Le 25 mai le choix est simple: voulons-nous plus ou moins d'Europe ?

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Invitée du journal de 13h de La Chaine Parlementaire, Marielle de Sarnez a réaffirmé l'importance du vote du 25 mai tout en exprimant son inquiétude face à la situation en Ukraine.

Brigitte Boucher : Bonjour Marielle de Sarnez, vous êtes tête de liste UDI-MoDem en Ile de France, vice-présidente du MoDem et vous avez co-écrit « l’Urgence Européenne » avec Sandro Gozi. La campagne des européennes est officiellement lancée aujourd’hui, 15 jours avant le scrutin. Tout cela ne commence t’il pas un peu tard pour un scrutin d’une telle importance ? 

Marielle de Sarnez : On devrait entendre et parler d’Europe tous les jours car l’Europe c’est notre quotidien, c’est notre horizon naturel. On s’inscrit dans cette logique comme tous les autres états membres de l’Union Européenne. L’enjeu du 25 mai est très simple, est-ce qu’on veut plus d’Europe ou moins d’Europe ? Veut-on être plus unis ou moins unis ? C’est la seule question qui se pose aux Français. A l’UDI et au MoDem, nous disons qu’il faut plus d’Europe et plus d’union. Croyez-vous réellement que séparément, seul, nous serions en capacité de faire face à nos concurrents ? 

B.B : D’accord, mais quelle Europe ? 

MdS : Il nous faut une Europe efficace et démocratique. J’en appelle à un véritable sursaut démocratique, il faut que les citoyens européens puissent choisir leurs dirigeants. Pour la première fois on assiste à une avancée dans ce sens puisqu’on va pouvoir choisir le président de la Commission Européenne. Je soutiens Guy Verhofstadt, homme du centre et ancien premier ministre belge pendant dix ans. Il saura rassembler le centre droit et le centre gauche au Parlement Européen. Et puis il faut une Europe plus efficace, c’est à dire recentrée sur l’essentiel : la croissance, l’emploi et les grandes questions d’aujourd’hui comme la gestion des flux migratoires, la politique étrangère et la défense. 

B.B : Pourquoi les Français ne s’y intéressent pas ? C’est un manque d’intérêt ou de la méconnaissance ? 

MdS : Je crois qu’au fond d’eux mêmes, les Français savent que l’Europe est notre horizon naturel. Mais en même temps, cela fait des décennies qu’ils entendent les hommes et les femmes politiques de droite comme de gauche leur dire que c’est à cause de l’Europe si tout va mal. Evidemment nous Français, nous n’avons rien à régler, et le bouc émissaire tout choisi c’est l’Europe. 

B.B : Vous consacrez d’ailleurs tout un chapitre sur l’euroscepticisme au début de votre ouvrage. Il se manifeste notamment par l’abstention, vous la craignez très forte ? 

MdS : Il faut vitalement aller voter pour donner un mandat aux députés européens pour construire une Europe plus unie, plus forte et donc plus efficace. Nous devons être à même de créer notre propre croissance sans attendre qu’elle vienne par exemple des Etats-Unis. Et puis je veux adresser un message aux dirigeants nationaux. Il faut qu’ils arrêtent de nous raconter des histoires à propos de l’Europe. Nous avons nos propres difficultés en France, il faut l’accepter. 

Nous pratiquons la politique du bouc émissaire, pour les uns c’est l’étranger, pour les autres c’est la finance et pour les troisièmes c’est l’Europe. Il y a des pays qui vont très bien en Europe, regardez l’Allemagne, son chômage très bas, son commerce extérieur excédentaire et une popularité au zénith pour Angel Merkel. Donc nous avons notre part du travail à faire. La seule question pour le 25 mai, c’est plus et mieux d’Europe ou moins d’Europe. 

B.B : Craignez-vous une montée du populisme ? 

