Carnet d'Ukraine : Nouvel An 2024 et le début de janvier
Nataliia Pylypenko, réfugiée ukrainienne, a trouvé l'asile à Paris avec ses deux petits enfants grâce à une très généreuse famille française. Depuis leur arrivée en France, le 15 mars 2022, Nataliia, professeur de langues étrangères, écrit tous les jours sur les évènements tragiques qui se déroulent dans son pays où son mari est resté.
Le nouvel an, tout le monde le célèbre avec joie, réalise des projets pour l’année, des plans pour les vacances, et prend des nouvelles résolutions. Et nous, les Ukrainiens, on survit, sans futur, sans plans, sans projets, car les Russes avec leur « libération pour la paix » ont volé notre futur, ont broyé nos ambitions et volontés nouvelles.
Mais, vous savez, malgré la roulette russe, on se réunit souvent car on apprécie plus chaque moment de la vie : le réveil et le coucher du soleil, le chant des oiseaux le matin, la neige et la pluie, le pain sur la table, le vêtement chaud, le thé ou le café tranquille et le plus important c’est la famille, les parents et les enfants, les voisins de ton appartement. Les Ukrainiens deviennent très souvent plus proches avec les inconnus.
Les Ukrainiens sont déjà habitués aux sirènes de jour et de nuit, aux alertes, aux messages d’État sur Telegram qui préviennent des missiles balistiques qui sont lancés par les Russes. Ces individus vivent leur temps, car ils ont confiance en nos Forces antiaériennes : ce sont de vrais héros de notre époque ! Ils sont toujours en surveillance dans le ciel mais on ne sait jamais où les débris vont tomber, et ça provoque parfois la peur donc on cherche l’abri en gardant la règle de deux murs dans l’appartement et on chuchote des prières. Et après la fin d’alerte aérienne on remercie Dieu et ZSU, on suit les actualités en retenant notre souffle, on voit les bâtiments, les appartements, les écoles, les hôtels ruinés, les vies brisées, les gens morts ou blessés. On lit dans quelles régions de l’Ukraine il y a le plus de dégâts et la haine pour les orks grandit au fur et à mesure des cadavres, tant leur innocence nous provoque de la douleur.
L’avant-veille de nouvel an, le 29 décembre, les Russes ont réalisé une attaque massive sur toute l’Ukraine. Cette nuit-là, les envahisseurs russes ont attaqué avec des drones kamikazes et des missiles de différents types. L'ennemi a utilisé environ 160 fois l’attaque aérienne, plusieurs régions ont été touchées : des explosions à Kyïv, Odessa, Dnipro, Kharkiv, Lviv, Zaporizhzhia.
Le maire de la ville, Vitaliy Klitschko, a annoncé qu'un entrepôt était en feu dans l’arrondissement de Podil (centre-ville). On a souligné que des débris sont également tombés dans l’arrondissement Sviatoshyn. Selon des informations préliminaires, un incendie se serait déclaré dans un immeuble résidentiel à plusieurs étages.
Le bâtiment de la station de métro Lukyanivska a également été endommagé par l'explosion. La gare fonctionne comme un refuge. Les trains passent devant la gare sans s'arrêter.
On a appris qu’il y avait environ 30 victimes à Kyïv. Vers 17 heures, on s’est aperçu que les corps de trois autres victimes avaient été retrouvés dans les décombres d'un entrepôt de l’arrondissement Shevchenkivskyi. Le nombre de morts dans la capitale s'élève à 9 personnes.
Le chef de Kharkiv, Oleg Sinegubov, a déclaré dans la matinée que les occupants avaient mené une vingtaine de frappes sur la ville.
Et en moins d'une heure, on a vu les bombardements répétés de Kharkiv. À la suite de ces derniers, 3 personnes sont mortes, 13 ont été blessées et 11 d'entre elles ont été hospitalisées. Des dommages ont été enregistrés sur les infrastructures civiles de la ville : un établissement médical, des entrepôts et des entreprises civiles.
