📻 Réécouter François Bayrou, invité de France Info ce mercredi 22 avril

François Bayrou, président du Mouvement Démocrate, était l'invité de Marc Fauvelle et Renaud Dély dans la matinale de France Info, ce mercredi 22 avril, à 8h30.

Voici quelques extraits de l'émission :


 

Retrouvez ci-dessous la retranscription de l'émission :

Bonjour François Bayrou.

Bonjour.

Les élèves rentreront donc les uns après les autres à partir du 11 mai prochain dans un peu moins de trois semaines par petits, groupe pas plus de 15 élèves par classe. Est-ce le bon choix qui a été fait par Jean-Michel Blanquer ?

Je pense que l'on peut faire confiance à l'administration de l'Éducation nationale, ils ont beaucoup travaillé, ils ont beaucoup réfléchi avec les organisations syndicales je pense et, donc, comme consigne générale, je pense que l'on doit leur faire confiance et que l'on ne doit pas remettre en cause leur travail.

Simplement, je voudrais leur faire passer un message très simple.

Il faut faire confiance au terrain. La situation n'est pas la même selon que vous vous trouvez dans une région très atteinte par cette épidémie, je pense par exemple au Grand Est ou à la Région parisienne ou bien dans des régions qui ont eu la chance de ne pas être touchées comme d'autres et d'être relativement à l'abri.

La situation n'est pas la même, on l'entendait à l'instant, selon que vous êtes dans un village dans le milieu rural avec une densité de population légère, selon que vous avez une petite école à une, deux ou trois classes ou selon que vous êtes dans un centre scolaire urbain. Ce n'est pas la même chose.

Il faut que les deux acteurs principaux de cette reprise, en tout cas je pense à l'école primaire, qui sont les directeurs d'école et les enseignants et les maires des communes, il faut qu'ils travaillent ensemble et que la souplesse que le ministre annonce soit réelle, que l'on n'essaie pas d'appliquer la même règle partout car les situations sont extrêmement différentes.

Que fera le maire de Pau par exemple, François Bayrou ?

Le maire de Pau va mettre en place toutes les mesures de protection nécessaires.

Toutes, c'est-à-dire que nous aurons des masques pour ceux qui le souhaitent, nous aurons du gel hydro alcoolique à toutes les entrées, à toutes les sorties, j'allais dire à toutes les portes de l'école, nous aurons une organisation des flux des entrées des sorties pour que l'on ne se croise pas et qu'il n'y ait pas des difficultés, mais sans perdre de vue que, ce que disent les épidémiologistes, la population la moins sensible au virus, celle qui est la moins atteinte et qui le transporte le moins, ce sont les enfants.

De l'autre côté de la classe, il y a aussi les enseignants.

Et les enseignants étant avec les enfants sont, d'une certaine manière, eux aussi dans cette zone de moindre inquiétude.

En tout cas, on va travailler avec eux, il reste deux semaines et demie et encore davantage puisque la rentrée sera étalée dans certains centres, on va mettre en place toutes les précautions.

Pour ma part, je ne crains pas ce qui va se produire. Je pense que nous sommes tout à fait en mesure, notre pays est tout à fait en mesure, notre système scolaire est tout à fait en mesure, nos élus locaux sont tout à fait en mesure de résoudre cette question qui est évidemment une question clef.

Vous avez entendu, quelques minutes avant votre émission sur votre antenne, une jeune femme qui disait : « j'ai deux jumeaux, ils sont en petite section, ils n'en peuvent plus, ils ne tiennent plus à l'intérieur de l'appartement, on ne sait pas quoi leur faire faire. »

Il faut aussi penser que, de la part d'un certain nombre de familles, il y a une urgence à trouver ou à retrouver le cours normal de la vie. Je ne pense pas seulement à la vie professionnelle, mais je pense à la vie familiale. Il y a cet équilibre à trouver entre l'école et la maison. Et je suis persuadé qu'on peut le faire pourvu que l'on fasse confiance au terrain et que, d'une certaine manière, on rompe avec cette habitude française que je trouve déplorable que tout soit enfermé dans la même règle, la même norme, les mêmes obligations, car les situations sont extrêmement différentes.

La parole aux territoires, aux maires, aux départements et aux régions.

