Marie-Pierre Vedrenne : "Notre autonomie stratégique doit rester le pilier de notre politique industrielle et commerciale"
Marie-Pierre Vedrenne, Députée européenne MoDem-PDE et co-Présidente de la délégation française, est intervenue en séance plénière sur l'approvisionnement en matières premières critiques de l'Europe. Revoir son intervention.
Depuis le 1er août 2023, la Chine dispose d'un nouveau cadre pour ses exportations de gallium et de germanium, des matériaux essentiels pour nos systèmes de défense, pour les semi-conducteurs de nos véhicules électriques, pour nos infrastructures 5G, nos éclairages LED, des matériaux dont 80% de nos besoins viennent de Chine.
Désormais, les autorités chinoises peuvent restreindre nos approvisionnements sur ces matières premières critiques.
C'est notre laisser-faire qui nous a conduit à cette situation, et il était temps que l'Europe se dote d'un cadre pour les approvisionnements sûrs et durables en matières premières critiques, pour ne plus créer de dépendances, pour privilégier des partenariats avec des pays qui partagent nos valeurs et nos principes, pour garantir que la transition technologique et environnementale participe aussi au juste développement.
Ainsi, avec ce travail, nous répondons à un double défi : la réduction des risques pour les Européens et la garantie de notre autonomie stratégique, sans tourner le dos à nos partenaires pour ne pas faire notre développement sur leur développement.
C'est la vision que nous avons défendue avec Nicola Beer, nous devons en être fiers et nous devons être tous aux résultats.
Pendant des années, nous avons accru nos dépendances, laissé la maîtrise des chaînes d'approvisionnement en matériaux critiques à nos rivaux systémiques, et nous en payons le prix.
Il était temps de réagir et de privilégier des approvisionnements avec des partenaires avec qui nous partageons des principes et des valeurs. A ce titre, cet accord avec les États-Unis trouve sa place.
Mais la politique américaine n'est pas toujours l'amie de l'Europe. Remise en cause du cadre de l'OMC, politique protectionniste de l'IRA, sanctions extraterritoriales. Il est donc légitime et sain de nous interroger sur les conséquences de cet accord.
Où se trouve l'étude d'impact ? Comment assurer que les effets de notre règlement sur les matières premières critiques ne soient pas remis en cause par cet accord spécifique ? Nous devons certes réduire les risques sans découpler nos relations avec nos alliés.
Mais nous devons le faire avec notre cap, celui de notre autonomie stratégique qui doit rester le pilier de notre politique industrielle et commerciale.