Oleg Kiper, le maire d'Odessa, a déclaré vers minuit qu'un immeuble de grande hauteur à Odessa avait été endommagé par les débris d'un drone abattu. Un incendie s'est déclaré.
À la suite du bombardement d'Odessa, 4 personnes sont mortes et 22 ont été blessées.
Le chef de Lviv, Maksym Kozytskyi, a rapporté qu'un immeuble résidentiel à Lviv avait été touché. Malheureusement, il y a des victimes. Un incendie a éclaté dans l'un des lycées de la ville, probablement dû à la chute de débris de roquettes. À la suite du bombardement de Lviv, une personne est morte et 30 personnes ont été blessées, dont 2 enfants. 16 personnes ont été hospitalisées.
Une série d'explosions a éclaté dans la ville Dnipro, et plus tard l'un des centres commerciaux a pris feu. On constate 6 morts et 30 blessés.
Le chef de Zaporizhzhia, Iouri Malashko, a déclaré que la Russie avait lancé une attaque massive de missiles sur Zaporizhzhia. Les territoires de plusieurs entreprises de la ville sont devenus la cible de l'ennemi. L'une des roquettes a touché une zone dégagée, une autre a détruit une maison privée. Des immeubles de grande hauteur dans l'un des quartiers du centre régional ont été endommagés par l'onde de choc et les débris. Malheureusement, 8 morts et 12 blessés sont actuellement connus.
Gagner sur le champ de bataille est une tâche difficile, même pour une armée bien entraînée et bien équipée. Mais pour les envahisseurs, il s’avère, une fois encore, plus facile de combattre la population civile.
54 civils ukrainiens ont été tués à la suite d'une attaque massive de missiles lancée par la Fédération de Russie le 29 décembre dernier.
Bilan humain de ces attaques :
Kyïv : 33 morts, 32 blessés. L'attaque contre la capitale le 29 décembre a été la plus importante en termes de nombre de victimes parmi les civils ;
Zaporizhzhia : 9 morts, 13 blessés ;
Kharkiv : 3 morts, 12 blessés ;
Dnipro : 6 morts, plus de 30 blessés ;
Lviv : 1 mort, 30 blessés ;
Odessa : 4 morts, 24 blessés ;
Kherson : 5 victimes ;
Smila : 9 victimes.
Et le 1er janvier 2024, les forces de défense aérienne ont détruit pendant la nuit 87 drones d'attaque sur 122.
Pendant la nuit du 1er janvier, le pays agresseur a frappé Odessa avec des drones kamikazes. Les Russes ont tué un écolier de 15 ans dans son propre appartement. L'armée de l'air a précisé que l'ennemi avait utilisé un nombre record de drones.
La nuit suivante du 2 janvier, 10 missiles Kinzhal, 59 missiles de croisière, 3 missiles Kalibr et 35 drones d'attaque ont été détruits dans le ciel de l'Ukraine, à Zaluzhnyi.
Le 2 janvier, la Russie a massivement attaqué Kyïv avec des missiles. Les pannes de courant ont commencé dans la capitale. En outre, les mêmes problèmes ont été enregistrés dans la région de Kyïv. À la suite de l'attaque, il y a eu des blessés, parmi lesquels un enfant. Des infrastructures civiles et des bâtiments résidentiels ont été endommagés dans les arrondissements Solomyansky, Holosiivskyi, Shevchenkivskyi, Podilskyi, Desnyanskyi, Darnytskyi, Obolonskyi, Pecherskyi de la capitale.
« L'Ukraine a repoussé la plus grande attaque combinée au monde à l'aide d'armes hypersoniques », selon Taras Chmut, directeur de la Fondation Come Back Alive. « Aucun pays au monde n'a jamais combattu avec de telles armes. Aucun pays au monde n'a repoussé de telles attaques », a-t-il déclaré.