Vous évoquez la situation extrêmement différente selon les régions, certaines ont été frappées de façon beaucoup plus forte et d'autres beaucoup moins par l'épidémie, ce que vous décrivez, cette confiance au terrain que vous évoquez, cela plaide pour un déconfinement par région.

Faut-il régionaliser le déconfinement ? Ce qui n'est pas pour l'instant la voie choisie par le gouvernement ?

On aurait pu l'imaginer.

Vous l’auriez souhaité ?

Peut-être qu’on pourrait imaginer encore plus de souplesse. Il y a beaucoup d’initiatives locales.

On peut encore prendre cette décision aujourd’hui, nous sommes encore à trois semaines du déconfinement par région.

On peut, le ministre Jean-Michel Blanquer a dit qu’il y aura beaucoup de souplesse. Faisons jouer cette souplesse, car vous dites« régions », mais il y a des régions immenses avec des départements qui sont dans des situations extrêmement différentes.

Il faut se rapprocher le plus possible des situations locales.

J'ai été - et peut-être vous aussi - très choqué par quelque chose que l'on a appris hier. C'est qu'il y avait à Beauvais un EHPAD dans lequel les personnels, les aides-soignantes en particulier, infirmiers ou infirmières, avaient décidé que, pour favoriser la santé physique et aussi la santé morale des résidents, ils allaient partager leur temps et se confiner deux semaines avec les résidents chacun son tour.

Ils ont pris cette décision après un contrôle de l'inspection du travail.

Non, ils avaient pris cette décision avant.

Pardon, la décision d'abandonner le confinement avec les résidents.

Ils l'avaient mise en pratique, c'était leur initiative et l'inspection du travail est venue et leur a dit : Non, ce n’est pas la règle, ce n’est pas la norme, ce n’est pas la loi, vous n'avez pas le droit de faire cela.

Je ne comprends pas cette espèce de rigidité là.

Il faudrait que cette inspection du travail, et d'autres, comprenne qu'au-dessus de la règle, de la norme, du texte écrit, il y a une autre loi beaucoup plus importante qui est la loi de l'humanité et des initiatives que l'on prend pour se tendre la main.

À la mairie de Pau, nous avons mis en place une plate-forme où les habitants peuvent appeler pour rendre service à leurs voisins. Il y a eu plusieurs centaines de propositions de personnes qui se sont proposées pour, apporter le repas aux voisins, faire des courses, leur rendre service.

Il y a des trésors d'initiatives, des mines d'initiatives d'inventions de services, de mains qui se tendent, d’envies d'être solidaires avec ses plus proches et c'est cela qu'il faut prendre en compte et aider.

Je trouve que l'organisation française qui est tellement centralisée, tellement uniforme, de ce point de vue - on l'a vu du point de vue de la santé avec l'Allemagne par exemple - en comparant l'Allemagne, il y a beaucoup de leçons à tirer de cette crise si grave que nous sommes en train de vivre.

Aujourd’hui, en Allemagne, ce sont les Landers qui décident d'imposer notamment le port du masque dans le transport.

On va en parler avec vous dans un instant si vous voulez bien, François Bayrou, du port du masque obligatoire ou non dans la rue ou à l'école dans les jours où les semaines qui viennent.

Interruption fil info….

Vous nous avez dit, il y a quelques instants, que vous distribuerez des masques aux familles, aux enfants, aux jeunes Palois, pour leur retour à l'école.

Faut-il le rendre obligatoire à l'école partout où elles vont rouvrir ?

Nous allons faire mieux que le distribuer à l'école. Nous allons proposer, distribuer des masques à tous les habitants de la ville - nous en avons commandé 500 000 - et de l'agglomération et, si nous pouvons, nous irons vers l'ensemble du Béarn, toute la région dont Pau est évidemment le centre.

Il y a cette nécessité en effet de n'être pas sans armes en face de ce qui se passe.

Avec obligation de les porter à l'école, par exemple ?

Laissez faire les enseignants.

Donc chaque enseignant décidera dans sa classe ?

Chaque enseignant, chaque école essaiera.

Et dans la cour de récréation, il se passe quoi ?

La première chose, la plus importante, c'est que l’école apprenne aux enfants les distances de sécurité, ce que l'on appelle les gestes barrière, en tout cas les gestes de prudence qui doivent devenir pour les enfants - et ils apprennent très vite - une règle, y compris une règle qu'ils transmettront à leurs parents, à la maison car cela joue dans les deux sens.

