Frédéric Petit : "C'est bien la patrie de nos patries qui est en danger"
Frédéric Petit, député des Français établis en Allemagne-Europe centrale et Balkans, est intervenu lors des questions au gouvernement sur la guerre en Ukraine et les conséquences pour la France et la défense de nos valeurs.
Merci Madame la Présidente.
Monsieur le Ministre des Armées.
Les Ukrainiens souffrent, "za nasza i wasza" comme on dit dans la région pour leur liberté et pour la nôtre.
Je le disais ici le 24 février 22 au matin de la guerre d'Ukraine, c'est la confrontation de deux modèles entre Atlantique et Méditerranée, entre Baltique et mer Noire, sur ces terres européennes qui nous ont vu nous déchirer pendant des siècles de guerres, de migrations déjà en tous sens de choc culturel et religieux.
Lequel de ces deux modèles est en mesure de faire l'unité ? L'impérialisme ? L'autocratie simpliste ? La loi du plus fort ? Non.
Pour nous, démocrates européens, c'est unis dans la diversité et même unis dans nos différences et nos divergences, que nous pourrons affronter le XXIᵉ siècle.
Pour nous, démocrates européens, les relations économiques, ce sont les fonds de convergences et de solidarité, pas le chantage au gaz.
Pour nous, la diversité des langues est aussi indispensable à l'humanisme et à la démocratie que la biodiversité à la planète.
Pour nous, la mobilité c'est Erasmus, pas le nettoyage ethnique en Crimée, dans le Donbass.
Pour nous, démocrates européens, la démocratie exige qu'on la défende lorsqu'elle est agressée.
Et l'Ukraine fait partie de la famille des démocraties européennes. Aujourd'hui, la situation militaire semble stable et la fatigue supposée des Ukrainiens n'est que l'une des multiples narrations de la guerre de désinformation russe qui fait rage, y compris en France.
Cette longue bataille défensive, nous pouvons et nous devrons l'emporter avec ou sans les États-Unis, car elle est d'abord et avant tout la nôtre. Et nous sommes et nous serons de plus en plus seuls en face de notre destin et celui des enfants de nos petits enfants, pour citer Václav Havel sur l'Union européenne : c'est bien la patrie de nos patries qui est en danger.
Monsieur le Ministre, à l'heure où nos livraisons marquent le pas, comment notre pays se prépare t-il à affronter ce défi militaire et industriel de la défense de nos démocraties ? Quelle échéance à trois semaines, à trois mois, à trois ans ?
Je vous remercie.