50 ans de la loi Veil : pour des femmes libres
Après des débats houleux et le vote par les deux chambres du Parlement, la loi Veil dépénalisant et encadrant l'avortement est adoptée le 20 décembre 1974, puis promulguée le 17 janvier 1975. Certains anniversaires comptent plus que d'autres : à l'heure où, aux États-Unis notamment, les droits des femmes reculent, le cinquantenaire de la loi Veil doit être célébré comme il se doit.
Trois mois après le discours vibrant et ferme de Simone Veil, la loi 75-17 sur l'IVG promulgue le recours à l'avortement, sous certaines conditions. Les mots, sobres et justes, rappellent à une assemblée très majoritairement composée d'hommes :
Aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l'avortement (...) C'est toujours un drame et cela restera toujours un drame.
Toute la séance de discussions qui a suivi le discours doit également rester gravée dans la mémoire collective. Pour certains hommes, tout ce pan du monde féminin, mal connu, les a soudain frappés. La brutalité, la honte, le danger pour la santé et même la vie qui ont si longtemps entouré la sexualité féminine a constitué, pour quelques-uns, une découverte. Sur cette réalité, lire ou relire L'Evénement d'Annie Ernaux (2000), d'une grande violence, récemment adapté au cinéma par Audrey Diwan en 2021, est utile. Tout comme le beau et grave récit d'Anne Wiazemsky, Une année studieuse (2012), ou le glaçant Une affaire de femmes de Claude Chabrol (1988) avec Isabelle Huppert et Marie Trintignant. Et rappelons aussi que le Prix Goncourt 2024, Houris de Kamel Daoud, suit le cheminement intérieur d'une jeune femme, mutilée enfant pendant la guerre civile, qui a pris la décision d'avorter clandestinement, dans un pays, l'Algérie, où cette pratique est criminalisée.
En 1974, les débats sur l'IVG ont été particulièrement sensibles dans notre famille politique centriste, où les démocrates-chrétiens ont dû parfois interroger leur conscience et faire prévaloir l'humanisme et la santé des femmes sur toute autre préoccupation.
C'est notamment le choix effectué par Jacques Barrot, qui a clairement voté en faveur de la loi Veil, qui protège la santé des femmes. La récente constitutionnalisation de l'IVG empêche le bond en arrière qui peut tenter certains pays et, potentiellement, toutes les démocraties. Tant on sait que la démocratie n'est jamais définitivement acquise. La liberté, toutes les libertés, demeurent un combat.