Cela, c'est le plus important.

Sur les masques, je pense que l'urgence, l'endroit où ils devront être rendus obligatoires à mes yeux, ce sont les transports en commun.

Donc pour venir à l’école, pour un tiers des enfants aussi puisqu’un tiers des enfants prend les transports en commun le matin que ce soit un métro, un bus.

Bien sûr, tous ceux qui vont au collège, au lycée.

On l'a bien vu avec l'épisode du Charles de Gaulle, du porte-avions dans lequel plus de la moitié des marins ont été contaminés.

On voit bien que les lieux où se trouvent ensemble, dans une atmosphère confinée pour le coup, dans une atmosphère fermée, des personnes dont certaines peuvent être atteintes, en bien, c'est forcément un endroit où il faut se protéger davantage.

C’est pourquoi je plaide pour les masques dans les transports en commun.

Sur cette question des masques, cette question de l'acheminement, de l'approvisionnement en masques qui occupe les Français depuis plusieurs semaines, vous avez évoqué des ratés, des défaillances.

C'est lié à quoi ? À cette centralisation de l'État ? À un manque d'anticipation du gouvernement ?

C'est lié à cette habitude française, cette structure de la société française qui fait qu'on attend tout de l’État et on croit que l'État peut avoir réponse à tout.

Or, ce qui s'est passé dans cette épidémie, c'est que l'on n'avait pas rencontré un épisode de cet ordre depuis des décennies, on l'avait craint à la fin des années 2000 et, finalement, cela ne s'était pas produit, avec la grippe H1N1, en tout cas elle n'avait pas eu la gravité que l'on attendait.

C'est aussi parce que l’État et le gouvernement, souvent, essaient de faire croire qu'il a réponse à tout.

Oui, c'est humain. Je ne connais pas un responsable, même à Radio France, qui ne prétende pas qu'il a réponse à tout et qu'il fait tout bien !

Mais ce sont parfois les mêmes aujourd'hui qui réclamaient la démission de Roselyne Bachelot il y a quelques années quand elle avait fait des stocks de vaccins ou de masques qui, aujourd'hui, disent : On a été imprudents.

Bien sûr, ils ne disent même pas qu’ils ont été imprudents, ils reprochent au gouvernement de ne pas avoir fait ce dont ils accusaient le gouvernement précédent.

Je voudrais mettre le doigt sur un point.

Une des faiblesses - j'ai souvent dit cela mais je veux le répéter devant vous - de l'organisation du pouvoir en France, c'est que nous n'avons pas de structure qui soit suffisamment prise en compte et respectée pour essayer d'imaginer ce que l'avenir pourrait être, essayer d'imaginer les crises que l’on a rencontrées.

Par exemple, sur cette épidémie-là, il y a eu un Livre Blanc de la défense à la fin des années 2000 qui envisageait très clairement, quasiment dans les propres termes que ce que nous avons vécu, une épidémie virale qui pourrait toucher la population.

Bon, c'est écrit dans un Livre Blanc et plus personne n’y a fait attention. Or, l'idée que l'on devrait avoir dans un pays comme le nôtre une organisation, y compris n'étant pas sous les ordres du gouvernement - j'ai proposé qu'elle soit auprès du Président de la République car c'est lui qui a l'avenir en charge, en tout cas celui qui a la fonction qui a le plus l'avenir en charge - que l'on ait une mission qui soit chargée de réfléchir non pas en termes de jours, comme on le fait dans la communication habituelle, ni en termes de semaines, ou de mois, mais en termes d'année et de décennies pour dessiner les risques que nous allons rencontrer, cette organisation n'existe pas en France, elle avait existé après la guerre, c'était au fond le rôle de ce que l'on appelait le Commissariat au Plan.

C'est la planification souhaitée par Jean-Luc Melenchon.

Je ne dis pas que c'est la planification, c'est la réflexion partagée sur les risques et les chances que l'avenir nous offre.

Et donc, cette réflexion qui n'est pas dans les habitudes françaises, vous voyez bien comment cela fonctionne, y compris grâce à vous ou à cause de vous. On fonctionne de l’heure à l'heure ou de la minute à la minute, ce sont des réactions immédiates, mais il n'y a pas cette manière d'envisager l'avenir sur le plus long terme, une manière de mobiliser les énergies, une manière de dire : Voyons, si cette hypothèse se vérifie, si ce risque se produit, que fait-on ?

