Interview de Marc Fesneau au micro de France Inter 

Marc Fesneau, ministre chargé des Relations avec le Parlement et premier Vice-président du MoDem, était l'invité de Carine BÉCARD sur France Inter. Retrouvez l'interview complète. 

Marc FESNEAU

Bonjour.

Journaliste

Ministre délégué chargé des Relations avec le Parlement depuis 2018, vous êtes également numéro 2 du MoDem. Beaucoup de sujets à évoquer avec vous ce matin. Je voudrais qu’on commence par la crise aux Antilles, Guadeloupe puis Martinique. La nuit de vendredi à samedi a été marquée par de nouvelles violences. Alors la contestation a d’abord visé les contraintes sanitaires contre l’obligation vaccinale pour les soignants, contre le pass sanitaire. Elle se double maintenant de revendications sociales et pour y répondre, le ministre des Outre-mer, Sébastien LECORNU a proposé hier d'ouvrir le débat sur l'autonomie de la Guadeloupe. Il le fait, dit-il, à la demande des élus locaux. Hier, droite et extrême droite y ont vu un aveu de faiblesse de l'Etat. Marc FESNEAU, est-ce que c'est une concession pour ramener le calme, ce qui, pour l'instant, ne semble pas fonctionner par ailleurs ?

Marc FESNEAU

Pas du tout. Je pense que la volonté du Gouvernement exprimée par Sébastien LECORNU est une volonté assez simple. D'abord, rétablir l'ordre parce qu'au fond, vous avez raison. C’est partie de sujets sanitaires et par ailleurs, on l’a vu se développer, au-delà des sujets sanitaires et des manifestations et des points de blocage qu’il pouvait y avoir un certain nombre de gens qui avaient des comportements qui n'étaient en rien liés à la situation sanitaire ou au problème sanitaire, mais liés plutôt à des phénomènes de violence et de bandes et d'ailleurs, quand vous discutez avec ceux de nos compatriotes là-bas, ils nous disent la même chose qu'il y a des phénomènes de bandes contre lesquels il faut lutter. D'où les moyens de police et de gendarmerie qui ont été déployés sur place pour rétablir l'ordre. A la Guadeloupe comme à la Martinique.

Carine BÉCARD

Mais l'autonomie

Marc FESNEAU

J'y viens. La situation est stabilisée. Deuxième élément : il y a des sujets socio-économiques qui ne sont pas nouveaux d'ailleurs. On a de façon structurelle dans ces territoires une distorsion à la fois de pouvoir d'achat par rapport à la métropole et donc on a besoin et un taux de chômage, en particulier sur les jeunes, qui est très élevé. Ce qui fait que Sébastien LECORNU a proposé un certain nombre de dispositions en faveur des jeunes. C'est du long terme, on voit bien

Carine BÉCARD

Des emplois aidés notamment

Marc FESNEAU

Et des emplois aidés, notamment et puis sur la question de l'autonomie au fond. Il ne dit pas différemment de ce que nous disons dans d'autres territoires métropolitains ou ultramarins. C'est il y a un certain nombre d'élus qui disent sur certains sujets, sur certaines compétences, on souhaiterait pouvoir les exercer en plus grande proximité. Et c'est la question qui a été levée sur la question sanitaire en disant : est-ce qu'on ne pourrait pas, je rappelle que d'ailleurs, dans la crise sanitaire qui est à l'œuvre, il y a un certain nombre des mêmes élus Républicains qui réclamaient plus d'autonomie dans leurs territoires pour pouvoir mieux œuvrer en termes sanitaires. 

Carine BÉCARD

Est-ce qu’on parle de la même autonomie là ?

Marc FESNEAU

Mais on parle pour moi et pour Sébastien LECORNU et pour le Gouvernement de la même autonomie sauf que quand on est sur des

Carine BÉCARD

Quand on parle de l’autonomie dans les régions et quand on parle d'autonomie dans une ville, on parle de la même autonomie ou pas ?