La Russie a dépensé environ 620 millions de dollars pour bombarder l'Ukraine le 2 janvier. Selon Forbes, le 29 décembre, l'attaque a coûté 1,27 milliard de dollars.
Le 2 janvier à Kyïv, le temps était plutôt froid et, le matin, les habitants ont été contraints de fuir du mieux qu'ils pouvaient le bâtiment en feu.
De cette manière, les occupants russes augmentent encore les souffrances de la population, terrorisant la population civile, surtout en hiver.
Malheureusement, l'attaque fait des victimes parmi les habitants de l'immeuble. Une femme âgée est décédée des suites de ses blessures alors qu'elle était transportée à l'hôpital. Les secouristes ont également débloqué le corps de la deuxième victime. En outre, 49 personnes ont été blessées, toutes hospitalisées et recevant une assistance médicale. Les sauveteurs ont également débloqué et secouru plus de 100 habitants de ce bâtiment de l’arrondissement Solomyanskiy.
Le maire de Kyïv, Vitaliy Klitschko, a annoncé que 54 personnes avaient été blessées et 3 personnes avaient été tuées à Kyïv à la suite de l'attaque à la roquette. Environ 250 000 citoyens se sont retrouvés sans électricité, laquelle a été rétablie dans tous les quartiers dès 14h30. Lyudmila Vasylivna Shevtsova, docteur en sciences biologiques, professeur au Département d'écologie de l'Université nationale « Académie de Kyîv-Mohyla », est décédée à cause du bombardement.
Dans la nuit du 1er au 2 janvier, mes enfants et moi avons été à Kyiv (nous sommes partis en Ukraine pour être en famille pour le nouvel an) et c’est dans notre arrondissement Solomianskiy que cette maison, non loin de chez nous, a été bombardée ! J'ai réussi à réveiller ma famille à 5h30 du matin et nous placer par terre dans le corridor de notre immeuble résidentiel. On gardait la règle de deux murs (éviter les fenêtres), mais on n’oubliera jamais les bruits de la sirène d’alerte, et le froid intérieur qui paralyse ton corps. Et le pire, c'est lire et voir les conséquences (plus de 350 appartements ruinés, les gens morts et blessés qui ont tout perdu et surtout en hiver) de ces attaques massives russes.
Et une seule question : pourquoi ?
Et la seule réponse : nous sommes Ukrainiens !
Le même jour, le matin du 2 janvier, le maire de Kharkiv, Ihor Terekhov, a signalé qu'il y avait plusieurs vols vers des immeubles résidentiels. À la suite de l'attaque terroriste, 3 personnes sont mortes et 61 personnes ont été blessées. Le 4 janvier, l'artiste émérite d'Ukraine Viktoria Mykolaivna Timochenko, âgée de 84 ans, est décédée à l'hôpital des suites de blessures causées par une attaque de missile russe sur Kharkiv.
Mark, 6 ans, a fêté le nouvel an à une table de fête dans son Kharkiv natal, en écoutant le discours du président. Et il a déjà passé la matinée du 2 janvier dans la salle de bains au son des frappes aériennes. Lors de l’attaque massive de missiles, le garçon a été sauvé par la règle des deux murs.
"Nous avons eu de la chance seulement parce que quand j'ai entendu la première explosion, j'ai jeté le petit du lit dans la salle de bains... Il y a eu une explosion, l'enfant s'est mis à crier, je l'ai couvert moi-même et éclairé avec mon téléphone. J'ai vu qu'il saignait, j'ai demandé au petit si tout allait bien, il allait bien. Je lui ai demandé de s'allonger jusqu'à l'arrivée des services d'urgence..." se souvient la mère de Mark, Nataliia Popova.
