"L'Europe ne peut pas et ne doit pas laisser faire le coup de force de Vladimir Poutine"

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Hier soir, Marielle de Sarnez était l'invitée du Oui-Non de Michel Field sur LCI. Retrouvez ici l'intégralité de l'entretien.

Michel Field - Approuvez-vous l'annulation du sommet "Union européenne - Russie" prévu en juin ?

Marielle de Sarnez – Oui.

Faut-il aller plus loin ?

Oui.

Avez-vous été choquée par la teneur des propos tenus par Nicolas Sarkozy et son avocat révélés par la presse ?

On y reviendra. Moi je voudrais que la justice puisse faire son travail tranquillement.

Mais quand même, ses propos vous ont-ils choquée ou pas ?

D'abord je ne les ai pas lus, ensuite je trouve que dans nos institutions, l'indépendance de la justice c'est très important. Après, on peut considérer que tout ce qui sort partout dans les journaux ce n'est pas terrible, mais je pense que l'on va y revenir.

On aurait pu penser que cela confortait à vos yeux les « abus de pouvoir » dénoncés naguère vigoureusement par François Bayrou ?

Je suis pour une justice indépendante, je suis pour le secret de l'instruction, et évidemment tout cela quelquefois est mis à mal !

Un ticket Juppé-Bayrou à la faveur ce matin des analystes et des commentateurs, il a la vôtre ?

Vous voulez dire pour les élections municipales, l'un à Pau, l'un à Bordeaux ?

Pour les élections à venir...

L'un à Pau, l'un à Bordeaux, il a tout à fait ma faveur dans les élections municipales qui arrivent.

D'accord, mais certains pensent que ce pôle Aquitaine pourrait se nationaliser si j'ose dire...

On est d'abord dans les élections municipales si vous me le permettez.

Craignez-vous une poussée européenne des populismes à l'occasion des élections européennes ?

Je ne crains pas, je me battrai contre, ce n'est pas la même chose !

Alors on va revenir d'abord sur l'essentiel de l'actualité : ces sommets européens et les sanctions contre la Russie. Est-ce qu’avec l'annulation du sommet, du G8 avec la Russie, des représailles économiques sont envisageables, sont nécessaires, sont productives peut-être ?

L'Europe ne peut pas et ne doit pas laisser faire le coup de force de Vladimir Poutine, qui est simplement venu et a annexé la Crimée. Mais pourquoi a-t-il fait ça ? C'est intéressant que l'on revienne trois secondes sur la question. Parce que l'Ukraine au fond veut se doter de son propre avenir, décider de son propre avenir, sans Monsieur Poutine, et pas sous l'influence de Monsieur Poutine. Il faut que Vladimir Poutine accepte cela : le droit à l'autonomie et à l'indépendance d'un peuple et d'un pays comme l'Ukraine. Et donc oui l'Europe doit être forte, doit être ferme et on doit prendre de nouvelles sanctions.

Vous pensez que la nouvelle détermination d'Angela Merkel peut pousser vraiment l'Europe à mettre une partie de l'économie russe en difficulté ?

Je suis très heureuse quand je vois des leaders politiques d'envergure européenne comme Angela Merkel, qui cependant a des relations économiques très serrées avec la Russie - plus que nous - dire les choses « haut et fort ». Je pense qu'il faut que Poutine comprenne que là, il a franchi quelque chose et que l'Europe dira non et que l'Europe dit non. Et en même temps, on doit ré-ouvrir la voie du dialogue. Au fond, on a besoin d'avoir une stratégie entre l'Union européenne et la Russie et l'Ukraine a besoin aussi pour se stabiliser dans l'avenir d'avoir de bonnes relations avec l'Europe et de retrouver une relation de partenariat - pas de vassal - avec la Russie.

Ça veut dire aussi qu'il faut continuer de dialoguer avec Poutine pour obtenir ce compromis-là ?

Oui, les deux. Des sanctions, de la fermeté, c'est extrêmement important. Et le sommet aujourd'hui et demain doit vraiment aller dans cette direction et en même temps évidemment on doit à mon avis ouvrir et favoriser le dialogue.

François Bayrou avait été un des commentateurs les plus vigoureux du mode de gouvernance de Nicolas Sarkozy, je citais son livre Abus de pouvoir qui avait quand même énormément eu d'écho. D'un certain point de vue, tout le déferlement des affaires aujourd'hui, même si vous vous redites "opposée à la violation du secret de l'instruction", tout ça lui donne raison aussi dans un certain fonctionnement un peu particulier de l'appareil d'Etat ?

Je fais partie des citoyens qui croient en l'indépendance de la justice, qui respectent la justice et qui respectent les juges.

Est-ce qu'il vous semble que cette indépendance de la justice est mieux ancrée dans les faits aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a quelques mois ?