Marc FESNEAU

Oui mais vous avez raison Carine BÉCARD, ça n'a pas la même résonance quand on parle pour certains, quand on parle des ultramarins, des territoires ultramarins que quand on parle de la métropole. Mais au fond, c'est la même volonté qui est à l'œuvre. C'est la volonté de faire en sorte qu'on essaie de en fonction des territoires, en fonction de la différenciation qu'on essaie de mettre à l'œuvre, de faire en sorte que l'autonomie de compétence, d'exercice des compétences, l'autonomie, ce n'est pas la question de l'indépendance. Je vois bien que certains veulent faire un amalgame.

Carine BÉCARD

Ça va juste derrière quand même !

Marc FESNEAU

Pas du tout parce que j'ajoute que dans un certain nombre de territoires ultramarins ou autres, on a donné plus d'autonomie dans la gestion des compétences et que ça n'a jamais été lié avec la question de l'indépendance.

Journaliste

Est-ce que c'est une manière de dire aux élus de Guadeloupe : Prenez vos responsabilités, arrêtez de vous tourner en permanence vers Paris.

Marc FESNEAU

Mais je pense dans cette relation entre l'État central et les collectivités territoriales, en outre-mer comme ailleurs, il faut qu' à cette liberté donnée dans l'exercice des compétences vienne faire écho une forme de responsabilité. On voit bien par exemple, le sujet de l'eau, qui est un sujet prégnant dans ces territoires, est un sujet qui est pourtant dans les mains des élus locaux et on voit bien que cette question n'a pas été résolue.

Journaliste

Ils ont les moyens de résoudre ce problème localement, et les élus ne l'ont pas fait. C'est ce que vous nous dites ?

Marc FESNEAU

Manifestement, c'est une compétence qui est exercée par les élus locaux, comme d'ailleurs partout ailleurs sur le territoire métropolitain. Et donc, il faut qu'on fasse en sorte que quand on a une compétence, elle soit exercée réellement et que chacun puisse prendre ses responsabilités.

Journaliste

Ils ne sont pas à la hauteur, les élus locaux de Guadeloupe dans cette crise ?

Marc FESNEAU

Je n'ai pas dit ça. Je dis que dans les compétences qui sont exercées par les élus, il faut qu'ils exercent pleinement leur compétence. Quand il y a une difficulté, il faut qu'on en parle avec l'État central ou avec l'État représenté dans ces territoires. Rien n'est jamais parfait. La politique du Gouvernement, parfois, il y a des choses qu'il faut ajuster, parfois, dans la politique des collectivités locales, il y a des choses qu'il faut ajuster. C'est bien ça qui doit être à l'œuvre. Mais je pense qu'il y a un besoin de rétablir la confiance. Je n'oublie pas que c'est un territoire et ce n'est pas sous ce Gouvernement. Je pense en particulier à la Guadeloupe avec l'affaire de la Chlordécone qui a créé une relation de défiance très lourde avec l’État.

Journaliste

Qu'on a peut-être sous estimé ?

Marc FESNEAU

Et qu'on a sans doute sous-estimé à l'époque dans les décisions qui ont été prises et qui ne datent pas de ce Gouvernement et donc il faut rétablir aussi la confiance entre les citoyens, les habitants, les collectivités et l'État et c'est ça qui est à l'œuvre, me semble-t-il.

Carine BÉCARD

On a quand même le sentiment qu’en agitant le spectre d'une autonomie, ça sert à fracturer un peu la classe politique guadeloupéenne, voire à faire peur à une partie des citoyens guadeloupéens. oui ou non ?

Marc FESNEAU

Je ne crois pas du tout. Je crois que la volonté qui s'est exprimée de la part du Gouvernement est une volonté de dialogue et de dire,ouvrons tous les sujets qui sont nécessaires d'ouvrir pour que l'action publique soit meilleure dans ces territoires qu'elle ne l'est aujourd'hui et ça fait la partie et la question de comment on exerce mieux les compétences de fans de manière plus autonome est une question, me semble t-il,intéressante à mettre sur la table.

