Marc Fesneau : "Les extrêmes sont des profiteurs électoraux de crise"
Marc Fesneau, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, était l’invité de Questions politiques ce dimanche sur Franceinfo. Revoir son interview.
Environnement : "Préserver les équilibres de la biodiversité"
Alors que la COP27 a débuté ce dimanche 6 novembre en Égypte, le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a démontré son volonté d’accompagner les agriculteurs face au réchauffement climatique : « le monde agricole doit se préparer aux aléas climatiques parce que le changement est déjà là : sécheresse, grêle et inondations », une adaptation en deux parties par l’innovation et par une réduction de l’empreinte carbone du modèle agricole.
Pour illustrer cette adaptation, Marc Fesneau a évoqué le développement de retenues d’eau ou « super-bassines » : « Face à un cycle de l’eau de plus en plus arythmique, ces projets permettront de pomper l’excédent d’eau tombé en hiver et de l’utiliser en période estivale », le ministre a d’ailleurs rappelé que le GIEC prévoyait une pluviométrie de niveau identique dans les années à venir.
En France, il tombe 500 milliards de mètres cubes d’eau chaque année et seulement 3,5 milliards sont prélevés pour l’agriculture donc remettons les choses à leur place.
Cette méthode de conservation de l’eau, contrôlée par un comité chargé de la vérification du niveau des nappes phréatiques, permettra de mieux gérer la consommation d’eau et ainsi de réduire l’utilisation de pesticides : « nous nous engageons à réduire les pesticides et de ne pas toucher aux surfaces non utilisées pour mieux préserver les équilibres de la biodiversité. »
Souveraineté : "Mieux rémunérer les éleveurs et les agriculteurs"
Interrogé sur l’adaptation de notre modèle de consommation, Marc Fesneau a insisté sur la nécessité de retrouver de la souveraineté alimentaire : « nous avons besoin d’être autosuffisants en fruits et légumes et sur les bovins », une souveraineté qui nécessite une juste rémunération de nos agriculteurs :
Aujourd’hui, on dévalorise le prix de l’alimentation saine. Il nous faut mieux rémunérer les éleveurs et les agriculteurs
Le ministre a rappelé que la part du coût de l’alimentation dans le budget des ménages est actuellement de 12 à 14%. Ce budget est à reconsidérer pour accélérer la transition vers un modèle agricole plus vertueux et pour rémunérer plus justement les agriculteurs.
Cette recherche d’une meilleure rémunération est l’objectif principal des lois Egalim : « Egalim 2 vise à construire un prix juste pour l’agriculteur en fonction du coût de production alors qu’avant c’était la grande distribution qui donnait son objectif de prix et l’agriculteur devait s’y plier ». Marc Fesneau, récemment interrogé par les autres ministres de l’agriculture d’Europe sur la méthode de ces lois, a d’ailleurs rappelé que celles-ci avaient produit des résultats prometteurs : « les agriculteurs ont pu intégrer une hausse de 3,5% avant le début de la guerre en Ukraine ».
Extrêmes : "Des profiteurs électoraux de crise"
Également interrogé sur la situation politique du pays, le ministre a dénoncé l’hypocrisie de certains partis: « les extrêmes sont des profiteurs électoraux de crise, et la démocratie souffre de ces gens qui refusent de se mettre en situation de gouverner », une situation empêchant de constituer des majorités de projets au Parlement :
À chaque fois que le Parlement n’arrive pas à trouver des compromis, c’est un échec pour la démocratie
Tendant la main aux partis de droite et de gauche, Marc Fesneau reste confiant et souhaite construire des majorités de projets pour les prochains textes de loi, notamment le texte sur les dividendes salariés visant une meilleure redistribution des richesses.
Enfin, le ministre de l’Agriculture, réagissant à la polémique provoquée par le député Rassemblement national, Grégoire De Fournas, a rappelé que ce parti d’extrême droite reste « mortifère » malgré sa tentative de dédiabolisation : « chassez le naturel, il revient au galop ».