Marc Fesneau : "Permettre au plus grand nombre d'accéder au foncier"

Dans les colonnes de La Dépêche du Midi, notre ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire revient sur la situation des agriculteurs mais également sur le projet de loi d'orientation pour la souveraineté agricole qui sera prochainement discuté en hémicycle par les députés.

Comment va le monde agricole aujourd'hui ? Le sentez-vous toujours sous tension ?

Je le sens en attente de concret. Les agriculteurs savent que quelque chose a changé mais se demandent ce que cela va donner dans la durée.

Ils ont exprimé 25 ans de frustrations et d'incompréhensions, quelque chose de cette nature ne redescend pas comme ça. Nous sommes face à une crise de sens qui se résout dans le temps et par du concret.

Vous avez justement souhaité que le projet de loi qui sera discuté à partir de mardi à l'Assemblée permette au monde agricole de retrouver « du sens ». Comment ?

Le sens est exposé dans l'article 1 et la déclinaison de ce que nous souhaitons faire de l'agriculture en termes de souveraineté prend corps tout au long du projet de loi.

L'article 1 inscrit dans la loi le caractère d'intérêt général majeur de l'agriculture, à quoi cela sert-il ?

Cela permet de dire qu'il doit y avoir un principe d'équilibre entre les attentes industrielles, énergétiques, écologiques et agricoles et que l'on doit juger d'un projet agricole aussi à l'aune de l'impératif de souveraineté alimentaire. La justice pourra se prononcer sur cette nécessité d'équilibre.

Viser la souveraineté alimentaire cela veut dire rapatrier des productions en France comme on a pu le faire pour les médicaments ?

Cela veut dire retrouver une trajectoire qui permette de couvrir nos besoins agricoles. Certains domaines sont en tension comme l'élevage (40 % de la volaille que l'on mange n'est pas produite en France, 50 % pour le mouton) les fruits et légumes, les protéines végétales et les engrais.

La souveraineté, ce n'est pas l'autarcie mais ça veut dire que l'on ne subit pas nos dépendances. C'est être maître de son destin. C'est choisir ses interdépendances.

Ce texte doit permettre de faciliter les transmissions de terres mais un article majeur a été retoqué sur la création des groupements fonciers agricoles d'investissement (GFAI). Les oppositions vous accusent de vouloir financiariser l'accès au foncier. C'est vrai ?

C'est inexact. Le foncier agricole en France n'est pas détenu par la puissance publique... Les fonds qui portent et accompagnent l'agriculture sont privés : personnes physiques ou banques. C'est donc de la finance. Nous voulons permettre au plus grand monde de contribuer à l'accès au foncier pour les agriculteurs.

(...)

De nombreux amendements ont été retoqués, notamment ceux portant sur les prix, or c'est la principale préoccupation des agriculteurs. La carotte à 0,66 euro le kg dans certaines grandes surfaces, est-ce raisonnable ?

J'aimerais savoir d'où viennent ces carottes...

D'Espagne...

Si on ne veut pas subir la concurrence des autres pays européens, il ne faut pas entraver les jambes et les bras de nos agriculteurs. C'est la question de la simplification et de la lutte contre les surtranspositions. Deuxième élément : si on fixe un prix plancher, on ne peut le faire que pour la carotte française et donc cela ne suffit pas d'où l'idée d'un EGALIM européen.

Enfin, je pense que la bataille est philosophique face à la grande distribution. Nous avons une bataille d'opinion à mener pour dire que l'agriculture a un coût, donc doit avoir un prix.

Autre sujet exclu de la loi, le plan Ecophyto qui fera l'objet d'un texte à part à l'automne. Allez-vous répondre à la demande des agriculteurs qui veulent un accès moins contraint à ces produits ?

J'ai demandé à ma ministre déléguée de regarder quelles molécules étaient interdites en France et autorisées ailleurs. À la vérité, il y en a assez peu. Il y a des molécules dont l'usage est restreint en revanche en France. Et c'est sur cela que nous devons avancer.

Ce dont ont aussi besoin les agriculteurs, c'est de trouver des alternatives aux produits phytosanitaires. 150 millions d'euros seront dédiés chaque année à la recherche d'alternatives.

Les agriculteurs s'inquiètent car l'ensemble des aides de la PAC n'a toujours pas été versé. Où en est-on ?

Les aides correspondent à 9 milliards d'euros, nous en avons versé 8. Le solde doit être payé par l'État et par les régions. Ils nous restent à honorer les dernières aides sur les mesures agri-environnementales et les aides au bio. Tout devrait être soldé d'ici juin.

Craignez-vous que le RN ne se serve du débat qui commence mardi dans l'hémicycle comme tribune avant les européennes ?

Je n'ai pas vu beaucoup de propositions du RN. Sur la politique agricole, une proposition que j'ai entendue est de sortir des accords commerciaux. Il va falloir l'expliquer aux laitiers, aux céréaliers, à ceux qui vendent du vin ou du fromage qui dépendant grandement des exportations et mènent avec succès la compétition mondiale. L'autre proposition est la préférence nationale alimentaire. Si on fait cela les autres voisins prendront des mesures de rétorsion et qu'y gagnerons-nous ? Cela n'empêche pas de penser la préférence locale et c'est ce que nous entendons poursuivre dans EGALIM.

🗞 Retrouvez l'entretien complet dans La Dépêche du Midi

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