Journaliste

Est-ce que le ministre doit maintenant se rendre sur place ? Il a parlé longuement aux Guadeloupéens. Est ce qu'il faut aller en Guadeloupe maintenant ?

Marc FESNEAU

Je crois qu'il l'a dit et d'ailleurs déclaré pas plus tard que ce matin dans un organe de presse, qu'il préparait une venue sur les Antilles.

Carine BÉCARD

Ce n’est pas rapide quand même !

Marc FESNEAU

Non attendez ! Qu'il préparait une venue. Alors moi, je pense que l'idée de venir sans savoir ce qu'on y a à dire et sans avoir dialogué préalablement et sans regarder ce qu'on veut y faire, je pense que ce n'est pas forcément utile. On a déjà déjà d'ailleurs eu des expériences de cette nature où on vient, on repart et finalement, on n'a pas réglé la situation.

Journaliste

Et c’est un problème aujourd'hui, un ministre ne peut pas aller en Guadeloupe ? Les conditions ne sont pas réunies ?

Marc FESNEAU

Ah non, non. Il peut y aller. Il y est allé d'ailleurs à plusieurs reprises, y compris dans des phases épidémiques, il n'y a pas si longtemps que ça, à vrai dire. Simplement pour préparer son déplacement, il est pas mal qu'au fond, on puisse se concerter au préalable.

Carine BÉCARD

Alors Ensemble, citoyens !, c'est le nouveau mouvement de la majorité qui sera officiellement lancé demain, avec un meeting en soirée à Paris, à la Mutualité, qui regroupera La République En Marche, le MoDem, Horizon, le nouveau parti d'Édouard PHILIPPE, Agir. Est-ce qu'on peut dire qu'on a là la nouvelle machine électorale du futur candidat MACRON ?

Marc FESNEAU

On a surtout le rassemblement qui se figure, qui se rend visible de ceux et celles qui, dès 2016, en 2017 et un peu après 2017, ont choisi de se rassembler autour de la candidature, puis de l'élection et de la mise en œuvre de la politique d'Emmanuel MACRON. Je trouve que ce qu'on a fait là dans ce travail de rassemblement est un travail utile. Évidemment, ça s'inscrit dans la logique de la préparation des élections présidentielles. Attendons que le président de la République

Carine BÉCARD

Et des législatives qui arrivent

Marc FESNEAU

Attendons que le président fasse part de ses intentions. Mais évidemment, cette majorité, elle doit se rassembler et montrer ce qu'elle est, et puis évidemment de travailler sur ce que sera la future assemblée et donc la future majorité autour du président de la République. Je rappelle simplement qu'en 2017, le rassemblement s'était opéré autour d'Emmanuel MACRON, d'un parti en création qui était La République En Marche, et du MoDem, qui était venu s'adjoindre au mois de janvier et février dans cette logique et dans cette dynamique. Et puis un certain nombre de forces politiques, enfin de gens qui venaient d'autres forces politiques. Je pense évidemment à Edouard PHILIPPE, venant plutôt de l'horizon de la droite. D'ailleurs, il l'avait dit comme tels, ont décidé de soutenir cette politique au premier rang duquel Edouard PHILIPPE, puisqu'il en a été Premier ministre de ce Gouvernement. Et donc, c'est bien qu'on fasse figurer les choses et qu'on puisse dans cet ensemble faire à la fois vivre la diversité, mais aussi montrer la cohérence de l'engagement qui est le nôtre.

Journaliste

Mais comme c'est un mouvement qui est fait pour soutenir le candidat quand il se déclarera, MACRON, puis se partager des circonscriptions électorales dans la perspective des législatives, on a le sentiment, là encore, que c'est un nouveau mouvement qui a vocation à durer pas très longtemps.

