📺 📻 François Bayrou, invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV

François Bayrou était l'invité de Jean-Jacques Bourdin ce jeudi 28 novembre à 8h35, sur BFM TV et RMC, dans l'émission Bourdin direct.

▶️ Pour revoir l'émission, cliquez sur ce lien. 

Bonjour, François Bayrou, Maire de Pau, Président du MODEM. 

Lundi, aux Invalides, 13 soldats morts au Mali. Sept des soldats tués au Mali vivaient à Pau ou autour de Pau, dans la région de Pau. À Pau, François Bayrou, les militaires sont aimés. 

Oui, c'est notre vie, c'est la vie de notre ville. Il faut savoir qu’il y a à Pau des unités militaires très importantes, par exemple, beaucoup de ceux qui y sont passés connaissent l’école des troupes aéroportées, l’école de parachutisme qui est une école au service de l 'Armée française et de beaucoup d'autres armées européennes. 

Et puis, il y a aussi la plus importante base d'hélicoptères de combat de toute l’Europe, avec plusieurs unités, là encore, et c'est une base qui va devenir absolument stratégique dans les années qui viennent.

Et puis, il y a les forces spéciales qui ont évidemment une présence discrète, mais extrêmement professionnelle et toutes ces unités vivent ensemble dans la même ville, dans le tissu de la même ville et avec une reconnaissance et une affection. 

Tout le monde connaît leur importance et en même temps, il y a comme une intimité. Leurs enfants dans les écoles, leurs épouses ou compagnons, parce qu’il y a aussi des jeunes femmes qui sont dans ces unités qui sont dans la vie associative. Cela a fait, vous imaginez bien, une immense émotion dans le rassemblement auquel j'ai appelé, uniquement par le bouche-à-oreille. Il y avait 1 000 personnes devant la mairie à 19h, parce que la ville avait besoin d’exprimer son émotion, sa tristesse et j'ajoute, sa reconnaissance à ceux qui ont donné leur vie. 

« Ces 13 hommes n'avaient qu'un seul but nous protéger » disait hier Emmanuel Macron qui devrait préciser, dans les semaines à venir, sa stratégie pour le Mali. Hier matin, Alexis Corbière était à votre place. Il relayait les propos de Jean-Luc Mélenchon sur la présence militaire française au Sahel. « Il faut ouvrir le débat » disait-il sur cette présence, était-ce le moment ?

Je ne veux pas juger de déclaration biaiseuse. 

La France doit-elle changer de stratégie ? 

Je sais une chose avec certitude, quand cette opération a été lancée, à l'époque, c’est François Hollande qui était Président de la République. Quand cette opération a été lancée, il ne restait que quelques heures avant que le Mali ne tombe entre les mains des djihadistes, que l'État malien…

Je ne sais pas si vous mesurez ce que voudrait dire, non seulement pour cette région, mais pour le monde et pour nous, spécialement nous, occidentaux européens français, ce que cela voudrait dire de voir un mouvement dont le but est la déstabilisation de tout ce que nous sommes, de nos sociétés, de nos systèmes de valeurs, de nos économies au profit ou au bénéfice de leur vision complément sectaire.

L’installation d’un califat. 

Cela voudrait dire qu’un Etat, reconnu membre des Nations Unies, devienne le porte-parole de ces mouvements la. Vous croyez que l’armée française est là-bas uniquement pour les Maliens qui veulent sauvegarder leur Etat ? En partie, parce que c'est crucial, mais elle est là-bas pour nous. Ces soldats sont là-bas pour notre société, pour nos enfants.

Donc, pas question d’envisager le départ de nos troupes, pour l’instant ?

Le jour où sera établi un Etat au Mali, capable d'assurer l'ordre et la sécurité sur son sol, capable de garantir dans les relations internationales qu'il n'y a pas de mouvement terroriste qui s'est implanté et qui rayonne à partir de là. 

Mais depuis 6 ans, François Bayrou, depuis 6 ans, nous sommes là-bas.

Eh bien, il arrive quelquefois que l’on doive assumer la défense de ce que l’on a de plus précieux, loin de nos frontières et chacun des soldats qui est là-bas le sait et chacune des familles le sait. Ne croyez pas qu'ils aient le sentiment d'être éloignés des préoccupations qui sont les nôtres. Ils sont en première ligne pour ce que nous avons de plus précieux à sauvegarder et à transmettre.

François Bayrou, la colère sociale le 5 décembre, pensez-vous que la mobilisation sera forte le 5 décembre ?

