Marie-Pierre Vedrenne : "L'urgence de la transition climatique ne peut se faire aux dépens de la justice sociale"
Marie-Pierre Vedrenne, Députée européenne et co-Présidente de la délégation Renaissance, s'exprime sur la création du Fonds social pour le climat, dispositif qui vient d'être adopté par le Parlement européen.
"La transition climatique en Europe ne doit laisser personne de côté !"
Une première étape est franchie pour un Fonds social pour le climat à la hauteur des promesses ! La commission conjointe des affaires sociales et de l’environnement du Parlement européen a adopté à 107 voix contre 16, et 15 absentions, sa position sur le projet de créer un Fonds social pour le climat. Présenté par la Commission européenne comme une mesure complémentaire au « Pacte vert », ce projet vise à contrebalancer les coûts sociaux de la transition vers une économie neutre pour le climat d’ici 2050.
Négociatrice au nom du groupe Renew Europe pour les aspects liés aux affaires sociales, Marie-Pierre Vedrenne se félicite du contenu de l’accord :
La transition climatique est urgente, et chacun sait qu’elle ne pourra pas se faire aux dépens de la justice sociale. Ce texte marque un véritable progrès vers la prise en compte des plus vulnérables dans les politiques climatiques européennes.
Pour notre Député européenne, « C’est un tournant et le signe d’une vraie prise de conscience, sans doute accélérée par cette crise énergétique exceptionnelle qui frappe au premier chef les ménages les plus modestes ».
Lors du travail en commission, les négociateurs Renew Europe sont parvenus à obtenir plusieurs modifications du projet de rapport initial. « Cet accord est une victoire pour notre groupe : un instrument de dimension ambitieuse, qui puisse contribuer efficacement à la décarbonation de l’économie, et surtout, soutenir ceux qui en ont le plus besoin. Sur tous ces plans, nous avons eu gain de cause », déclare Mme Vedrenne.
"Le Fonds sera un instrument pour lutter simultanément contre la précarité et les gaz à effet de serre."
Le Fonds social pour le climat sera abondé notamment par les nouvelles recettes du marché des quotas d’émission, en cours de réforme.
"Sur les deux tableaux du marché carbone et du Fonds, Renew Europe a plaidé pour un mécanisme plus redistributif. Avec succès, puisque d’une part seuls les bâtiments commerciaux et le transport routier commercial seront concernés par les nouveaux quotas et pas les ménages, et d’autre part le Fonds social pour le climat soutiendra ceux qui en ont le plus besoin : les très petites entreprises et les ménages les plus modestes. Sur le plan budgétaire, l’enveloppe du Fonds grossira si le prix des quotas augmente davantage que prévu."
La majorité du Fonds devrait servir à financer la rénovation énergétique des bâtiments, l’achat de véhicules zéro émission ou encore le développement de transports publics à faibles émissions, par le biais d’investissements publics, d’aides ciblées et d’incitations fiscales.
"Ce Fonds sera l’outil des investissements à dimension humaine pour isoler nos bâtiments, changer les systèmes de chauffage, favoriser l’accès à des mobilités douces. Mais nous savons que ces investissements n’auront pas un effet immédiat. C’est pourquoi nous nous sommes battus pour que le Fonds finance aussi des aides directes aux revenus des plus vulnérables, déjà frappés par la précarité énergétique et la difficulté de se déplacer, explique la députée. Ces aides pourraient compenser la hausse des prix de l’énergie."
Ce Fonds devait garder sa dimension sociale. Nous nous sommes battus pour que les destinataires de l’aide européenne soient ceux qui seront les plus touchés par la transition climatique, pas les grandes entreprises.
"Nous avons aussi poussé pour une définition européenne claire de la pauvreté énergétique et de la pauvreté en matière d’accès à la mobilité, pour cibler les ménages vraiment dans le besoin. Par exemple, en ce qui concerne la pauvreté dans l’accès à la mobilité, nous avons fait en sorte que les habitants des régions rurales, difficilement accessibles ou d’Outre-mer soient mentionnés comme particulièrement à risque."
"Le Fonds sera un instrument pour lutter simultanément contre la précarité et contre les émissions de gaz à effet de serre. Il va contribuer à accélérer la sortie de l’Europe des énergies fossiles, ce qui permettra à la fois de protéger les ménages et microentreprises de la variation des prix de ces énergies, de rendre nos économies moins dépendantes des pays qui les produisent, et bien sûr d’atteindre nos objectifs climatiques. Ne laisser personne de côté était une promesse, nous y répondons concrètement. Maintenant, place à l’adoption de ce mandat clair en plénière en juin, pour commencer au plus vite les négociations avec les États membres."