MdS : Je crains toujours une montée du populisme et de la démagogie parce qu’elle ne mène nulle part. Au fond les Français savent que nous sommes l’Europe et que nous construisons l’Europe. J’ai envie de me battre et de m’engager. Avec ces listes soutenues par Jean-Louis Borloo et François Bayrou, nous représentons les seuls véritables européens de ces élections. Nous sommes pour une Europe plus forte car plus intégrée, une Europe plus respectée dans le monde car plus cohérente. J’ai envie que la voix de l’Europe porte dans le monde, pour cela, nous devons la renforcer et non l’affaiblir. 

B.B : Le traité de Lisbonne a changé le mode de désignation du Président de la Commission Européenne, quelle sera la couleur du Parlement ? 

MdS : Il n’y a pas de couleur au Parlement, ceux qui vous disent ça au PS et à l’UMP vous racontent une fois de plus des histoires. Le Parlement Européen ne fonctionne pas comme le Parlement national, il n’y a pas de majorité qui écrase une opposition en minorité. Le scrutin n’est pas majoritaire mais proportionnel. Personne ne peut gouverner tout seul, c’est un système à l’allemande qui est en place. Nous allons probablement avoir une centaine d’europhobes, et nécessairement, nous aurons aussi un majorité d’européens, de droite comme de gauche, qui travaillera ensemble.  C’est la raison pour laquelle je crois que Guy Verhofstadt est le meilleur candidat car le seul à même de rassembler des sensibilités d’avoir le soutien de tous ceux qui croient au projet européen. 

B.B : Nous allons maintenant parler d’Ukraine et de ce référendum dans l’est du pays. Oui à plus de 89% à Donetsk et Lugansk. Selon vous, ce référendum reflète t’il la volonté du peuple ukrainien de Donetsk et Lugansk ? 

MdS : Il y a deux choses là dedans. Tout d’abord ce référendum est un simulacre. Les Ukrainiens ont voté à bulletins ouverts avec des hommes armés autour. Le vote s’est déroulé dans la rue, dans les parcs, dans les jardins… Tout ceci n’est pas sérieux. Dans le même temps, il y a vrai problème d’identité en Ukraine. Peut-imaginer une réponse fédérale pour permettre à chaque identité de ne pas se sentir menacée ? La réponse est oui. Mais il faut que l’Europe parle haut et fort d’une voix unie. Je ne sais où sont passées l’ONU et la communauté internationale. L’Europe est franchement plus que timide. On ne peut pas laisser Mr Poutine aller annexer tous les pays dans lesquels il y a une minorité russophone. 

B.B : Des sanctions alors, cela est-il efficace ? 

MdS : Il faut les deux choses. Une pression diplomatique forte et pour cela il faut parler d’une seule voix, ce qui n’est pas le cas actuellement. Alors des sanctions économiques oui mais dans le même temps nous devons continuer le dialogue. Ce qu’il faudrait en réalité, c’est que l’Europe réunisse tous les acteurs autour d’un plan de sortie de crise pour éviter l’annexion de l’Ukraine  et permettre la mise en place d’une organisation fédérale du pays. Je pense que tout est possible si nous ne disons pas haut et fort que nous n’acceptons pas la remise en cause de la souveraineté ukrainienne. Il faut savoir qu’aujourd’hui la Russie est quasiment en récession, avec des sanctions économiques supplémentaires, cela ne va pas améliorer les choses. Vladimir Poutine a intérêt à ce que la situation se stabilise, il doit entendre ce message, mais pour cela l’Europe doit parler en étant unie. 

B.B : Que vont changer ces élections du 25 mai ? 

MdS : Elles vont donner une légitimité pourvu qu’elles se passent bien. C’est tout le jeu de la Russie actuellement, empêcher qu’un gouvernement légitime issu des urnes le 25 mai, cette date symbolique où nous votons nous dans l’Union Européenne. Il faut légitimer un pouvoir ukrainien et dans le même temps, il faudra que ce gouvernement dise qu’il réfléchit à une organisation qui préserve les identités des uns et des autres dans une Ukraine souveraine. 

 

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