Catherine Chabaud : "Un consommateur moyen de crustacés méditerranéens ingère environ 11 000 fragments de plastique chaque année."

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(© © Benoît Stichelbault)

La députée européenne et membre de la Commission du Développement, Catherine Chabaud, a écrit un rapport sur l'impact des déchets marins le 28 mars dernier et a lancé un appel à solutions #SeaYourSolutions pour contrer ce fléau. Interview. 

Votre rapport sur l’impact des déchets marins sur les pêcheries avait été adopté le 28 mars dernier. Quels en sont les principaux enseignements ?

Ce rapport est un rapport d’initiative dans lequel j’établis plusieurs recommandations afin de mieux lutter contre ce fléau des déchets marins.

Les déchets marins, et en particulier les micros et nano plastiques, constituent une menace pour la biodiversité marine, et nous devons axer la recherche afin de comprendre quels sont leurs impacts profonds sur les écosystèmes mais également mieux connaître leurs effets sur la santé humaine. En effet, un consommateur moyen de crustacés méditerranéens ingère environ 11 000 fragments de plastique chaque année.

Il y a une urgence à la protection de l’océan puisqu’il joue un rôle essentiel de régulateur climatique notamment par sa capacité à absorber du CO2 ou encore sa capacité à produire de l’oxygène.

Voici les recommandations de mon rapport :

1/ Renforcer les connaissances, notamment sur les effets des nanoplastiques et microplastiques, sur les écosystèmes, sur les ressources halieutiques, et sur la santé humaine,

2/ Intégrer beaucoup plus le lien terre-mer dans les politiques européennes et notamment dans la gestion des déchets et de l'eau.

3/ Aujourd’hui, seuls 1,5% des engins de pêche sont recyclés. Accélérer l'économie circulaire dans le secteur de la pêche est donc crucial :

- Mettre en place le marquage des engins de pêche, afin de pouvoir les tracer,

- Simplifier les matériaux afin de faciliter leur recyclage et développer des matériaux biosourcés,

Étendre la directive sur les plastiques à usage unique au polystyrène expansé, qui bien que très utile, se trouve en grande quantité sur les plages et en mer, trouvant ainsi une alternative. 

4/ Rendre plus attractif pour les pêcheurs de ramener des déchets marins dans les ports

5/ Enfin, il faut lancer un plan d'action contre les déchets sauvages, et les collecter dans les zones d'accumulation, notamment dans les ruisseaux, rivières et estuaires

Ancienne navigatrice, qu'avez-vous pu observer sur l'état des océans lors de vos traversées ? Qu'est-ce qui vous a le plus marqué ?

Il y a 30 ans déjà, j’observais des déchets flottants en mer. À l’époque, le sujet des déchets marins n’intéressait presque personne et ce n’est que depuis quelques années que l’enjeu lié à la bonne gestion de ces déchets est devenu un enjeu majeur pour la préservation des océans. Ce qui m’a le plus marqué, ce sont les bouts de polystyrène. C’est un matériel très utile mais que je retrouvais en grande quantité en plein milieu de l’océan et loin des zones côtières. Cela m’a montré à quel point le problème était étendu.

Vous avez lancé un appel à solutions avec #SeaYourSolutions pour contrer ce fléau. Quels sont les objectifs à court et long terme ?

J’ai effectivement lancé depuis peu un appel aux solutions pour lutter contre ces déchets marins. L’idée étant de mettre en lumière les acteurs que ce soient des entreprises, des collectivités locales, des associations ou bien encore des citoyens, qui portent des solutions pour faire face à cet enjeu. À travers l’hashtag #SeaYourSolutions, ils pourront partager ces solutions sur les différents réseaux sociaux (Twitter, Instagram principalement). Nous recenserons ensuite toutes ces solutions pour les valoriser sur mon site internet. À court terme, cela permettra de montrer que beaucoup d’acteurs se sont déjà engagés dans cette voie et qu’il existe de nombreuses solutions tout à fait réalisables. À plus long terme, ces solutions en inspireront d’autres, afin que tout le monde se sente de plus en plus concerné par ces sujets.

Quels sont les différents acteurs de ce projet et comment envisagez-vous la collaboration avec eux ?

Ce sont principalement des entreprises qui ont développé un nouveau concept, un nouveau matériau comme alternative au plastique par exemple mais aussi des associations ou des collectivités locales qui agissent directement sur le terrain.

Après le vote de mon rapport sur l’impact des déchets marins sur les pêcheries, j’ai été très sollicitée par ces acteurs. J’ai déjà ainsi pu échanger avec bon nombre d’entre eux pour parler de leurs projets qu’ils soient aboutis ou non afin que je puisse leur apporter mon expérience et mon soutien en tant que députée européenne.

Je souhaiterais également effectuer des visites de terrain auprès de ces acteurs afin de valoriser leur travail et soutenir leurs efforts de recherche et d’innovation.

Quelles sont les prochaines échéances de cette initiative pour protéger et sauver nos océans ?

La journée mondiale de l’océan eu lieu mardi dernier (8 juin), l’occasion pour moi de rappeler les enjeux liés à sa préservation. En parallèle de mes fonctions de députée européenne, j’ai lancé un appel pour que l’océan soit reconnu comme un bien commun de l’humanité. Je me bats dans mon mandat afin d’intégrer cette notion dans les nombreux textes que j’amende en commission développement, environnement et pêche. Nous avons beaucoup à faire pour porter la voix de l’océan dans le nouveau programme du green deal et dans les grandes négociations internationales à venir comme la COP ou les négociations sur la haute mer.

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