"Il faut que l'Europe se fasse avec les peuples !"

Marielle de Sarnez était l'invitée de France Info vendredi matin. La vice-présidente du MoDem a salué le plan d'économie du gouvernement qui pour elle correspond à un "changement d'attitude de la gauche".

Le gouvernement défend son plan d’économies, une partie de la gauche s’y oppose, est-ce que vous, vous le soutenez ?

Il ne faut en tout cas pas s’opposer. C’est un changement d’attitude pour la gauche. On peut se demander si ce n’est pas trop tard, si les réformes structurelles sont bien présentes dans le projet. Ces questions sont parfaitement légitimes. En même temps, je fais crédit à Manuel Valls d’une attitude nouvelle. La gauche a toujours pratiqué des politiques dépensières et là, c’est le début d’un changement de logiciel, c’est-à-dire qu’on explique à la gauche qu’elle va devoir réduire la dépense publique. C’est tout à fait nouveau et je regarderai ça avec intérêt. Maintenant il faut que ça sorte du discours et que ça devienne concret. Cela étant dit, je trouve que l’attitude va dans le bon sens.

Que feront vos députés à l’Assemblée Nationale quand le plan de stabilité budgétaire arrivera devant les parlementaires ?

Le rôle du centre est d’avoir une attitude constructive et responsable même si nous sommes dans l’opposition. Ils vont en débattre entre eux mais je ne pense pas qu’ils s’opposeront à cette annonce de baisse de la dépense publique. Nous réclamons au Centre depuis longtemps, et François Bayrou le premier, une prise au sérieux de cette question de la dette et du déficit, donc leur attitude prendra en compte ces éléments et posera les questions qui leur apparaissent légitimes.

Une abstention ?

Pourquoi pas, ils vont en débattre.

Il y a des conséquences concrètes qui créent la zizanie dans ce plan. Je pense au gel des pensions de retraite, au gel du point d’indice des fonctionnaires, est-ce que le gouvernement doit revenir sur ces points là ?

Une revalorisation des petites retraites est nécessaire. Nous le disons depuis longtemps avec François Bayrou. Certaines petites retraites sont absolument indignes et je crois qu’il ne faut pas geler les petites retraites, c’est même le contraire qui doit être fait.

Cela remet en cause le plan d’économies !

Il faut de la justice, ce n’est pas raisonnable selon moi de geler les petites retraites. Nous devons conduire un certain nombre de réformes structurelles, c’est ça qui va manquer. Manuel Valls annonce des mesures qui vont à l’encontre de la « culture » de la gauche. « Pour faire mieux, dépensons plus », tel pourrait être le crédo de la gauche traditionnelle. S’il arrive à inverser cela, c’est une bonne chose. La droite aussi, n’a pas été au rendez-vous de ses responsabilités. Cela fait près de 40 ans qu’il n’y a pas eu un budget en équilibre en France. Ce combat, le Centre le mène depuis des années. Alors quand le Premier ministre annonce 50 milliards d’économies, j’attends de voir. Encore faudrait-il que ce plan s’accompagne de réformes structurelles.

Pour garantir sur le long terme les retraites, nous savons bien que la seule solution est de mettre en place la retraite par points. La droite a loupé ce rendez-vous. Que Manuel Valls aille dans ce sens est une bonne chose.

Pour les fonctionnaires, que proposez-vous ? On gèle le point d’indice ?

Si des efforts supplémentaires sont nécessaires, il faut les faire mais de manière juste. Dans un plan d’économies, il faut nécessairement arriver à dépenser moins pour dépenser mieux.

Dans cette affaire, il y aussi l’Europe, puisque le gouvernement s’est engagé à ramener le déficit public à moins de 3% du PIB l’an prochain…

Ce n’est pas pour l’Europe qu’on doit le faire mais pour nous ! Une famille ne peut pas dépenser plus que ce qu’elle a. On peut gérer mieux en gérant différemment. On a un Etat français surdimensionné, nous devons conduire un certain nombre de réformes.

Le Parti Socialiste veut revoir les règles budgétaires européennes, le traité de Maastricht, on remet tout sur la table après les européennes ?