Et avoir en effet des plans de mobilisation. Si cela avait été le cas, alors on se serait trouvé dans une situation tout à fait différente dans laquelle on aurait dit : Il y a des secteurs de production qui sont cruciaux pour notre santé, des médicaments que l'on doit fabriquer chez nous, des équipements que l'on doit produire chez nous.

Regardez, par exemple dans un très grand nombre d'établissements, on a eu de grandes difficultés avec les masques. À Pau, nous nous y sommes pris 15 jours à l'avance pour trouver des masques et nous en avons trouvé, ce qui fait que non seulement l'hôpital public, mais les cliniques privés, les généralistes, les infirmiers et infirmières ont eu et vont avoir des masques.

Vous vous souvenez de cette vielle maxime : Gouverner, c'est prévoir.

Gouverner, c’est choisir aussi et ce ne sont pas les choix qui ont été faits ces dernières années.

François Bayrou, les enfants vont retourner à l’école dans les semaines qui viennent, est-ce que les croyants doivent pouvoir retourner dans les églises, les temples et les mosquées, ce qui pour l'instant n'est pas prévu avant le mois de mai ou juin ?

Je fais confiance aux relations entre les différents responsables des cultes et l'État, le ministère de l'Intérieur qui en est chargé, le Président de la République.

Je pense que, la foi, c'est très important pour ceux qui l'ont, mais je suis aussi pour la séparation entre la foi et la loi, entre la foi et l'État.

Mais, là, il y a une question de santé publique qui se pose aussi, cela ne peut pas être pris dans chaque temple, dans chaque mosquée, dans chaque église.

Absolument, il y a des règles, il faut respecter les règles.

On va tenter d'envisager l'avenir avec vous, la question de cette sortie de la crise économique.

Interruption fil info…

Il y aura un débat les 28 et 29 avril au parlement sur le traçage numérique des malades envisagé à la sortie du confinement à travers cette application Stop covid-19 que le gouvernement envisage de mettre en place et ce débat sera finalement suivi d'un vote, Édouard Philippe l’a annoncé. Est-ce que vous, François Bayrou, vous êtes favorable à la mise en œuvre de cette application et ce traçage numérique des malades et est-ce que, vous-même, vous êtes prêts à télécharger cette application si elle rentre en vigueur ?

À la question est-ce que je suis prêt à la télécharger, la réponse est oui.

La première question que je me pose, c'est : Est-ce que cela marche ? Est-ce que c’est utile ?

À cette question-là, il faut apporter une réponse. Ce que je vois, c'est que, dans les pays qui ont fait reculer l'épidémie, la Corée par exemple, ce suivi existait et permettait de mettre en alerte les gens qui avaient rencontré des personnes contagieuses.

Je trouve que ce n'est pas absurde. Après, est-ce que techniquement on a la réponse ?

C'est la première question que je me pose.

Est-ce qu’il y a une menace sur nos libertés publiques à vos yeux ?

Je ne le crois absolument pas. Je connais des gens que j’aime beaucoup, que j'estime beaucoup, François Sureau par exemple, qui s'en émeuvent, mais ce n'est pas mon point de vue.

J'ai vécu, comme quelques maires, exactement le même débat lorsque nous avons mis en place à Pau la vidéo protection.

Il se trouve que, quand j'ai été élu, il n'y avait pas une seule caméra dans la ville et on a connu hélas des drames absolument épouvantables, celui de ce petit garçon qui a été enlevé, assassiné, découpé en morceaux et que toute la France a suivi à cette époque. Or, il n'y avait pas une seule image, on n'a pu le voir que sur la caméra d'une banque.

Je pense que ce que l'on doit aux habitants, aux concitoyens, c'est cette protection-là, que l'on puisse suivre des drames.

Nous avons mis en place la vidéo protection. Il y a eu à l'époque des attaques, des débats en disant : « Vous n'allez pas respecter la vie privée, c'est scandaleux. »

Depuis la mise en place de la vidéo protection, je n'ai jamais entendu une seule personne se plaindre et j'ajoute que je n'ai jamais entendu une seule fois une remontée des services de police municipale disant : « Attention, on a vu M. Untel ou Mme Unetelle ». En aucune manière et jamais. Et, la preuve, c'est que nous sommes saisis à peu près une fois par semaine par la Procureure de la République qui nous demande de mettre à disposition des services les images pour résoudre les agressions, les délits de fuite, fade, hélas parfois cela va jusqu'à la mort des personnes, et cela a résolu beaucoup d'affaires sur lesquelles on ne trouvait pas les réponses.