Marc FRESNEAU

Non, ce n'est pas pas la logique des choses. Il y a plusieurs temps dans notre affaire, il y a un temps qui est le temps de la présidentielle et le temps des législatives. Et par ailleurs, il y a besoin de consolider dans le paysage politique qui n'a pas bougé au fond depuis 2016-2017. Il s'est profondément fracturé, mais il ne s'est pas réorganisé. On a besoin de réorganiser. Moi, je pense que le dépassement n'est possible que s'il y a un pôle central qui est suffisamment puissant et fort. Ce pôle central, il a historiquement, récemment, en tout cas dans l'histoire récente, deux pôles qui sont la République En Marche et le MoDem. Et puis autour de cela, il y a des gens qui, sur la gauche ou sur la droite, ont envie de participer d'un rassemblement plus large. Mais il faut à la fois consolider le pôle central. Et ça, ça s'inscrit par delà la présidentielle et par delà les législatives.

Journaliste

Mais ça, c'est ce que voulait initialement François BAYROU, et il n'a pas réussi à faire ça.

Marc FRESNEAU

Non, pas du tout, parce que dans ce qu’on est en train de construire, il y a à la fois ce rassemblement au travers d'Ensemble citoyens !, et à l'intérieur, la capacité pour Horizon et Agir, par exemple, sur le flanc droit, si on peut dire, et pour la République En Marche et le MoDem de se rassembler et d'aller plus loin dans des coopérations pour, au fond, consolider le pôle central.

Journaliste

En 2017, le candidat MACRON avait promis une introduction d'une dose de proportionnelle aux législatives, ce qu'il n'a pas fait. C'était d'ailleurs l'un de vos combats au MoDem. Emmanuel MACRON disait à l'époque : « la proportionnelle, ça permet des coalitions de convictions plutôt que des coalitions d'appareil ». Est-ce que vous êtes en train de faire une coalition d'appareils avec Ensemble citoyens ! ?

Marc FRESNEAU

Non, j'ai essayé exactement, mais je vais le redire, d'essayer de…

Carine BÉCARD

… de faire la démonstration inverse ?

Marc FRESNEAU

De faire la démonstration inverse, c'est-à-dire que c'est une coalition de convictions et c'est ça qu'on est en train de faire figurer. Donc, merci de me donner l'occasion de le redire. Et par ailleurs, je réponds sur la question de la proportionnelle. Je pense que c'est une question qui reste d'actualité et que je souscris pleinement aux mots qui sont ceux du président de la République à l'époque candidat et qui sont ceux de notre famille politique du Mouvement démocrate depuis des années.

Carine BÉCARD

Mais d'actualité, pas avant l'élection présidentielle 202, on est d'accord là maintenant ?

Marc FRESNEAU

Je ne crois pas qu'on soit dans un... mais c'est une question d'actualité au sens qu'elle doit nous préoccuper. Elle doit faire partie d'ailleurs d'un ensemble de sujets qu'on doit mettre sur la table, qui sont les sujets démocratiques. Je suis à la fois ministre des Relations avec le Parlement et de la Participation citoyenne. Il me semble que ces sujets-là, la proportionnelle, elle permet à la fois de représenter la diversité des opinions et de permettre au fonds qu’il y ait une coalition.

Journaliste

Nicolas SARKOZY voulait le faire. François HOLLANDE voulait le faire. Emmanuel MACRON voulait le faire.

Marc FRESNEAU

Eh bien, peut-être que nous y arriverons dans le débat présidentiel. Et ensuite, c'est vrai que c'est toujours un moment... il y a le séquençage de cette affaire. Le moment où on décide de le faire est un moment important, mais je pense que cette question de la proportionnelle reste pendante au fond. Quand vous regardez quasiment dans tous les modes de scrutin, y compris pour les sénateurs, la proportionnelle est à l'œuvre. Il ne reste plus que l'Assemblée nationale. Et donc, je pense qu'il faut qu'on travaille sur ce sur ce sujet-là.

Carine BÉCARD

Alors, 4 hommes pour incarner et diriger ce mouvement, Ensemble citoyens! pas une femme. Est-ce que cette erreur va être corrigée ?

Marc FRESNEAU

Depuis le début, alors évidemment, ça n'a pas été public à date. Nous travaillons sur une structure exécutive qui soit une structure exécutive strictement paritaire. Et donc, la structure exécutive sera strictement paritaire.

