François Bayrou dans Direct Matin : "Je veux proposer un autre destin au pays !"

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Quelques heures avant sa déclaration officielle de candidature, François Bayrou répondait aux questions du journal Direct Matin. Dans cette interview, il réaffirme son "positionnement central" et souligne que "la présidentielle n'est pas jouée, elle n'est même pas ouverte, tout commence".


Vous officialisez votre candidature. Quelle sera la tonalité de votre discours ?


Je vais m’adresser directement aux Français, leur montrer qu’ils sont les seuls décideurs de leur propre destin et les appeler au sursaut. Je veux leur dire l’essentiel de ce que je crois nécessaire pour le pays afin de toucher leur sensi- bilité, de répondre à leur inquiétude et de mobiliser leur volonté.

Comment vivez-vous cet instant ?


J’ai deux mots en tête : gravité, car la situation n’a jamais été aussi lourde depuis des décennies. Et aussi un certain bonheur. Entraîner le pays au sursaut, à se reprendre, c’est une heure de vérité, mais c’est aussi un moment de réalisation dans une vie.

Vous êtes candidat pour la troisième fois. Depuis 2007, vous est-il arrivé de douter ?

Jamais. Lorsque vous décidez de sortir des facilités et des privilèges du pouvoir, bien entendu, il y a des moments durs, de solitude, même si le commando de mes amis a toujours été là. Mais ces moments vous forgent pour la suite.

Lesquels ont été les plus durs ?

Il y en a eu en 2002, il y en a eu en 2007. Lorsque des élus importants sont partis rejoindre Chirac ou Sarkozy.

Vous leur en avez voulu ?


A certains moments, à certains mots, parfois. Mais maintenant, c’est derrière nous. J’avais la certitude d’avoir choisi le bon chemin, celui de la liberté, le seul qui permette un jour, parce qu’on a refusé toute compromission, de proposer au pays un autre destin.

Pas les échecs du Modem aux élections locales ?


Je sais depuis longtemps que l’élection présidentielle est la seule où l’on peut vraiment changer les choses. Au fond, il n’y a qu’une question qui compte : l’état de la France exige-t-il un changement profond ou peut-on continuer comme avant ? Ma certitude est qu’il faut un changement profond, d’idées, d’habitudes et d’attitude. Et ce changement les deux camps qui ont l’habitude de se succéder au pouvoir à intervalles réguliers n’en veulent pas. Pour y parvenir, il faut ne rien devoir à ces deux camps.

Avez-vous changé ?

Sans doute. Certes pas sur le fond. Ce que je croyais alors, je le crois encore plus fortement. Mais pendant longtemps, je me sentais en guerre contre tout le monde. Aujourd’hui, je suis plus apaisé. La réalité a tranché. Chacun voit maintenant qu’en 2007, j’avais raison. Mon avertissement contre l’endettement stupide et laxiste, tout le monde a aujourd’hui la preuve que c’était la vérité. Et puis une équipe s’est formée autour de moi. Certains très compétents et courageux qui ont traversé avec moi ces années de résistance. Et d’autres, nombreux et expérimentés, qui nous ont rejoints. Le point commun de tous ceux-là est qu’ils y croient. Ils ne viennent pas briguer un poste. C’est une équipe qui s’est forgée dans le creuset du désintéressement. Cela crée un climat de vraie sérénité.

Jean-Louis Borloo estime qu’il n’y a pas de «place politique pour un centre capable de gouverner»...


En effet, quand vous décidez de ne pas mener la bataille, il n’y a aucune chance de la gagner.

Vous appelez à un gouvernement «d’esprit d’union nationale». Même avec la droite ?