Beaucoup de gens disent oui. Moi, ce que je sens…

Vous la sentez ? Vous avez connu d’autres mobilisations, notamment celle de 95…  Comparable ?

Pas du tout comparable. En tout cas, pour moi ou je peux vraiment me tromper. Tout le monde réagit avec ses intuitions. 

Ce que je sens moi, c'est que beaucoup de Français réfléchissent. J'ai assisté, précisément à Pau, à un débat organisé par Sud-Ouest, journal régional que vous connaissez bien, pour que le Premier ministre et le haut-commissaire chargé des retraites viennent s’expliquer sur les retraites. 

C'est un débat dont j'attendais, parce que tous ceux qui l’ont voulu ont pu s'inscrire. J'imaginais qu’il allait être tendu et extrêmement difficile, cela n'est pas du tout cela qu’il s’est passé. Les gens se sont mis à réfléchir ensemble, à dire : « mais cette orientation-là que vous donnez ‑on va y revenir dans une seconde… 

Oui, on va y revenir. 

… elle nous convient ». Sur ce point, on a des inquiétudes comme s'il y avait une prise de conscience de la société française, une prise de conscience de chacun pour lui-même de ce que cette question des retraites signifie pour l'avenir.

Alors parlons-en, le calendrier est précisé depuis hier par le Premier ministre. Nous aurons apparemment la réforme, dans ses détails, vers la mi-décembre et au Parlement, discussion au mois de janvier. Que savons-nous ? Nous ne savons pas grand-chose, pour l’instant. Est-ce que, justement, parce que nous ne savons pas grand-chose, cela réveille toutes les inquiétudes ? Est-ce que le Gouvernement n’a pas trop tardé et ne tarde pas trop à révéler la teneur de cette réforme ?

Vous savez les gens qui, derrière un micro, à l'aise dans un studio, nous le sommes vous et moi, donnent des leçons aux gouvernants en disant : « Y a qu’à » et « faut qu’on » ou « Y aurait eu qu’à » et « faudrait qu’on », vous voyez bien que ce n’est pas du tout mon genre. Ce n'est pas du tout ce que j’ai l'intention de faire.

On sait très bien ce que sont les principes. Le premier principe, c’est qu'il y a en France dans la société française, une question autour des régimes spéciaux.

Oui, donc il faut une fin à ces régimes spéciaux ? 

… un sentiment d’injustice. Je vais citer cet exemple qu’a déjà cité le Premier ministre, entre le chauffeur de bus à Paris et le chauffeur de bus à Pau, ou au Havre disait-il, les deux villes dont nous sommes maires, entre ces deux chauffeurs-là, c’est le même métier, ce sont les mêmes difficultés, mais il y a 10 ans de différence pour l’âge de départ à la retraite. Est-ce normal ? Est-ce que c’est juste ? 

Il faut supprimer ces régimes particuliers. 

Il faut que les Français aient l'assurance d’avoir un régime dans lequel le même travail ouvre les mêmes droits. 

Ce sont des privilèges qu'il faut supprimer. 

Je ne veux pas dire cela, parce que cela a été fait après la guerre dans une ambiance particulière avec des mobilisations ou des rapports de force, notamment syndicaux… 

À partir de là… 

C'est la première chose. Au fond il y a deux inquiétudes. La première, on vient d’en parler, ce sont les questions de justice. Qu'est-ce qui est juste ? Qu’est-ce qui n’est pas juste ? La deuxième inquiétude, qui est encore beaucoup plus forte, est est-ce qu’on pourra longtemps conserver des retraites ?

Ce que je constate, moi, c'est que les jeunes que je rencontre, les très jeunes, les 20 ans et quelques, pensent pour la plus grande majorité d'entre eux, qu'ils n’auront pas de retraite et vous voyez bien ce que cela fait dans un pays, l’idée que ce système de solidarité très important, parce que les retraités et les jeunes retraités en particulier, sont très investis dans la vie associative. 

On aura les élections municipales bientôt, je peux vous dire une chose, les équipes municipales ne fonctionneraient pas sans les jeunes retraités. Les autres sont très occupés par leur vie professionnelle. 