« J'ai recouvert mon fils de plusieurs draps, il n'était donc recouvert que de verre, et grâce aux secours, nous avons pu le sortir de la salle de bains sans même le couper. Quant à moi, j'ai des côtes cassées, des bleus sur mon corps, une contusion sur ma jambe, de nombreuses coupures..." confie Nataliia.
Le 7 janvier l'armée russe a lancé une attaque massive contre l’arrondissement Pokrovsky. On sait que 11 victimes, dont 5 enfants, ont été tuées, informe Donetsk. 8 personnes ont été blessées. Il s’agit de l’attaque la plus sanglante perpétrée contre des civils par la Russie en 2024.
Dans un message vidéo, le président Zelensky a exprimé ses condoléances aux familles des victimes.
"Roquettes S-300. Les forces de secours nécessaires et les équipements du Service national d'urgence de l'Ukraine sont impliqués. Les débris sont en cours de démantèlement. À l'heure actuelle, plus de 10 personnes sont mortes, parmi lesquelles il y a malheureusement des enfants. Mes condoléances à tous ceux qui ont perdu des proches et des amis", a déclaré le chef de l'État.
Pendant la soirée du 10 janvier, la Russie a bombardé un hôtel à Kharkiv. Au moment de l'attaque, plus de 30 civils se trouvaient dans l'hôtel, dont 13 auraient été blessés, ont rapporté les services d'urgence de l'État. Parmi les blessés il y a un citoyen turc et un citoyen géorgien qui travaillent pour les médias turcs, a rapporté le bureau du procureur régional de Kharkiv.
En conclusion je voudrais citer le poème d’une écrivaine Ukrainienne moderne :
Kateryna Fleckman
Vous vous réveillez le matin.
Vous nourrissez le chat.
Et le voisin lance une soixantaine de roquettes...
Vous lisez les nouvelles.
Vous nettoyez le lit.
Ce matin, c'est votre billet de loterie.
Mais les dieux ailés travaillent dans le ciel.
Les pluies meurtrières de missiles s’arrêtent.
Et quand quelque part de longues alarmes chantent
Nos dieux tiennent des boucliers et des épées !
Vous vous réveillez le matin.
Vous nourrissez le chat.
Et le voisin lance une soixantaine de roquettes...
Et vous remerciez ceux qui ce matin
Pas au lit et vous donnent un billet de loterie.
Je voudrais enfin remercier les sapeurs-pompiers, les défenseurs, les ZSU, qui sont nos dieux, qui gardent le ciel et qui nous sauvent les premiers ! Grâce à eux nous pouvons encore apprécier le matin avec le chant des oiseaux, grâce à eux nous pouvons « célébrer » les fêtes en familles, grâce à eux on peut vivre !
Ici je donne les photos des sauveurs, regardez-les, leurs émotions, grâce à eux les gens retrouvent leurs proches, grâce à eux… On peut continuer d’espérer. Ce que font actuellement les sauveteurs de la Direction principale du Service d'urgence de l'État d’Ukraine, est héroïque. On a vu comment les sauveteurs triaient les débris dans l'espoir de sauver les habitants de Kyïv.
Ils font tout rapidement. En coordination. Sous des nuages de fumée.
Plus tard, ces photos et les résultats de l'analyse des débris apparaissent. 53 personnes ont été secourues aujourd'hui. Et je tiens à les remercier, les employés du Service d'urgence de l'État, pour leur travail. Et pour leurs cœurs si grands. Vos cœurs courageux, qui seront les premiers à sauver les Ukrainiens des décombres dans lesquels chacun de nous peut se retrouver dans cette roulette russe.
Merci infiniment. Nous voyons. Nous entendons. Votre travail est inestimable.
Notre force, ce sont les gens. Ne l'oublions pas. Prenons soin les uns des autres. Nous ne pouvons pas être vaincus lorsque nous sommes ensemble. Et nous ne pouvons pas être vaincus lorsque nos valeurs sont communes.
Gloire à l’Ukraine ! Gloire aux Héros !