🎙 « Ce G7 était un événement important, par lequel la France a retrouvé sa place et sa vocation dans la diplomatie du monde. »

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François Bayrou était l'invité de Guillaume Durand ce matin sur Radio Classique. Nous vous invitons à découvrir cette interview.

Bienvenue François Bayrou, vous avez été le spectateur attentif de ce G7, vous en tirez quelle conclusion ?

C'était un événement très important et un événement par lequel la France a retrouvé, le rôle qui est le sien dans la vie internationale.

Cela faisait très longtemps que la France n'avait pas été de cette manière au premier rang, active sur les grands sujets qui font la vie internationale et donc cela a été, pour beaucoup de Français, j'en suis sûr ou en tout cas pour tous les observateurs, pour les responsables politiques, la preuve que la France avait de nouveau le rôle clé qui est sa vocation dans la diplomatie du monde.

Vous avez l’habitude des rentrées politiques depuis des années François Bayrou, comment peut-on expliquer le silence général de la classe politique ? C'est la première fois depuis des années ; il y a toujours des universités d'été, des rentrées politiques divergentes où les gens ont tendance à s'affronter y compris sur le plan social, on va parler des retraites tout à l’heure. Là, finalement, c'est une sorte de silence approbateur de tout le monde ou pas ?

En tout cas, il était attendu au tournant. Vous voyez bien que la plupart de ceux qui participent au forum national, à la vie politique telle qu'elle se déroule sur vos antennes, attendaient que le G7 soit en réalité l'échec qu'ils prévoyaient. Et c'est le contraire qui s'est passé, c'est-à-dire que le Président de la République est apparu comme celui qui faisait bouger les lignes entre les grands pays du monde. C'est très important car, pour moi en tout cas et je suis sûr pour vous aussi, ceci est la vocation de la France.

Dans l'histoire de la France, dans son identité, dans son ADN, comme on voudra il y a cette idée que la France n'est pas un grand pays par le nombre, mais c'est un grand pays par la voix.

C'est un grand pays qui peut s'adresser aux plus puissants de la planète et faire que des points de vue nouveaux soient entendus et se rapprochent.

On est en train de renouer avec une « geste » gaulliste ou même le discours de Dominique de Villepin à l'ONU ?

Oui, la « geste », comme vous dites, la grande histoire française qui fait que le poids d'un pays ou la voix d'un pays ne se mesure ni au nombre de millions de ses habitants ni au PIB. Cela se mesure à la force du message.

Ce que le Président de la République, au nom de la France, a apporté sur l'Iran, sur les relations internationales sur le commerce international, sur ce qui se passe en Amazonie, oui c'est vraiment très important.

Je suis sûr que beaucoup de Français ont le sentiment qu'enfin il n'y a pas que des mots, enfin il n'y a pas que des postures, il y a quelque chose d'autre qui est en train de bouger à l'initiative de la France.

Est-ce que vous avez l'impression qu’Emmanuel Macron, car vous l’avez probablement eu au téléphone, d’abord, est-ce que vous l’avez eu au téléphone pendant le Sommet ?

Je n'ai aucune mémoire pour les contacts que j'ai avec le Président de la République, vous savez bien, j'oublie chaque fois !

Vous êtes dans le mensonge diplomatique ! Je dis cela avec…

Le sourire.

Le sourire, absolument. Avez-vous le sentiment que les Français sont entre en train de découvrir qu'ils avaient un patron après avoir considéré qu'ils étaient peut-être dirigés par un jeune homme trop arrogant ?

En tout cas, ce n'est pas si facile d'avoir, avec un pays, un échange tel que le pays vous reconnaisse dans la mission qui est la vôtre.

On sait bien que les débuts, de ce point de vue-là, sont difficiles, qu'il y a des réglages, des pas importants à faire.

Ce que je crois depuis longtemps, c'est que l'élection présidentielle a été une réponse profonde à une attente du pays qui, depuis des années et des décennies, ne parvenait pas à s'incarner.

Cette attente du pays, c'était que l'on ait un Président de la République qui sache à la fois reprendre le fil de l'histoire et s'occuper de la vie de tous les jours en ce qu'il faut que de nouvelles règles ou de nouvelles organisations viennent mettre le pays à l'heure du XXIème siècle.

Il fallait ces deux choses-là et il fallait que ce soit dans la simplicité, que l'abord, que les paroles, que la manière de parler, que la manière d'être soit le plus simple possible.

Donc, il y a quand même eu un changement d'attitude personnelle que vous percevez, en tout cas que vous avez peut-être conseillé.

Je pense que, oui, une nouvelle page est en train de s'ouvrir qui est une page dans laquelle, je le crois ont tout cas, je l'espère, les Français reconnaissent la mission du Président de la République qu'ils ont choisi et ils se rendent compte que ce que cet homme fait est à la hauteur de ce qu'ils attendaient.

Savez-vous s'il va aller, parce qu'on en parle beaucoup, notamment chez nos confrères d’Europe 1, au Congrès des Maires pour retrouver un dialogue avec les élus ?