Carine BÉCARD

Mais les présidents sont toujours observés de très près.

Marc FRESNEAU

La question, c'est le pilotage de démarrage qui est fait par les Premiers ministres anciens ou actuels, par François BAYROU, responsable du MoDem et le président de l'Assemblée nationale. Mais la question paritaire reste prégnante pour nous. Et donc, il y aura bien la parité dans les instances exécutives de l’ensemble qui est créé.

Carine BÉCARD

Les instances exécutives, elles vont compter combien de personnes, par exemple ?

Marc FRESNEAU

Une vingtaine.

Carine BÉCARD

Une vingtaine. Donc, on trouve toujours les femmes dans les masses, mais dans les postes à responsabilités, elles ne sont pas là.

Marc FRESNEAU

Non, là où on vous dit quelque chose qui est juste, c'est qu'au fond, ça interroge à chaque fois sur la même chose. C'est-à-dire que plus on approche du…

Carine BÉCARD

… des fonctions très, très hautes.

Marc FRESNEAU

Des fonctions très, très, très hautes puisque c'est l'expression que vous prenez, et moi là, pour le coup, la parité est à l'œuvre, mais c'est une question sur laquelle il faut qu'on travaille. Ceci étant, reconnaissons aussi...

Journaliste

Quand vous dites ça, c'est une question sur laquelle il faut qu'on travaille. Ça veut dire, on a échoué ?

Marc FRESNEAU

Non, parce que je pense que c'est un processus en construction. Je vais vous dire pourquoi, parce que…

Journaliste

Mais c’est pareil.

Carine BÉCARD

Ce n’est pas ce qu’Emmanuel MACRON avait dit en 2017.

Marc FRESNEAU

Parce que d’abord, quand vous regardez la majorité qui s'est constituée en 2017, elle est beaucoup plus paritaire, en particulier dans le groupe de la majorité, quasiment dans le groupe La République En Marche c’est la parité absolue. Vous avez 3 femmes ...

Carine BÉCARD

Non, mais les femmes sont absentes à l'Elysée. Elles sont absentes à Matignon, elles sont absentes à la présidence de l'Assemblée nationale.

Marc FRESNEAU

Vous avez 3 femmes qui sont présidentes de commission. Ce que je veux dire par-là, c'est qu'on n'est pas encore au bout du chemin, mais on a diablement progressé depuis 5 ans en particulier, et peut-être même 10 ans quand on regarde les choses. Et donc, ça révèle ce que vous dites. Je ne vais pas vous dire le contraire, mais en même temps, on voit bien qu'on a profondément avancé sur ces sujets de parité depuis 5 ans.

Carine BÉCARD

Organiser un meeting demain soir, en pleine reprise épidémique. Est-ce que c'est Covido-compatible et Covido-responsable ?

Marc FRESNEAU

On va le rendre Covido-compatible et Covido-responsable d'abord, évidemment, de respecter les gestes barrières et par ailleurs, la demande qui sera faite du passe sanitaire. Je pense que ce qui n'est pas une obligation en tant que telle, mais je pense que c'est bien que nous donnions aussi l'exemple.

Carine BÉCARD

Vous demanderez le passe sanitaire pour rentrer, c’est ça ?

Marc FRESNEAU

On demandera à l’entrée.

Journaliste

Et vous refuserez l'accès à des militants qui n'auraient pas leur passe sanitaire ?

Marc FRESNEAU

Mais c'est la logique du passe sanitaire, mais je pense que ça, c'est une démarche volontaire et en même temps, vous voyez bien qu’il y a d’autres réunions publiques qui se déroulent la semaine prochaine, qui seront de même nature et sur lesquelles il faudra aussi qu'on les laisse se dérouler. Je veux dire, il faut aussi que ce processus démocratique puisse se faire. Il y a des gestes barrières, il y a des protocoles qui peuvent être mis en œuvre et c’est ça auxquels il faut faire confiance.

