Bruno Fuchs : "La population est la première victime du coup d'État au Niger"
Bruno Fuchs, Député du Haut-Rhin et Porte-parole du Modem, était l'invité de BFM TV pour revenir sur le coup d'État au Niger et ses conséquences, notamment après l'expiration du délai laissé par la CEDEAO. Revoir son entretien.
"Les sanctions économiques pèsent sur la population nigérienne"
A la suite de l'expiration de l'ultimatum de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Bruno Fuchs rappelle que cette organisation des pays de l'Europe de l'Ouest dont fait partie le Niger "ne peut pas accepter un coup d'état" notamment "pour des questions de vie démocratique" et pour le signal négatif "envoyé aux pays de la zone".
Bruno Fuchs considère que la CEDEAO a deux leviers potentiels : d'un côté une action militaire, qui "ne fait pas consensus à l'heure actuelle", de l'autre surtout "les conséquences des sanctions économiques qui pèsent énormément sur la population nigérienne avec des augmentation de prix de l'ordre de 10 à 15%, voire 50% sur des produits comme l'huile".
Pour notre porte-parole, qui s'y est rendu deux fois récemment, la population du Niger était "plutôt satisfaite des conditions de vie et de l'évolution du pays", contrairement à des pays comme le Mali ou la Guinée :
La population sera ainsi la première victime de ce coup d'État, alors qu'à l'inverse les djihadistes vont prospérer face à des armées affaiblies qui ne sont pas suffisamment armées et aguerries pour faire face au terrorisme.
Ainsi, d'un point de vue plus politique, Bruno Fuchs met en lumière le manque d'homogénéité chez les putschistes chez qui "les intérêts ne sont pas les mêmes, les programmes ne sont pas les mêmes".
"Le but du putsch, c'est des intérêts purement personnels"
A ce stade, le coup d'État concerne avant tout "les autorités nigériennes, au premier titre le Président et la junte militaire", et ni la France, ni d'autres pays extérieurs ne sont intervenus jusqu'ici. En particulier du côté Français, Bruno Fuchs rejette l'importance de l'activité économique au Niger pour notre pays, expliquant qu'il y a souvent utilisée pour caricaturer l'action de la France par les oppositions : "Il y a très peu d'activité économique Française au Niger, on parle beaucoup de l'uranium, mais beaucoup sont partis comme Orange ou le brasseur Castel" :
Le but du putsch, c'est des intérêts purement personnels, des différents acteurs importants qui sont encore dans l'ombre, du Général Tchiani qui a fait le coup d'état et qui était mis sur la touche, proche de l'ancien Président Issoufou qui continuait de contrôler le Niger.
Pour autant l'intérêt économique a un impact sur la situation actuelle, d'autres puissances étrangères ayant de nombreux intérêts, comme la Chine inaudible aujourd'hui mais "qui a construit pour 2,5 milliards de pipelines" et va exploiter le pétrole du Niger à partir de 2024. Au sein même des personnalités du pays, les intérêts économiques personnels ont été "à l'origine en partie de ce coup d'état" :
Depuis que le Président Bazoum préside le Niger, une grande partie des projets qu'il lance sont bloqués, parce que la répartition du business n'est pas conforme à ce que les acteurs du Niger souhaitent.
Pour notre député, le temps ne joue pas pour les putschistes, entre manque d'homogénéité, et une population qui va commencer à souffrir. Les risques d'un deuxième coup d'État ou d'un "rééquilibrage" existent également pour mettre au pouvoir "ces hommes qui pèsent aujourd'hui au Niger", ou encore associé au risque d'une rébellion voir d'une partition au nord du Niger, confronté au risques terroristes.