Jean-Noël Barrot : « La libération d’Olivier Grondeau est le fruit d'un travail de longue haleine de toute la diplomatie française »
Notre ministre de l’Europe et des Affaires étrangères et vice-président du MoDem, Jean-Noël Barrot, était l’invité du 13h de TF1 après la libération d’Olivier Grondeau, otage en Iran depuis 887 jours.
Seul le prononcé fait foi.
Jacques Legros : Bonjour Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères. Merci d'avoir accepté notre invitation. Vous l'avez trouvé comment à sa descente d'avion ?
Jean-Noël Barrot : Je l’ai trouvé ému de retrouver son pays, sa famille, ses proches. Il m'a exprimé sa gratitude à l'égard des services du ministère des Affaires étrangères qui l'ont accompagné dans cette épreuve. Et il m'a effectivement appelé à ne relâcher aucun de nos efforts pour obtenir la libération de Cécile Kohler et de Jacques Paris.
Jacques Legros : On va en dire un mot. On dit que les négociations ont duré deux mois, qu’elles ont été difficiles, intenses.
Jean-Noël Barrot : Ce que je peux vous dire, c'est que dès le jour de ma prise de fonction, je me suis saisi de ce dossier qui a fait l'objet d'une mobilisation à tous les niveaux, du président de la République jusqu'à notre ambassadeur à Téhéran, pour obtenir ce résultat, qui est donc le fruit d'un travail de longue haleine de toute la diplomatie française.
Jacques Legros : Y a-t-il eu une contrepartie de la France ?
Jean-Noël Barrot : Il n'y a pas de contrepartie aux libérations d'otages. C'est le fruit d'une pression continue, et la République n'oublie jamais aucun des siens.
Jacques Legros : Vous avez négocié directement avec le régime de Téhéran ou par des intermédiaires ?
Jean-Noël Barrot : Au départ, à mon niveau, j'ai échangé avec mon homologue, ministre des Affaires étrangères iranien. Des discussions qui se sont interrompues puisque nous n’obtenions pas de résultat et c'est ensuite par d'autres moyens que nous avons obtenu ce résultat.
Jacques Legros : On a entendu la maman de l'ex-otage. Il a été assez souvent maltraité...
Jean-Noël Barrot : Je crois qu'il a traversé une épreuve inhumaine et qu'en réalité cette épreuve ne s'arrête pas au jour de sa libération. Il va commencer aujourd'hui un long chemin de convalescence et nous serons à ses côtés.
Jacques Legros : Alors, venons-en à Cécile Kohler et Jacques Paris. Depuis mai 2022, ils sont donc retenus en Iran. Quelles sont les négociations en cours ? Est-ce qu'elles avancent ? Est-ce qu'on a bon espoir de les revoir ?
Jean-Noël Barrot : Nous allons redoubler d'efforts pour obtenir leur libération. Je le rappelle, ils sont retenus otages en Iran depuis maintenant plus de 1000 jours, dans des conditions qui sont assimilables, qu'on décrire en droit international comme de la torture. C'est pourquoi nous allons accentuer la pression sur l'Iran. J'ai moi-même demandé, lundi, à Bruxelles, que l'Europe prenne des sanctions à l'encontre des responsables de cette politique d'otage d'État.
Jacques Legros : Vous avez des informations sur leur état de santé ?
Jean-Noël Barrot : Nous n'avons quasiment aucun contact avec Cécile et Jacques. C'est un motif d'indignation et de colère de notre part. Et je veux rassurer leurs proches et leurs familles. Nous n'allons économiser aucun effort pour obtenir leur libération.
Jacques Legros : Monsieur le ministre, on vient d'apprendre que 10 ans de prison étaient requis à l'encontre de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal. Il est emprisonné depuis la mi-novembre à Alger. Où en est-on ?
Jean-Noël Barrot : Nous sommes préoccupés par sa santé, ses conditions de détention. Olivier Grondeau avait lui aussi été condamné à une peine de prison très lourde. Ça ne nous a pas empêché de poursuivre nos efforts pour obtenir sa libération. C'est dans le même esprit que nous traitons de cette question.
Jacques Legros : 10 ans, c'est beaucoup. Vous êtes scandalisé par ce réquisitoire ?
Jean-Noël Barrot : C'est un réquisitoire, ce n'est pas une accusation. Ce que je vous dis, c'est que malgré les peines de prison très lourdes, y compris dans le cas d'Olivier Grondeau qui avait été prononcé, contre lui, nous avons maintenu la pression et nous avons fini par obtenir sa libération.
Jacques Legros : Merci beaucoup, monsieur le ministre.
Jean-Noël Barrot : Merci à vous.