Journaliste

Marc FESNEAU, vous êtes en charge des relations avec le Parlement, la cinquième vague de Covid-19 en cours et un nouveau variant Omicron apparu dans le sud de l'Afrique, qui est en train de se propager. Ce qui pose la question de la vaccination à travers le monde, puisque tant que les taux de vaccination resteront aussi bas dans les pays les plus pauvres, de nouveaux variants vont apparaître. Nous voilà une nouvelle fois renvoyés à notre égoïsme ?

Marc FRESNEAU

Je dois dire qu'il y a deux choses dans ce que nous traversons actuellement. Il y a d'abord la vague que nous connaissons aujourd'hui en Europe, ce n'est pas une vague d’Omicron, c’est une vague de variants Delta. Et donc, la première chose auquel il faut qu'on essaye de faire face...

Journaliste

A part en Inde, le pays où les taux de vaccination sont faibles.

Marc FRESNEAU

Oui, je vais répondre à votre question. Mais il faut déjà qu'on fasse face, nous, à ce variant Delta. C'est la troisième dose ou le rappel vaccinal, c'est les gestes barrières. C'est tout ce qu'on vient d'évoquer rapidement. Il me semble que là, on a déjà ça. Et ça, c'est maintenant. Par ailleurs, effectivement, on a l'apparition d'un nouveau variant et à chaque fois, ça a été dit d'ailleurs sur votre antenne tout à l'heure ce matin, assez tôt aussi, à chaque fois, ça procède de la même chose. Ça part d'endroits de pays où le taux de vaccination est trop faible. Tant qu'on n'aura pas, et ça montre bien que les égoïsmes nationaux, dans ce sujet comme dans d'autres d'ailleurs, ne servent à rien. Tant qu'on n'aura pas un taux de vaccination qui soit très élevé dans le monde et pas seulement dans nos pays qui sont au fond, les plus développés, de ce point de vue-là, on aura un problème parce que les variants se développent, les mutants se développent. Et donc, à chaque fois, venant d'ailleurs, viennent des mutants. Et donc, il faut qu'on soit vigilants. Et quant à Omicron, qu'est-ce qu'on a besoin de vérifier ? On a besoin de vérifier son degré de dangerosité, son degré de contagiosité et par ailleurs, si les vaccins actuellement à l'œuvre couvrent totalement ou partiellement ce nouveau variant, c'est ça qu'il faut qu'on vérifie. On sait qu'il faut 10 à 15 jours pour savoir et pour avoir des réponses précises à ces sujets-là. Il faut maintenant prendre des mesures de précaution à date. C'est ce qu'on fait actuellement au travers de la fermeture d'un certain nombre d'espaces aériens, de frontières avec des pays qui sont manifestement les lieux, les foyers d’Omicron et à partir de là, on verra la stratégie qu'il faut déployer. Mais je répète, on a d'abord le variant Delta, Omicron est un deuxième sujet, mais vous avez tout à fait raison. Ça pose la question de la solidarité internationale, que le président de la République a porté depuis le début. Je vous rappelle que dès qu'on a parlé de vaccin, le Président a dit : « Il faut parler des pays qui ne peuvent pas y avoir accès directement parce que ça, c'est un élément important de la stratégie ».

Carine BÉCARD

Mais solidarité internationale ou est-ce qu'il faut demander à Pfizer de baisser les prix des vaccins ?

Marc FRESNEAU

C'est Pfizer et d'autres d’ailleurs, il n’y a pas que Pfizer..

Carine BÉCARD

Parce que là, c’est la troisième dose, et puis, il y en aura peut-être une quatrième.

Marc FRESNEAU

Mais la solidarité internationale, elle s'exprime aussi par le fait que nous, nous ayons les moyens, au niveau mondial, peut-être, d'apporter... Produire un vaccin, ça a un coût. Faire de la recherche et du développement, ça a un coût. Ce ne sont pas des choses qui sont complètement déliées de contingences économiques. Que nous ayons une exertion, une solidarité par des moyens financiers, que ce sont ceux de nos pays ne me paraît pas illogique.