Je crois qu'il y a toujours - on le voit bien dans les affaires récentes - la thèse du complot des uns ou des autres, il y a toujours ceux qui disent « attention vous voyez bien le pouvoir politique est en train de s'immiscer dans les affaires de justice et si ça sort c'est parce que le pouvoir politique en a décidé ainsi » ou alors ceux qui ne sont pas contents et qui disent « au fond on remet en cause ce que font les juges parce qu'ils obéissent à des ordres politiques », et bien il faut ni l'un ni l'autre.

Vous ne croyez pas à la théorie du complot ?

Je crois à l’indépendance de la justice. Je crois que les juges ne se laisseraient pas influencer ou manipuler. Et je crois que tout ceci, c’est du pur phantasme.

Donc il n’y a pas de complot aujourd’hui.

Non, il y a des juges qui font leur travail et qu’ils le fassent ! Mais qu’ils le fassent dans la sérénité. On n’a pas besoin de voir tout dans les journaux tous les quatre matins.

Il y a quand même quelque chose qui m’étonne : après l’appel au vote à François Hollande de François Bayrou, vous vous êtes re-rapprochés finalement de l’UMP via votre accord avec l’UDI au moment où justement, d’un certain point de vue, le bienfondé à vos yeux des critiques sur le mode de gouvernance apparaît au grand jour.

Nous sommes au centre ! Et c’était bien normal qu’on se rapproche de l’UDI, et pas de l’UMP –  vous avez fait un petit raccourci -.

Comme l’UDI va faire partout des alliances avec l’UMP…

Et quelques fois nous en faisons ensemble au centre et c’est bien. Je pense qu’il y a un espace dans la vie politique française entre l’UMP de Jean-François Copé et le Parti Socialiste. Il y a un espace et même une obligation de renouvellement de la vie politique française. Les Français ne sont pas satisfaits du gouvernement et ils ne sont pas non plus satisfaits de la façon dont l’opposition fonctionne. C’est la responsabilité du centre de pouvoir redonner de l’espoir dans les semaines et les mois qui viennent.

Quittons juste Bordeaux et Pau pour parler de cet axe Juppé – Bayrou qui excite les commentateurs et les politiques. Alain Marsaud, le député UMP qui était à votre place hier, disait que bien sûr il va y avoir là une possibilité d’une offre de centre-droit. Et Juppé s’est agacé aujourd’hui de cette évocation, y compris d’ailleurs du soutien que François Bayrou était prêt à lui donner dans l’hypothèse de…

Ce n’est pas du tout ça. Bien sûr, François Bayrou est candidat à Pau, Alain Juppé est candidat à Bordeaux…

Mais François Bayrou a fait une déclaration selon laquelle si Juppé avait un avenir national, quelque chose serait possible avec lui.

Pas du tout, je crois que c’est Robert Rochefort qui a dit quelque chose ; je ne suis pas sûre qu’il l’ait exprimé de la façon la plus conforme à ce qu’il pensait réellement en parlant déjà de la présidentielle. Tout ceci n’est pas de saison. Ça ne fait pas sens et ça n’a aucun sens. Est-ce que François Bayrou et Alain Juppé s’estiment ? La réponse est oui !

lls se font quand même beaucoup la courte-échelle en Aquitaine.

S’estimer et se respecter, ce n’est pas se faire la courte échelle.

Il a facilité la candidature de François Bayrou.

Est-ce que ça pourrait participer du renouvellement de l’esprit civique républicain dont la France a probablement plus que jamais besoin pour se redresser de pouvoir considérer qu’il y a des hommes politiques qui peuvent avoir des parcours un peu différents, qui peuvent être dans des familles politiques qui ne sont pas les mêmes et qui simplement s’estiment et se respectent ? Ce serait déjà pas mal.

On ne peut pas s’empêcher d’avoir des arrière-pensées - même pour eux -. On leur souhaite le plus bel avenir.

Alain Juppé est candidat à Bordeaux et c’est un formidable maire de Bordeaux, et François Bayrou est candidat à Pau et je pense que les Palois lui feront confiance, en tout les cas je le souhaite.

Il faut vraiment entendre François Bayrou quand il dit que son mandat à Pau fera qu’il ne se présentera plus ?

Oui et d’ailleurs je vous le dis, je vous le rappelle, il l’avait dit au moment où il s’était présenté à Pau, je crois que c’était en novembre, quand il avait pris cette décision d’être candidat à Pau, qui n’était pas une décision aussi facile, aussi simple à prendre, parce que c’était aussi une décision de vie. Du temps qu’il allait passer avec les Palois, du temps qu’il allait passer dans cette ville de Pau. Donc c’est une implication et c’est ça qu’il a voulu dire et c’est ça qu’il a rappelé. 

 

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