Donc je crois qu'il y a une crainte, il faut y faire attention, car ce sont des principes de liberté publique, mais je crois que cela ne met pas en cause la liberté individuelle et le respect du droit.

Le gouvernement a mis en mode pause pour l'instant la réforme des retraites. Est-ce que vous imaginez un instant qu'elle soit adoptée et qu'elle entre en application d'ici la fin du quinquennat ?

Je ne crois pas que ce que nous allons vivre à la sortie ou pendant les longs mois de sortie de cette immense crise ressemble à ce que nous avons connu avant.

C'était le monde d'avant, la réforme des retraites ?

Il y a beaucoup de monde qui croit que l’on va reprendre les choses comme avant. Moi, je ne le crois pas. La crise économique dans laquelle nous allons entrer, c'est la plus grave que l'on n’ait jamais vécue, elle est plus grave à mon avis que celle de la fin des années 30 en 1929. C'est une crise qui va avoir des conséquences sociales très importantes pour les entreprises et l'État a raison de tout faire pour les sauver, pour mettre les entreprises à l'abri de l’effondrement qui risquerait de ruiner l'ensemble du pays.

Sur la réforme des retraites, il faut donc abandonner, si on vous écoute bien ?

Ceci est extrêmement lié. La question qui se pose, c'est : comment faire pour créer l'unité nationale qui va nous permettre de soutenir l'effort du pays pour sortir de cette crise ?

Cela va être un effort sans précédent, cela va être des décisions à prendre, des remises en cause. Il faut, pour que cet effort soit le plus efficace possible, que le pays soit le plus uni possible. Quand on veut cultiver l'unité, on essaie de mettre de côté les sujets les plus polémiques, ceux qui créent des divisions. On les traitera après.

Après, c'est quand ? C'est d'ici à la fin du quinquennat ou pour le suivant ?

Je ne sais pas parce que je ne sais pas combien de mois, d'années peut-être, va prendre la sortie de cette crise.

Ce que je crois, c'est que ce que nous allons vivre est absolument sans précédent, inédit et, de ce fait, évidemment à la fois inquiétant, offrant des chances que, pour l'instant, nous n'avons jamais su saisir de remise en cause de tout ce qui nous freine et nous bloque dans la société française, offrant des chances, mais aussi présentant d'immenses risques.

Pour bâtir cette unité nationale que vous évoquez pour le monde d’après, ce qui est valable pour la réforme des retraites que vous venez de décrire, c'est valable aussi pour la réforme de l'assurance chômage ? On sait que les nouvelles règles ont été suspendues pour l’instant par le gouvernement pour l'automne. Il faut aussi enterrer cette réforme de l'assurance-chômage ?

Je ne dis pas enterrer, car on va avoir des remises en cause très importantes, mais vous avez entendu les chiffres. Nous venons, mais il faut le dire avec suffisamment de force pour que ce soit entendu, venons de franchir la barre des 10 millions de chômeurs supplémentaires.

En chômage partiel un salarié du privé sur deux, à l'heure où on se parle.

Un chômage partiel qui, pour un grand nombre d'entre eux est un chômage presque à 100 %.

10 millions cela veut dire 100 000 par département moyen en France, cela veut dire plus de 50 % des salariés des entreprises françaises.

Alors, en face de cela, la question de la définition précise des règles, naturellement, cela doit être pris en compte, mais on est dans l'urgence.

Ce que nous avons à vivre, ce que nous avons à faire là, les décisions à prendre, la volonté de regarder l'avenir, de poser de nouveaux principes, cela s'impose à toute réflexion que l'on menait avant cette crise. On les reprendra les réflexions, et peut-être sur des bases nouvelles. Mais ce qu'il faut aujourd'hui, c'est parer à cette urgence qui fait que la société française est en danger et les plus fragiles sont naturellement en première ligne.

Ce qui semblait urgent avant cette crise l'est, on l’entend à vos propos, beaucoup moins aujourd'hui, que ce soit sur la réforme des retraites ou celle de l'assurance-chômage.

Merci beaucoup.

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