Cette nécessité de pouvoir se projeter dans l’avenir avec un sentiment de sécurité. Il y aura des retraites, elles seront préservées dans leur montant, dans leur pouvoir d'achat, parce que cela permet… Il y a des familles recomposées beaucoup, des gens qui refont leur vie tard, qui ont des enfants tard et des retraités qui aident leurs enfants. Cette nécessité de sécurité là est très importante et quand vous lisez les rapports qui sortent… d'ailleurs bizarres, parce qu’il y a quelques années, on nous disait qu'il n'y avait pas de problème et, aujourd'hui, on découvre qu’il y a des menaces même sur est-ce qu’on va pouvoir continuer à payer les pensions…

Vous comprenez les inquiétudes. Est-ce qu’on va devoir travailler plus longtemps ? Oui ? non ? 

Oui, forcément ! 

Les générations qui vont venir devront travailler plus longtemps, François Bayrou ?

Je ne sais pas combien d’années cette affaire prendra, mais il n’y a pas un Français avec du bon sens, ou un Français tout court, qui pense que l'on va pouvoir conserver la durée du travail la plus courte alors que la vie s'allonge et le nombre de cotisants baisse. Il faudra une adaptation au travers du temps. Cette adaptation, selon moi - ce qui est plus important que tout - c'est que l'on sauvegarde le niveau des retraites, parce que vous comprenez l'inquiétude…

Est-ce qu’il va falloir allonger ….

L'inquiétude profonde est que l’on entre dans la retraite et que les pensions s'effondrent en pouvoir d'achat. On a un danger, un risque pour la société.

D’après le Conseil d’orientation des retraites, le déficit du régime général entre 8 et 17 milliards € en 2025. Alors va-t-il falloir allonger la durée de cotisation avant 2025 ? C’est aussi l’une des questions posées. Qu'est-ce que vous en pensez ?

Je pense que ce qui est le plus important, c'est que l’on se mette d'accord sur un nouveau système de retraite pour que dans cinq, six, sept ou dix ans…

Mais à condition que les pensions ne baissent pas, c'est la grande inquiétude.

À juste titre, pas seulement sous la forme que les pensions ne baissent pas, mais sous la forme : « Est-ce que si on ne fait rien on pourra continuer à payer les pensions ? » C’est l'inquiétude majeure.

Vous soutenez à fond cette réforme.

J'ai beaucoup de questions sur les rapports que l’on nous donne. Si nous nous souvenons bien, vous et moi, il y a deux ans, un rapport disait qu’il n’y avait pas de problèmes pour l’équilibre du budget des retraites. On s'aperçoit, aujourd’hui, que l’on nous dit qu’il y a entre 9 et 17 milliards €.

De déficit en 2025.

Soit entre 9 000 et 17 000 millions d’euros, parce que l’on donne des chiffres sans mesurer leur caractère apocalyptique. C’est la principale question donc, forcément, il y aura une question sur la sécurité pour l'avenir des régimes de retraite, mais il faut distinguer les deux questions. La première est de savoir si l’on veut un régime de retraite dans lequel le même travail ouvre les mêmes droits. Après, il y a les adaptations nécessaires : la pénibilité en est une, le fait que l'on ait commencé à travailler jeune également.

Que l’on ait eu des enfants, ou pas, c’est une adaptation nécessaire.

Tout cela est tout à fait gérable.

Ça c'est gérable, donc vous soutenez à fond cette réforme, François Bayrou. 

Si vous cherchez dans votre mémoire, vous verrez que j'en ai fait la proposition dans les élections présidentielles antérieures et même parfois bien antérieures.

Est-ce que le lien s'est un peu distendu entre les députés de La République en Marche et Emmanuel Macron ? Je lis ça, j’entends ça ou entre le MODEM et Emmanuel Macron… 

Non

Est-ce qu’il a commis une petite erreur en accordant un entretien à Valeurs Actuelles, selon vous ?

Je sais que des gens disent cela, moi j’ai une idée simple : quand on a des idées à défendre, on accepte de les défendre dans tous les supports de presse au travers desquels on considère que l’on peut s’exprimer.

Vous voyez bien qu’il y a dans la société française des sensibilités très fortes et très agressives parfois et le président de la République avait besoin de dire un certain nombre de choses. Il a choisi ce journal. Il n'y a rien d'infamant à s’exprimer dans un journal.

Vous le feriez ? 

Je n’ai aucune difficulté et je l’ai, d’ailleurs, déjà fait.

Le 6 décembre prochain vous serez entendu par les juges d’instruction du Pôle financier. Est-ce que des collaborateurs eurodéputés MODEM ont été rémunérés par des fonds publics du Parlement européen alors qu’ils travaillaient en fait pour le parti ?

Non et je n'en dirai pas plus.