Journaliste

Marc FESNEAU, je voudrais qu'on évoque le cas de Nicolas HULOT. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour viol et agression sexuelle après les accusations portées par 3 femmes dans l'émission Envoyé spécial. C'était jeudi soir, la période concernée, de 1989 à 2001. Les faits sont couverts par la prescription. Nicolas HULOT nie ces accusations. En 2018, le journal L'Hebdo avait révélé une première affaire. À l'époque, Nicolas HULOT était membre du Gouvernement. Emmanuel MACRON l'avait à l'époque appelé, je cite, à tenir bon dans un moment, disait-il, difficile sans un mot pour la plaignante. Est-ce que c'était une imprudence, voire une erreur ?

Marc FRESNEAU

Non, je ne crois pas du tout qu'il faille poser les problèmes comme ça. La difficulté dans ce genre de choses, c'est que je sais que vous partagez sans doute ce point de vue, ça ne peut pas être sur des plateaux télévisuels ou de radio qu'on règle des questions qui sont des questions de justice. La justice a besoin au fond d'un peu de silence, pas de surmédiatisation et elle a besoin de contradictoire.

Journaliste

Donc, il ne fallait pas faire cette enquête ?

Marc FRESNEAU

Non, attendez, je n'ai pas dit ça. Mais que la justice ne peut pas être sous le feu médiatique permanent, je pense qu'on a déjà des tas d'expériences, dans ce domaine comme dans d'autres, où la surexposition médiatique ne rend pas une justice sereine. Il faut que la justice puisse passer. Je trouve très bien que à chaque fois désormais, on déclenche une enquête pour voir si les faits sont bien prescrits et s'il n'y a pas des possibilités. Et puis, vous me permettrez d'aller plus loin sur le sujet, en revanche, parce qu'au-delà qu'on ait dit ces choses-là et le fait qu'on ne rentre pas pour moi, je pense dans le débat public et médiatique sur les affaires personnelles, en tout cas, individuelles. Il me semble que ce qui est frappant, y compris dans les témoignages qu'on a vus sur France 2 jeudi, qui étaient à la fois très émouvants et très bouleversants, c'est que toujours le même phénomène est à l'œuvre. Globalement, je parle. C'est une forme d'omerta qui règne, un sentiment de culpabilité où au fond, il y a une espèce de force de la puissance masculine dans ce domaine-là qui fait qu'on intériorise un abus, on intériorise ou on extériorise peu une force d'abus de pouvoir.

Carine BÉCARD

Mais vu ce que vous dites, vous n'avez pas le sentiment que l'exécutif a trop protégé Nicolas HULOT ?

Marc FRESNEAU

Non. Ce qu'il faut protéger, c'est le processus judiciaire. C'est ça qui est important. Et le processus judiciaire, il appelle au contradictoire. D'abord, le respect et l'écoute de la parole de la victime. Il faut écouter la parole en l'occurrence de celles qui ont des choses à dire dans ce domaine. Et après, il faut que la justice passe, il faut qu’il y ait du contradictoire. Et donc, il faut toujours respecter ça. Ça ne peut pas être sur un plateau de radio ou un plateau de télévision. Mais en revanche, je vois bien les phénomènes qui sont toujours à l'œuvre. Et moi, je voudrais saluer le courage de ces femmes qui parfois d'ailleurs très tard dans le processus et certains même le reprochent, mais non, il faut saluer cette parole qui est une parole libératrice. C'est heureux qu'enfin cette parole puisse se libérer. Ça permettra, je pense aussi, à chacun d'entre nous d'avoir un regard différent parce que ce qui est frappant, c'est celles qui disent dans ces témoignages : « Je n'ai pas voulu dire parce que je me suis dit : il est trop puissant ». Et ça, c'est quand même un problème terrible dans une société comme la nôtre, une société démocratique comme la nôtre.

Journaliste

Merci à vous, Marc FESNEAU, ministre des Relations avec le Parlement, invité de France Inter ce matin. Bonne journée à vous ! 

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