L’esprit d’union nationale est une nécessité vitale. La gauche comme elle est et la droite comme elle est ne peuvent pas y arriver. Vous trouvez cohérente la majorité Mélenchon, Joly, Hollande ? Ils sont en désaccord sur tout. A droite, vous voyez une majorité entre Sarkozy, ceux qui viennent du centre et ceux qui font les yeux doux à Le Pen ? La seule majorité cohérente, c’est la majorité du courage qui se formera autour d’un projet de relèvement de la France. Ceux qui y participeront seront ceux qui diront :    «Les problèmes ne sont pas ailleurs, ils sont chez nous.» Ce qui exclut les extrêmes. Mais les autres, les réformistes de toute sensibilité, devront prendre leurs responsabilités.

Comment fédérerez-vous ces sensibilités ?


Autour de trois thèmes que je résume par trois verbes : produire, instruire et construire une démocratie. Produire, parce que la France crève de ne plus produire ce dont elle a besoin pour vivre. Nous avons 75 milliards d’hémorragie de commerce extérieur, quand l’Allemagne affiche 150 milliards d’excédents. D’où ma proposition de redresser l’image de marque de notre pays, d’inciter les consommateurs à acheter français, de soutenir les très petites et moyennes entreprises. Instruire, parce que c’est le même sujet. Les grand pays qui produisent sont ceux qui ont articulé le savoir, la science, la technologie avec la production. Et aussi que c’est la liberté des enfants que de savoir lire. Enfin, construire la démocratie, pour que la France ait une classe politique qu’elle puisse enfin respecter et en finir avec ces affaires toutes plus sordides les unes que les autres qui sortent tous les jours. Le premier thème est difficile, le second accessible, le troisième facile.

L’Allemagne est-elle un modèle ?


L’Allemagne n’est pas un modèle, c’est un partenaire et une autre société. Mais elle a opéré un redressement spectacu- laire en seulement cinq ans. C’est la preuve que nous pouvons faire de même en France.

Quelle alternative à l’austérité ?


Si c’est l’austérité pour l’austérité, ce sera un échec. Les Français se décourageront. La politique d’équilibre que j’appelle de mes vœux doit être mise au service d’un nouvel élan. Souvenez-vous du programme de Clemenceau au plus noir de la guerre de 1914 : «Politique intérieure, je fais la guerre ; politique étrangère, je fais la guerre. Je fais toujours la guerre.» A l’époque, le pays s’effondrait. Et, d’une certaine manière, nous nous effondrons aussi aujourd’hui. Seuls les électeurs peuvent obliger les forces politiques démocratiques à se réunir pour sortir notre pays de son drame.

Le futur traité européen va-t-il mettre fin à la crise ?


C’est une blague. Il faudra des mois avant de le signer. Qu’attendait-on de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel ? Un mécanisme crédible pour venir en aide aux pays exposés au surendettement dans la zone euro. Mon opinion est qu’il fallait aider les pays à faire face à leurs dettes, leur offrir des taux abordables et adopter avec eux un plan de redressement exigeant. Le principe sur lequel ils se sont soi- disant mis d’accord, celui des sanctions, il est déjà dans les textes votés. Et la vraie sanction, ce sont les taux qui explosent.

Nicolas Sarkozy va tenter de faire voter la règle d’or...

Que ne l’a-t-il fait depuis des mois ! J’ai proposé plusieurs fois à Nicolas Sarkozy de mettre les forces politiques devant leurs responsabilités.

Mitterrand et Chirac ont été candidats trois fois avant de l’emporter. Cela vous inspire ?

Entre sa première candidature et sa victoire, François Mitterrand a attendu 16 ans, Jacques Chirac 14 ans.    Pour moi, c’est seulement 9 ans. S’il faut retenir une chose, c’est qu’une élection présidentielle, cela ne s’improvise pas. Pour une telle campagne et une telle fonction, l’expérience est précieuse.

Redoutez-vous que la montée des extrêmes ne favorise un vote utile ?


Je n’ai peur de rien. Les Français sont plus libres que vous ne le croyez. Pour eux, la présidentielle n’est pas jouée, elle n’est
même pas ouverte. Tout commence.

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