Je suis en désaccord profond avec la culture politique française qui consiste à nier nos propres difficultés et à trouver un bouc-émissaire, en l’occurrence l’Europe. Nous avons en France nos propres difficultés, à nous d’y faire face. Le pêché originel c’est qu’à chaque campagne électorale, on n’a pas dit la vérité aux Français sur la situation difficile du pays. Les réveils sont dès lors plus difficiles et douloureux.

Je reste sur l’Europe Marielle de Sarnez, ça fait 15 ans maintenant que vous êtes députée européenne. Vous êtes à nouveau candidate d’ailleurs, tête de liste en Ile-de-France, dans un mois exactement : est-ce que cette Europe vous convient ?

Mais moi je crois profondément que l’avenir de la France ne peut s’inscrire que dans un avenir européen.

Et vous dîtes ça avec un grand sourire dans l’euro-scepticisme massif du moment.

Je crois profondément que l’Europe c’est une nécessité vitale si on veut préserver, nous Européens, notre façon de vivre, notre modèle de société, nos valeurs, notre modèle social…

Mais elle est rejetée cette Europe.

Quand vous allez en dehors de l’Europe, voyez le nombre de peuples qui regardent l’Europe avec envie. Nous Européens, on ne se rend pas compte de la chance que nous avons de vivre sur ce continent. Alors après, oui, on peut faire les choses mieux. Il faut que cette Europe devienne démocratique. Pour moi c’est le point le plus important…

Quelle est l’urgence pour vous ?

L’urgence est que cette Europe se fasse avec les peuples, et pas sans les peuples, que cette Europe ne se fasse plus entre spécialistes, mais qu’elle se fasse avec les peuples. C’est ça pour moi le plus important. Et que cette Europe soit un levier…

Qu’est-ce que c’est par exemple ?

Par exemple de croissance et d’emploi ! L’Europe doit se doter de nouveaux outils - en particulier en matière d’investissement – et il faut qu’elle se recentre sur l’essentiel, pour apporter un plus.

Mais sur la démocratie, vous dites plus de démocratie en Europe : qu’est-ce que c’est ?

Mais je dis que les peuples européens vont avoir l’occasion de choisir peut-être le futur président de la Commission en votant pour les uns ou pour les autres. Nous au Centre, nous soutenons par exemple Guy Verhofstadt, qui est un Européen absolument convaincu, qui a été pendant 10 ans Premier ministre belge…

Que les Français ne connaissent pas, c’est loin, c’est loin pour nos auditeurs.

Ils vont apprendre à le connaître, il parle le français évidemment, mais il est polyglotte, il parle toutes les langues européennes. Il aurait l’énergie et le dynamisme dont on va avoir besoin pour doter l’Europe de nouveaux instruments au service de la croissance et au service de l’emploi. Mais je vous dis simplement qu’au sein de la zone euro, il y a des pays qui avec les mêmes règles et la même monnaie s’en sortent très bien. Donc la France elle aussi, doit faire ses propres réformes.

Dans cette campagne l’UMP parle beaucoup d’immigration et envisage de suspendre les Accords de Schengen.

Je suis en désaccord avec ça. C’est toujours la question française, c’est toujours la question des boucs-émissaires : pour les uns c’est l’Europe, pour les autres c’est l’étranger, pour les troisièmes c’est la finance… Tout ceci n’est pas responsable.

Il ne faut pas revoir les règles d’immigration en Europe ?

Il faut une vraie politique de l’immigration européenne avec des quotas. Il faut, en conséquence, renforcer le contrôle des frontières : je suis pour la création de corps de douaniers terrestres, maritimes, aériens pour garder les frontières de l’Europe, avoir une politique européenne d’immigration avec des quotas ; réformer la question du droit d’asile. En France, vous avez des délais de 4-5 ans alors que vous avez d’autres pays européens avec des délais de 6 mois ; et avoir enfin une vraie politique de co-croissance avec l’Afrique.

Rapidement, le Front National est donné en tête par les instituts de sondage dans un mois, le 25 mai.

C’est aux Européens de se battre ! C’est aux Européens de rappeler que "notre horizon naturel c’est l’Europe", que l’Europe n’est pas une affaire de politiques étrangères, que l’Europe c’est nous, ce n’est pas quelqu’un d’autre. Il n’y a pas une décision qui se prenne en Europe que le gouvernement français n’ait pas validée.

 

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