Je ne suis pas juge d’instruction, ni vous ni moi, mais je suis journaliste.

Je répète ce que je vous ai déjà dit : ce n'est pas parce que l’on vous accuse de quelque chose que c'est vrai.

Il se trouve que, par respect pour l’argent public, par respect précautionneux, parfois même obsessionnel, des règles ; il y avait un certain nombre de collaborateurs qui avaient des contrats à mi-temps pour un parlementaire européen et à mi-temps pour notre mouvement. 

Mi-temps ? 

40/60, 30/70 de temps partiel. Qu'est-ce qu’il y a de répréhensible à cela ?

Mais ils étaient payés, pas à temps partiel, par le Parlement européen.

Pas du tout. 

Je vous pose la question : qui les payait ?

Ils étaient payés pour la fraction de temps par le Parlement européen et l'autre fraction du temps par notre mouvement.

Que cherchent les juges ? 

Il y a des calomniateurs. Vous en avez reçu un certain nombre récemment, des gens qui étaient des adversaires politiques, dont les plus nuisibles , vous savez, sont ceux qui ont été près de vous à une certaine époque.

Vous pensez à Corinne Lepage ?

Non je ne pense à personne.

Si.

Vous avez cela aussi dans les médias. 

François Bayrou, vous savez comment cela fonctionne.

Nous sommes deux à savoir comment cela fonctionne.

Une information BFM TV ce matin a révélé : en octobre 2017 les enquêteurs saisissent votre PC portable : échange de mails à propos d'un document secret que possèderait Corinne Lepage. Donc votre directeur de cabinet s’inquiète, paraît-il, dans ces mails. C’est vrai ou faux ?

Le contenu de ce mail est faux, ce n'est pas mon directeur de cabinet à l’époque il était collaborateur. Aujourd'hui il travaille avec moi. 

Qu'elle produise ce document, c'est que vous lui dites ?

C'est très simple ; que quelque qu'un - qui que ce soit - qui dit : « Vous m’avez fait signer un document mystérieux », qu'il le produise.

Il se trouve que je suis d'une culture ou l’on ne fait pas signer ce genre de document parce que la parole suffit. « Parole de maquignon vaut écrit de notaire » dit-on chez nous, la parole me suffit, il est vrai qu’il y a des personnalités sur lesquelles on n'est pas sûr que la parole soit très respectée.

Mais vous risquez la mise en examen. Vous resterez Maire de Pau si vous êtes mis en examen ?

Tout le monde est mis en examen, ou à peu près, dans la vie politique française.

Est-ce que vous resterez Maire de Pau, si vous êtes mis en examen ?

Vous ne voulez pas que pour une accusation fausse j'abandonne mes concitoyens ! C'est avec eux que je fais la vie. Je suis Maire de Pau jusqu'à fin mars prochain. 

Et peut-être après, vous serez candidat évidement.

Le jour où ma décision sera prise, ce n'est pas sur le plateau de BFM et de Jean-Jacques Bourdin que je le dirai. 

Vous êtes à Pau, pas à Paris. Quel est le candidat que le MODEM va soutenir à Paris, Benjamin Griveaux ? 

Franchement la situation à Paris n'est pas bien partie. On est dans une situation, à mes yeux, extrêmement déstabilisée, dans une situation absolument paradoxale.

Pourquoi ? Les Parisiens, dans toutes les enquêtes, veulent que Madame Hidalgo quitte la mairie et ils veulent une alternance à Paris. Ils trouvent que Paris n'est pas bien géré. Ils n'aperçoivent que divisions, qu’affrontements, et personnalités qui ne correspondent pas à ce qu’ils attendent.

Que faire ?

Il faut que tout le monde réfléchisse.

Que demandez-vous ?

Je ne demande rien. Je veux que l'on réfléchisse. Il reste peu de semaines pour essayer de trouver une situation plus stable.

Un nouveau candidat ?

Je ne veux pas m’exprimer sur ce point. Vous voyez que la situation n’est pas formidable.

Vous allez soutenir Benjamin Griveaux ?

Je sais que vous avez l'habitude de poser des questions sous forme d'oukase. 

Cela n'est pas des oukases mais des questions directes qui méritent réponse. 

Laissez-moi la liberté de dire que cela n'est au pas micro de Jean-Jacques Bourdin que cette question va trouver une réponse.

En même temps nous ne sommes pas à Pau, mais à Paris.

Non, nous sommes en France, parce que Pau est en France et Paris aussi.

Merci François Bayrou d'être venu nous voir ce matin.

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