Bruno Fuchs : « Le monde multilatéral [...] est complètement déconstruit »

International : « On revient au rapport de force, à la défiance, à la haine de l’un de l’autre »

Après avoir un temps infligé une augmentation de droits de douanes à ses deux voisins frontaliers, le Mexique et le Canada, Donald Trump a annoncé ce jour suspendre cette décision à condition d'un plan d'investissement de lutte contre la drogue dite du fentanyl, qui fait des ravages aux États-Unis.

Cette séquence politique a le mérite de confirmer la méthode trumpiste : menacer économiquement ses plus proches partenaires pour en obtenir quelque chose. Certes, "il y aura des résultats à court terme bien sûr" confirme Bruno Fuchs avant de révéler les véritables conséquences d'une telle approche car "à long terme, c'est une destruction de la confiance entre les partenaires, c'est du rapport de force."

Le monde multilatéral [...] est complètement déconstruit, c'est un autre ordre mondial dans lequel c'est le rapport de force qui va l'emporter.

En Méditerranée, les tensions rythmant la relation franco-algérienne à la suite de plusieurs incidents, à l'image de l'arrestation arbitraire de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal ou encore à l'occasion du refus des autorités algériennes d'accueillir un de leurs ressortissants visé par une OQTF, devront nécessairement s'estomper, notamment grâce à un travail diplomatique de fond. Le président de la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale rappelle que la France comporte "6 millions de franco-algériens, un pays quasiment, [avec] des gens qui vivent entre les deux pays, [...] qui vivent ensemble !"

On demande au président algérien de libérer Boualem Sansal le plus vite possible pour des raisons humanitaires.

Si la fraternité qui unit la France et l'Algérie n'est pas à démontrer tant les liens historiques pèsent sur notre partenariat, la France ne peut transiger sur ses valeurs et principes humanistes. C'est pourquoi la libération de Boualem Sansal est une condition sine qua non pour reprendre un dialogue positif entre nos deux pays amis. Notre porte-parole affirme que "c'est aux exécutifs à se caler, à s'intercaler, à être cohérent avec ce que les peuples souhaitent."

Enfin, après ce tour d'horizons d'actualités internationales, Bruno Fuchs a précisé les contours du grand colloque qu'il organise à l'Assemblée nationale sur la thématique du Moyen-Orient. 

La réflexion qui se pose dans les prochains mois est : quelles sont les conditions qui permettent d'assurer la souveraineté du peuple palestinien et la sécurité de l'État d'Israël et de ses citoyens.

Ce colloque est destiné à alimenter une réflexion globale et nuancée de cette situation pour répondre à des enjeux souvent occultés par les horreurs provoquées par la guerre entre Israël et le Hamas. Il s'agit par exemple de la question des réfugiés et plus globalement du sort des populations palestiniennes déplacées de force à cause du conflit armé à Gaza en particulier. 

Durant cet entretien, Bruno Fuchs a brièvement réagit à l'adoption du budget 2025 pour la France saluant qu'"il y ait des personnes responsables qui sont capables de s'entendre." Cette avancée, aussi logique soit-elle, n'a pas été une mince à faire pour le Premier ministre. À ce sujet, notre porte-parole décrit François Bayrou comme "le seul homme politique de la Vème République dont l'ADN est de dire "seul on n'a pas la vérité.""  

Il faut apprendre dans cette configuration à travailler ensemble, à avoir des positions responsables qui tiennent compte de l'intérêt du pays, des intérêts des Françaises et des Français, et pas uniquement des intérêts partisans.

La méthode MoDem c'est le respect du pluralisme d'idées sans jamais renier ses propres convictions et nous croyons fortement que c'est cette approche de la politique que veulent les Français, lassés des affrontements personnels et partisans de la classe politique.