Ce dialogue n'a pas été perdu.

Ira-t-il au Congrès des Maires ?

Dans tout l’épisode des gilets jaunes, tout le grand débat pour la France s'est passé avec les Maires ou a commencé par les maires ou a pris corps avec les maires.

Pourquoi ? Parce que les maires sont, et ce n'est pas parce que je le suis que je le dis,  au plus près des préoccupations de nos concitoyens.

Vous souhaitez qu'il aille à ce congrès ?

Oui, je pense que ce serait une bonne idée.

Deuxième question sur les retraites : vous avez entendu l'évolution annoncée hier, plus d'âge pivot mais on tient compte des cotisations pour arriver en 2025 à un équilibre et à un régime unique.

Évidemment, la grande question, c'est celle aussi des régimes spéciaux. Vous savez ce qui s'est passé en 1995. Avez-vous l'impression qu'en supprimant l'âge pivot on va faire accepter la suppression des régimes spéciaux ?

Le Président de la République a dit, en fait, trois choses hier.

La première, c'est qu'il y a des situations professionnelles, il a parlé des enseignants, des infirmières, d'un certain nombre de fonctionnaires pour lesquels, si on changeait brutalement la règle, alors, la situation changerait très brutalement et de manière très injuste car comme vous le savez il y a des questions qui tiennent à ce qu’est la définition du salaire, ce qu'est l'intégration des primes.

Tout ceci, il faut absolument le traiter et le traiter dans une négociation.

Et, il a dit qu'il fallait que ce soit juste, avec un temps de latence ou de mûrissement qui doit être fixé.

Ensuite et, deuxièmement, il a dit que ce serait le fruit d'une négociation. Je trouve que c'est une bonne idée que tout le monde soit engagé dans la réforme des retraites nécessaires pour le pays.

Il y a une troisième chose qu'il faut prendre en compte, c’est que la préoccupation des pouvoirs publics dans la réforme des retraites doit être axée, à mon avis prioritairement, sur le maintien du niveau des retraites.

La préoccupation des pouvoirs publics dans la réforme des retraites doit être axée, à mon avis prioritairement, sur le maintien du niveau des retraites.

Vous savez bien qu’il y a des inquiétudes qui s'expriment sur ce sujet or la responsabilité de ceux qui ont aujourd'hui entre les mains le destin des retraites, c'est que le niveau des retraites pour l'avenir ne baisse pas car ceux qui ont travaillé pendant toute leur vie professionnelle, qui ont charge de famille ont le droit d'avoir une visibilité sur l'avenir de leur retraite et il a dit une deuxième chose qui est que, ce qui compte le plus, ce n'est pas tant l'âge que la durée de cotisation.

Évidemment, quand vous avez commencé à travailler à 16 ans, eh bien vous avez droit de partir à la retraite plus tôt d'autant que ce sont évidemment assez souvent des situations professionnelles plus dures à porter, plus pénibles à assumer. Et donc la durée de cotisation, c'est en effet une manière d'aborder les choses qui, j’en sûr, peut faire l'objet d'un chapitre des négociations utile et fructueux.

Beaucoup de maires sont en train de quitter Les Républicains ou les maires Divers Droite, ceux d'Albi, par exemple d'Arnaud Péricard, de Saint-Germain-en-Laye, Karl Olive de Poissy etc. est-ce que le Modem serait prêt à les accueillir dans la perspective des municipales ?

J'ai une seule attitude en politique, je plaide pour le rassemblement. Je suis persuadé qu'il faut que l'on rapproche les points de vue et que l'on soit capable de réunir les efforts pour qu’en effet tout le monde participe à cette profonde aventure d'un pays qui veut ressaisir son avenir.

Dernière question importante dans un contexte très tendu avec le Brésil, puisque les Brésiliens viennent de refuser l'aide du G7, les 20 millions de dollars, que pensez-vous de l'attitude du président brésilien ?

Il y a eu dans cette attitude une vulgarité, une manière de s'exprimer et des sentiments trop bas pour que l'on en fasse une affaire internationale.

Je suis sûr, et j'ai vu beaucoup d'exemples depuis hier, que les Brésiliens eux-mêmes et les Brésiliennes ont été profondément choqués de la manière dont leur président s'est exprimé.

Ils peuvent considérer qu'on leur donne des leçons à tort.

Personne n'a donné de leçon.

Vous savez bien, on l’a vécu pour d'autres événements, nous les Français aussi, lorsque vous êtes à la tête d'un grand pays comme la France ou comme le Brésil, vous avez une double responsabilité, la responsabilité a l'intérieur de vos frontières et vous avez une responsabilité vis-à-vis du monde car une partie de ce qui se trouve à l’intérieur de vos frontières appartient au patrimoine mondial, patrimoine historique, on l’a vu avec Notre-Dame, au patrimoine environnemental, on le voit avec la forêt amazonienne.

Cette double responsabilité à l’égard de vos concitoyens et à l’égard du monde, c'est vraiment la mission même des responsables lorsqu'ils sont à la hauteur de leur mission.

Merci beaucoup.

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