Sarah El Haïry : "Le SNU résiste malgré le travail de sape de la Nupes"
La secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service national universel (SNU) réagit auprès de « Marianne » à une information de « Politis » selon laquelle le gouvernement envisage de proposer des « séjours de cohésion » à des classes de seconde sur le temps scolaire dès la rentrée prochaine. L’occasion de faire le point sur l'avenir de ce dispositif annoncé dès la campagne 2017 d’Emmanuel Macron. Entretien publié dans Marianne.
Nouveau rebondissement pour le Service national universel (SNU) ? Selon une information de Politis, confirmée par Franceinfo, le gouvernement envisagerait de proposer dès la rentrée prochaine aux enseignants de seconde d'inscrire leurs classes à un « séjour de cohésion » sur le temps scolaire. Ce qui serait une première puisque ces séjours basés sur le volontariat, qui constituent pour les jeunes l'une des trois phases du SNU, se déroulent pour l’instant au cours des vacances.
Une étape supplémentaire vers la généralisation, voire le caractère obligatoire, de ce serpent de mer de l’exécutif lancé en 2019, objet de critiques au sein de l'opposition et des syndicats ? Marianne s'entretient avec Sarah El Haïry, secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du SNU.
Marianne : Selon Politis et Franceinfo, le gouvernement envisage de proposer aux enseignants de seconde d’inscrire leurs classes à un séjour de cohésion du SNU sur le temps scolaire. À quoi ressemblerait cette nouvelle formule ?
Sarah El Haïry : Nous sommes dans la continuité des propos du Président de la République le 23 avril dans Le Parisien. Cette année, plusieurs centaines de jeunes candidats aux séjours de cohésion de juin et juillet sont sur liste d’attente car les capacités d’accueil sont à leur maximum.
Les opposants au SNU ont mis la lumière sur un dispositif qui plait aux jeunes. Et qui est entièrement gratuit.
Aujourd'hui la demande est supérieure à nos prévisions et nous devons faire évoluer le dispositif. Nous pensons que ce serait l'occasion d’intégrer le SNU dans le parcours pédagogique des jeunes, comme cela peut se faire pour une classe de neige ou un voyage scolaire.
J’ai donc ouvert un cycle de concertation pour construire des modalités de participation complémentaires qui ne viendront pas remplacer les séjours de l’été. Mais nous n’en sommes qu’au tout début. Il y a des fuites de la part d’organisations syndicales mais nous avons encore besoin d’entendre les avis des uns et des autres pour voir ce que nous allons leur proposer.
Vous confirmez bien cependant qu’il s’agit de développer le SNU au sein du temps scolaire dès la prochaine année scolaire ?
Je le souhaite. Maintenant, il est bien trop tôt pour savoir si ce sera en septembre ou en janvier ! Ce qui est sûr, c’est que cela sera totalement libre, sur la base du volontariat de la classe ou de l’établissement. Et les élèves pourront refuser d’y aller comme ils peuvent déjà ne pas participer à un voyage scolaire.
Comme ce sera sur le temps scolaire, il faudra que ce séjour soit en adéquation avec une partie du programme et du projet d’établissement. Mais les modalités sont encore à leurs prémices.
Si les élèves partent avec leur propre classe, cela ne risque-t-il pas de porter atteinte aux objectifs de brassage social ?
La meilleure des mixités est évidemment quand toute une génération fait le SNU. En attendant, nous avançons pas à pas.
Par rapport aux premières éditions nous avons déjà progressé en termes de mixité, avec 22 % de jeunes qui viennent d’établissements professionnels ou 7 % de quartiers prioritaires de la ville.
Bien sûr, dans le cas que vous évoquez, nous ferons en sorte que les jeunes ne restent pas au cours du séjour avec ceux de leur propre classe.
Vous attendiez-vous à ce que ce projet rencontre autant de critiques ?
Ces critiques sont très conscrites, elles viennent notamment de LFI. Et ce n’est pas parce que ces critiques sont bruyantes qu’elles sont justes. J’ai commencé les consultations avec les organisations de jeunesse ou cultuelles, c’est très intéressant.
Mais il y a le côté extrêmement bruyant de LFI. Leurs attaques ne respectent pas les jeunes qui ont fait le SNU. Ce n’est pas à la hauteur d’un parti politique.