du pouvoir ne sont-elles pas anxiogènes?
Aux incertitudes inhérentes à la pandémie, nous répondons par un cap clair : sauver le plus de vies humaines en faisant en sorte que l'économie ne sombre pas.
Pourtant, certains maires, qui ont choisi de signer des arrêtés pour laisser les commerces ouverts, pensent que votre politique condamne l'économie locale…
Plus les commerces sont ouverts, plus les gens et le virus circulent: c'est une loi statistique! Saper l'autorité de décisions publiques par des arrêtés illégaux sans vouloir en assumer les conséquences ne peut se plaider d'aucune manière. L'immense majorité des maires ont agi en responsabilité avec le gouvernement, qui a mis en œuvre des dispositifs d'accompagnement très importants pour permettre à ces commerces de traverser la crise, sans parler des dispositifs de chômage partiel et de suppressions de charges.
Quand Bruno Le Maire juge ces élus «irresponsables», partagez-vous son vocabulaire?
Ces arrêtés n'étaient pas responsables. Je note d'ailleurs qu'ils sont le fait d'une infime minorité de maires.
Le désaccord observé entre Bruno Le Maire et Jean Castex sur la réouverture des commerces n'a-t-il pas été un facteur de confusion?
Un ministre défend son secteur et fait valoir ses propositions. Le chef du Gouvernement tranche.
Retrouvez l'interview complète de Jacqueline Gourault dans Le Figaro