Jean-Noël Barrot : "L'Ukraine se bat pour la sécurité de l'UE et de la France"
Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de l'Europe, était l'invité de la matinale de France Info ce 23 février 2024.
Agriculture et Europe : " Depuis 5 ans nous avons fait prendre un certain nombre de virages à l'Europe, notamment écologique avec le Pacte vert"
Jean-Noël Barrot a défendu le bilan de la majorité sur le sujet agricole au niveau européen. Il a notamment valorisé l'action de la France, par l'intermédiaire du Premier ministre et de Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, pour défendre les intérêts des agriculteurs français à l'échelle suprantionale
La France a exigé de Bruxelles et de l'Europe de prendre des mesures en réponse aux cris de détresse auxquels nous ne pouvions rester sourds.
Il détaille son propos en évoquant "la question des jachères, la question des mesures de sauvegarde contre l'arrivée massive de produits ukrainiens qui menaçaient de déstabiliser l'agriculture française, et puis, des mesures de simplification annoncées hier par la Commission européenne", pour justifier de l'efficacité de la France lorsqu'il s'agit d'obtenir des résultats pour défendre notre souverainté alimentaire et clles et ceux qui la garantissent.
Plus précisément sur la question ukrainienne et des importations de certains de leurs produits sur le marché européen, comme la volaille, Jean-Noël Barrot appelle à davantage de pragmatisme au regard de la situation sans pour autant remettre en cause notre devoir de solidarité à l'égard de l'Ukraine. Il préconise que "l'accueil de produits ukrainiens sur le marché européen -qui est légitime- doit se regarder point par point, car on ne peut pas déstabiliser certains pans de l'agriculture française, on doit faire tout cela de manière ordonnée".
D'ailleurs, il précise également que les améliorations salariales pour les agriculteurs nécessitent obligatoirement une puissance commerciale de la France. En d'autres termes, le vice-président du MoDem nous invite à "regarder l'accord du CETA qui a fait augmenter nos exportations vers le Canada de 50 % !". La problématique de la rémunération des agriculteurs est intrinsèquement liée au paiement du juste prix des produits agricoles vendus par les agriculteurs. C'est tout l'esprit des lois EGAlim qui ont eu le mérite de protéger le monde agricole dans des périodes d'instabilité que nous venons de connaitre successivement entre la crise Covid, la guerre en Ukraine et évidemment l'inflation.
J'entends beaucoup de commentateurs ces derniers temps dirent que "oh mais vous avez attendu les manifestations agricoles pour agir" ? Je veux rapeller que 6 mois après la première élection d'Emmanuel Macron en 2017, le gouvernement déposait un projet de loi pour protéger la rémunération des agriculteurs : c'est EGAlim. Alors ça n'a pas empêché la crise, mais essayez d'imaginer dans quelle situation nous nous trouvrions si nous n'avions pas adopté cette première loi dès 2018 et une deuxième en 2021 !
L'enjeu majeur des lois EGAlim est de les faire respecter. Jean-Noël Barrot explique : "qu'est-ce qu'on fait contre les centrales d'achat qui s'installent ailleurs qu'en France ? la réponse c'est la multiplication des contrôles, c'est une mission d'information qui vient d'être lancée, qui va permettre d'inventorier les faiblesses de cette loi. Et puis c'est l'extension au niveau européen de principe qu'est EGAlim, c'est à dire le poids donné aux agriculteurs dans la négociation du prix, pour protéger leur rémunération et les contrôles par une force d'intervention sanitaire".
Guerre en Ukraine : "Aller plus loin et approfondir notre soutien"
Bientôt deux ans presque jour pour jour que la Russie a violé l'intégrité territoriale de l'Ukraine par une invasion militaire. En tant que Français, Européens et Occidentaux, nous devons mesurer la gravité de la situation géopolitique à l'est du vieux continent. Le ministre de l'Europe est très clair à ce sujet.
En résistant contre l'envahisseur russe, les Ukrainiens se battent pour l'intégrité de l'Ukraine, mais se battent aussi pour la sécurité de l'Union européenne, pour la sécurité de la France; Parce que si l'Ukraine venait à tomber - et nous ferons tout pour que ce ne soit pas le cas - la Russie déplacera la ligne de front vers l'ouest.
Si la menace russe est d'abord militaire, elle est aussi très largement informationnelle. Les multiples attaques russes contre notre démocratie ou ses représentants politiques, en France et chez nos voisins européens, montrent que Vladimir Poutine mène une guerre communicationnelle en pénétrant régulièrement les réseaux sociaux grâce à des comptes de propagande afin de déstabiliser des moments politiques essentiels à la vie démocratique. En réponse à cela, le ministre délégué chargé de l'Europe "souhaite ériger un boucvlier démocratique pourt protéger le scrutin [les élections européennes]."
J'ai demandé cette semaine à la Commission européenne d'obtenir un engagement ferme de la part des plateformes pour faire en sorte que si une situation comme celle-ci devait se produire, que les plateformes neutralisent un contenu diffusé pendant la période électorale.
Pour conclure cette interview, Jean-Noël Barrot a été interrogé sur la baisse d'achat de voitures électriques européennes et les importations massives des modèles chinois.
En premier lieu, il s'agit de remettre en perspective les avancées majeures permises par la politique industrielle ambitieuse du gouvernement sous l'impulsion du président de la République. Il précise que le gouvernement a "créé une filière de batteries électriques avec 4 gigas factory à Douai, Dunkerque, à Douvrain, dans des bassins industriels qui avaient été laminés par la désindustrialisation."
La satisfaction de telles opération de réindustrialisation verte ne doit pas nous rendre naïfs à l'égard des grandes puissances. Le cas de l'industrie automobile chinoise est pris au sérieux par le ministre délégué chargé de l'Europe qui est déjà en train d'agir.
On a commencé à conditionner le bonus écologique, le leasing social à l'emprunte carbone ce qui a pour effet d'avantager le constructeur européen. Enfin, on a déclenché une enquête sur l'industrie automobile chinoise. S'il s'avère que les subventions ont été excessive, alors des droits de douanes pourront être imposés."