Démocrate Hebdo : Être maire aujourd'hui, avec Fanny Lacroix
Mardi 15 novembre 2022, notre rendez-vous Démocrate Hebdo portait sur la vocation et le statut de maire. Olivia Leboyer (responsable des études au MoDem) recevait Fanny Lacroix, jeune maire de Châtel-en-Trièves, commune du sud de l’Isère, comptant 475 habitants. La jeune élue est également vice-présidente de l’Association des Maires Ruraux de France. Le salon des maires se tiendra du 22 au 24 novembre, Porte de Versailles et l’Institut de formation du Mouvement Démocrate sera présent avec un stand, sur lequel vous êtes les bienvenus.
Regard droit et pénétrant, silhouette élancée, Fanny Lacroix impressionne naturellement. Douée d’une énergie communicative, la jeune femme s’est lancée en politique, sans que rien ne l’y prédestine. En 2014, elle déménage en Isère avec son mari, deux enfants dont un bébé de huit mois, pour reprendre un élevage de chevaux. L’aventure tourne court, mais Fanny Lacroix, qui avait trouvé du travail comme secrétaire de mairie, décide de rester, avec ses enfants. Dès lors, elle n’a eu de cesse d’améliorer le quotidien de ses concitoyens et d’éveiller en eux cette petite lueur : vivre ensemble, c’est faire cité.
En 2017, les communes voisines de Cordéar et de Saint-Sébastien fusionnent pour former Châtel-en-Trièves, dont Fanny Lacroix devient maire en 2020. Animée d’une intuition forte, le jeune maire y croit : d’un tout petit endroit peuvent naître de grandes et belles choses. Rien n’interdit de rêver et de croire en la politique. Dans un village, l’idée de faire de la politique autrement semble aller de soi. Comment prendre des décisions sans les citoyens dans un lieu où tous se connaissent ? Fanny Lacroix organise des débats participatifs, s’efforce d’associer, sur chaque projet important, la population à la prise de décision. Car, dans une cité, chacun compte. Qu’il s’agisse de discuter d’un terrain equestre, de jardins partagés, d’éoliennes, les villageois ont droit à la réflexion collective et à la parole.
En 2021, Fanny Lacroix a suivi la formation de l’Académie des Territoires (en partenariat avec la Banque des Territoires, Sciences po et l’Agence Nationale de Cohésion des Territoires), dont elle est sortie lauréate. Son projet, simple et plein de bon sens, a séduit : « Bien manger ensemble à Châtel-en-Trièves ». Produire local, établir une chaîne alimentaire en circuit court et, surtout, manger ensemble, le partage du repas constituant un moment de vivre-ensemble essentiel. Les liens entre les générations en sont renforcés : dans la cantine scolaire, une quinzaine d’enfants mangent avec tout un chacun, et en particulier avec les personnes âgées. C’est ainsi que se forme la solidarité. L’école, en classe unique (comme dans le film Etre et avoir de Nicolas Philibert) constitue une expérience d’enseignement très enrichissante, où les petits apprennent des plus grands.
Dans ce petit village, on trouve même un musée de la marionnette, né aussi d’une série de jolis hasard et rencontres. Fanny Lacroix s’attache à valoriser la singularité des habitants, qui ont chacun quelque chose à apporter. Aujourd’hui, la compagnie de marionnettistes attire des spectateurs et rayonne dans des festivals.
Fanny Lacroix croit dans l’action, dans les réalisations concrètes. Elle est également persuadée que la mise en récit demeure nécessaire, pour que s’opère une transmission. Elle a co-écrit, avec trois autres élus ruraux, l’ouvrage Des communes et des citoyens, qui expose des projets locaux en montrant comment l’idée peut germer ailleurs, selon les spécificités du lieu. Du cousu main, comme Jacqueline Gourault l’a toujours préconisé.
Un projet en entraînant un autre, Fanny Lacroix ne s’interdit pas de voir loin, rêvant un village à taille humaine, tourné vers les transitions de demain.