Sarah El Haïry : "S’il y a un sujet sur lequel on devrait mettre de l’énergie, c’est le vivant, la nature"
Philippe Ecalle et Jean-François Martin pour Ouest-FranceSarah El Haïry, secrétaire d’État à la Biodiversité au gouvernement est investie dans ce qu’elle appelle le « défi du siècle », elle n’est pas favorable à un moratoire sur les « bassines » d’eau. Entretien publié dans Ouest-France.
Ouest-France - Vous êtes passée du secrétariat d’État à la Jeunesse à celui de la Biodiversité. Vous mesuriez ce qui vous attendait ?
Sarah El Haïry - J’ai renforcé ma prise de conscience au cours de ces trois dernières années. J’ai rencontré des jeunes qui ont pleinement conscience de l’urgence climatique, de l’effondrement du vivant, des conséquences sur la planète, de l’urgence de la gestion de l’eau et sa raréfaction.
Cette génération a lu les rapports du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) ou ceux de l’IPBES, l’équivalent du Giec pour la biodiversité et les écosystèmes. C’est une génération qui sait que le défi qui nous attend est énorme, c’est le défi du siècle.
Ces jeunes, vous n’avez pas peur de les décevoir ?
J’ai foi en la capacité de réunir ceux qui veulent construire ensemble. S’il y a un sujet sur lequel on devrait mettre de l’énergie, c’est le vivant, la nature, car ça touche tout le monde. Cette génération, elle attend des actes plus que des grands discours. C’est le sens de la planification écologique voulue par le président de la République. La biodiversité, on ne le dit pas assez, elle souffre du changement climatique.
Pour mettre en acte cette politique, il faut un budget. Quel est-il ?
Il sera présenté fin septembre. Des arbitrages sont en cours. Ce que je peux vous dire, c’est qu’il s’agira d’un budget historique, en hausse de plus d’un milliard d’euros. Il permettra de financer notre Stratégie nationale de la biodiversité, plan salué par certaines ONG et scientifiques.
Ce sont par exemple 475 millions d’euros supplémentaires pour le plan eau. 300 millions pour réhabiliter les friches, 100 millions pour renaturer, par exemple, les cours d’école. L’artificialisation des sols, rappelons-le, est la première pression qui pèse sur la biodiversité. Sur ce sujet, notre gouvernement a fait des choix ambitieux avec le zéro artificialisation nette d’ici 2050.
Être secrétaire d’État à la biodiversité, c’est un « sport de combat » face au ministère de l’Agriculture ?
Franchement non, car il n’y a pas d’intérêts contraires. Depuis 2017, nous avons réduit l’usage des produits phytosanitaires de 30 %, interdit le plastique à usage unique, et nous mettons en œuvre le Plan eau pour réduire de 10 % nos prélèvements en eau d’ici 2030. Tout le monde est concerné : citoyens, État, collectivités, industriels et bien sûr les agriculteurs qui sont nos premiers alliés.