Laurence Farreng : "L’éducation, la jeunesse et la culture sont les grandes victimes du Brexit"
Dans une tribune pour Ouest-France, Laurence Farreng, députée européenne, livre son analyse sur le bilan du Brexit de 2020 dans les domaines de la culture et de l'éducation.
À la veille des élections européennes, rappelons les ravages du Brexit sur la vie des Britanniques. C’est d’autant plus indispensable que notre continent est gravement frappé par une vague d’anti-européanisme : Italie, Suède, Finlande, Slovaquie ont rejoint le camp des nationalistes en s’alliant aux extrêmes.
Que dire de ce qui se profile en France pour la campagne de 2024 ? Un Mélenchon pourfendeur du drapeau européen, un Zemmour europhobe absolu et jusqu’à LR qui veut remettre en cause la primauté du droit européen pour faire mine de résoudre le sujet de la migration.
Revenons au Brexit : avant tout un objet de politique intérieure initié par David Cameron pour revigorer sa majorité par le référendum de 2016, mené à son terme par le très jusqu’au-boutiste Boris Johnson.
Le Parlement européen vient de voter un rapport concernant la mise en œuvre de l’accord post-Brexit avec le Royaume-Uni. De nombreuses commissions parlementaires ont été saisies dont la mienne, la commission Culture et Éducation.
Et justement, il n’y a rien à évaluer car rien n’a été prévu.
L’éducation, la jeunesse et la culture sont les grandes victimes du Brexit.
Et pourtant, les jeunes ont massivement voté contre le Brexit, tout comme le secteur de la culture. L’ampleur des opportunités perdues donne le vertige.
Le gouvernement conservateur en est le premier à blâmer : un seul mot d’ordre a guidé sa pensée, le “retour sur investissement “. Un premier signe fort avait été donné par le gouvernement britannique avec le retrait du Royaume-Uni du programme Erasmus +. Pourtant, la possibilité de rester leur était offerte par les négociateurs européens.
Deux fois moins d’étudiants Européens au Royaume-Uni
C’est bien une décision politique qui touche les étudiants des deux côtés de la Manche, mais aussi les professeurs, les apprentis… Sans Erasmus, il est devenu compliqué et très coûteux pour les Européens d’aller étudier au Royaume-Uni. Résultat, le nombre d’étudiants européens en première année est divisé par deux par rapport à la situation d’avant Brexit, et ceux-ci sont remplacés par des étudiants chinois et indiens. Cela pose des problèmes en matière de souveraineté et de diversité.
Concernant la culture et les industries culturelles la situation est de fait un « no deal Brexit », un Brexit sans accord.
Pas de participation à Europe Creative (le programme de coopération culturelle), pas de dispositions spécifiques pour la mobilité des artistes… Qu’il s’agisse de nos artistes européens qui souhaitent aller se produire au Royaume-Uni, des artistes britanniques qui souhaitent se rendre en Europe, la charge administrative est lourde : coût et délai des visas, taxes sur le merchandising…
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Culture, éducation, jeunesse comme grandes victimes du Brexit, ce n’est cependant pas une surprise. Le jeu est dangereux surtout quand le drapeau européen est agité en guise de bouc émissaire.