Jean-Noël Barrot : "2 français sur 3 disent qu'ils seraient prêts à payer un pourboire si le pourboire était numérique."
Jean-Noël Barrot, secrétaire général du Mouvement Démocrate, député des Yvelines et Vice-président de la commission des finances, était l'invité de la matinale de Sud Radio ce samedi 2 octobre. L'occasion de revenir sur la déclaration d'Emmanuel Macron de défiscaliser les pourboires par carte bancaire. Une idée que défend Jean-Noël Barrot de longue date. Interview.
Jean-Marie Bordry : Emmanuel Macron annonce que les pourboires payés par carte bancaire seront sans charges pour les employeurs, sans impôts pour les salariés. Réforme portée à l'Assemblée par notre invité. Bonjour à vous, Jean-Noël Barrot.
Jean-Noël Barrot : Bonjour.
Jean-Marie Bordry : Vous êtes député MoDem des Yvelines, Vice-président de la commission des finances. C'est vous qui aviez eu cette idée à l'origine, vous l'aviez publiée dans les Echos. Le président l'a reprise. Vous déposez un amendement dans le projet de loi Finances. Si jamais cela passe, à partir de quand cela entrera en vigueur ?
Jean-Noël Barrot : Il faut rappeler d'abord un élément de contexte. Nous avons perdu l'habitude de donner des pourboires. 1 français sur 3 déclare ne plus en donner faute d'avoir de l'argent liquide en poche. Ce que l'on constate en parallèle, c'est qu'avec la reprise avec la réouverture des restaurants, bars, hôtels et cafés, ils ont de plus en plus de mal à trouver des serveurs et du personnel. Ils avaient 160 000 postes à pourvoir l'été dernier.
Jean-Marie Bordry : Donc d'un côté, il y a le problème de pouvoir d'achat des serveurs et de l'autre les Français qui laissaient moins de pourboires. Du coup, vous popularisez cette idée-là. Quand est-ce que cela peut marcher ?
Jean-Noël Barrot : Et du coup, l'annonce d'Emmanuel Macron est une excellente nouvelle et c'est du gagnant-gagnant parce que cela va permettre en relançant le pourboire, l'habitude du pourboire d'apporter un complément de rémunération au serveur. Mais cela ne coûte rien à l'employeur puisque c'est le consommateur, le client qui va apporter ce complément. Et cela ne coûte rien aux puissances publiques puisque jusqu'ici le pourboire, cela ne marchait pas.
Jean-Marie Bordry : Le pourboire ne marchait pas et en plus il était en pièces. Donc, ce serait à partir de quand si les délais sont tenus ?
Jean-Noël Barrot : Ce sera à partir du 1e janvier puisque quand on prépare un budget à l'Assemblée nationale, cela commence le 1e janvier de l'année suivante.
Jean-Marie Bordry : Comment cela va marcher ? Par exemple, si je paie 15€ au lieu de 13,40€ en carte bancaire en restaurant, la différence ira directement dans la poche du serveur ?
Jean-Noël Barrot : Oui, écoutez, vont se mettre en place un certain nombre de solutions :
- Soit sur le terminal de paiement, c'est-à-dire sur la machine à cartes
- Soit sur des QR Codes dont on a pris l'habitude ces derniers temps
Cela permettra de séparer le flux qui correspond à l'addition du flux qui correspond au pourboire. Avec cet élément de défiscalisation qu'a annoncé le Président de la République, il n'y aura plus de différences entre le liquide et le pourboire numérique. Cela ira tout seul et nous reprendrons nos habitudes puisque 2 français sur 3 disent qu'ils seraient prêts à payer un pourboire si le pourboire était numérique.
Jean-Marie Bordry : Oui, il nous manque toujours des pièces dans notre poche. Vous disiez que de moins en moins de Français avaient tendance à laisser un pourboire. Par exemple, si j'étais un serveur dans un bar à Montpellier, en moyenne combien le pourboire pourrait-il représenter de parts de mon revenu ?
Jean-Noël Barrot : C'est difficile à estimer puisqu'aujourd'hui, il y a de moins en moins de pourboires et qu'en parallèle, ces pourboires ne sont pas toujours déclarés. Selon les établissements, cela peut représenter une part significative de la rémunération et donc un vrai coup de pouce pour les salariés de ce secteur.
Jean-Marie Bordry : Vous, quand vous allez au bar ou en terrasse, vous laissez toujours un pourboire ?
Jean-Noël Barrot : Eh bien non, pas toujours et c'est ce dont je me suis aperçu en réfléchissant à ce sujet.
Jean-Marie Bordry : C'est comme cela que vous avez eu l'idée que vous n'aviez pas assez de pièces et donc qu'il faudrait passer par la carte ?
Jean-Noël Barrot : Exactement et il faut qu'on puisse avoir des solutions simples et il faut que sur le plan fiscal, il y ait une incitation forte.
Jean-Marie Bordry : Du coup, il n'y aura plus d'impôts, il n'y aura plus de charges. Comment les professionnels ont accueilli cette nouvelle ?
Jean-Noël Barrot : C'est évidemment une idée que nous avons eu l'occasion de travailler avec les professionnels du secteur au sujet duquel nous sommes en lien avec le gouvernement pour définir exactement la manière dont cela va entrer dans le code général des impôts. Mais globalement, il y a un accueil très favorable parce qu'il y a, je pense, une envie collective qu'on reprenne cette bonne habitude du pourboire.
Jean-Marie Bordry : C'est cela justement, la politesse du client. Merci beaucoup Jean-Noël Barrot.
Jean-Noël Barrot : Merci à vous.