Jean-Noël Barrot : "Que les choses soient claires, l'Ukraine ne peut et ne doit pas perdre cette guerre."
Jean-Noël Barrot, notre ministre chargé de l'Europe, était l'invité de Jean-Jacques Bourdin sur Sud Radio ce lundi 26 février.
Guerre en Ukraine : "Depuis 1 an, nous avons doublé notre capacité de production d'obus de 155 mm"
À la suite du sommet en soutien à l'Ukraine initié par la France et qui s'est donc déroulé à Paris en présence d'une vingtaine de chefs d'États européens ou de représentants occidentaux ce lundi 26 février, les États-membres de l'Union européenne s'activent pour intensifier leur aide en faveur de l'Ukraine, et notamment celle militaire.
Jean-Noël Barrot en a profité pour rappeler le soutien indéfectible de l'Union européenne à destination de l'Ukraine en insistant que "l'UE c'est 90 milliards d'euros d'aides tout compris : une aide civile et humanitaire avec 50 milliards d'euros, et puis de l'aide militaire."
S'agissant de la France, le ministre chargé de l'Europe poursuit en expliquant que notre soutien se traduit essentiellement par de l'aide militaire, "3 milliards en 2022 et 2023 et 3 milliards annoncés la semaine dernière par le président de la République pour 2024."
Cette réaction forte de la France et ses alliés européens font écho à la stratégie d'escalade entreprise par Vladimir Poutine, dont les contours nous sont dessinés par Jean-Noël Barrot :
L'objectif c'est de prendre acte du durcissement de la position du régime de Vladimir Poutine. Nous avons constaté que depuis des mois, à la fois sur le champ de bataille mais aussi dans d'autres champs de conflictualité, notamment l'espace informationnel, la Russie de Vladimir Poutine cible nos intérêts avec des campagnes de désinformation qui touchent nos démocraties.
Les ingérences russes dans notre cyberespace sont bien réelles, et notre vice-président confie que "Stéphane Séjourné a, la semaine dernière, révélé l'existence de 193 sites internet dormant prêts à diffuser des fausses nouvelles, par exemple à l'approche des élections européennes". Nous devons mesurer la gravité de tels actes et ne plus se montrer naïfs à l'égard des intentions de V. Poutine. Le ministre chargé de l'Europe voit "une volonté d'agression très claire de V. Poutine qui se manifeste désormais dans des champs hybrides."
Si l'Ukraine devait tomber, et nous ferons tout pour empêcher que cela se produise, c'est dans l'Union européenne que les combats se poursuivront.
Les velléités d'expansion territoriale russes pèsent directement sur la sécurité d'États européens partenaires, comme les pays baltes. Se détourner de l'Ukraine et laisser Vladimir Poutine "réussir son pari, c'est tous les dictateurs et autocrates du monde qui considéreraient qu'on peut désormais violer les frontières de ses voisins. C'est la raison pour laquelle ce type de sommet est important pour afficher une détermination infaillible dans le soutien de l'Ukraine dans ce conflit". Jean-Noël barrot affirme qu'il faut "montrer que nous sommes là sur le long terme, que notre économie qui est 10 fois plus puissante que celle de la Russie, et est en capacité de re-développer ses capacités d'armement."
Car c'est bien de matériels militaires dont il était question lors de ce sommet : définir la manière dont les européens vont renforcer l'envoi de tous types d'armements militaires défensifs nécessaires à la résistance de l'Ukraine. Mais d'autres solutions sont mises sur la table également. Le ministre chargé de l'Europe indique "qu'il faut continuer à sanctionner les intérêts russes. Un treizième paquet de sanctions a été annoncé en fin de semaine dernière, pour éviter leur contournement et ainsi asphyxier la Russie de Vladimir Poutine."
Questions agricoles : "Le commerce est indispensable pour l'agriculture française qui est une agriculture exportatrice"
Jean-Noël Barrot a d'abord évoqué les dysfonctionnements de la PAC, qui demeure toutefois la politique la plus intégrée et représente "le premier budget de l'Union européenne, dont 9 milliards à destination des agriculteurs français". Le vice-président du MoDem explique que la PAC doit être bien sûr réformée mais qu'elle est aussi indispensable pour nos agriculteurs.
Regardez ce qu'il s'est passé avec le Brexit au Royaume-Uni : en sortant de la PAC, ce sont des exploitations qui ferment, ce sont des agriculteurs qui vendent leurs bêtes, ce sont des magasins où l'on ne trouve plus de tomates, concombres ou d'œufs.
Le ministre délégué chargé de l'Europe estime toutefois qu'il faut "débureaucratiser la PAC, la simplifier, diminuer le nombre de contrôles, tenir compte des réalités des agriculteurs, que lorsqu'il y a des catastrophes naturelles, débloquer des fonds plus vites."
Enfin, l'agriculture française répond à une forte demande de ses produits par ses voisins européens ou partenaires commerciaux internationaux, ce qui l'oblige à être compétitive. Par conséquent, les accords de libre-échange font automatiquement partie de l'équation. Cette volonté ne s'extrait pas de nos objectifs environnementaux et sanitaires pour garantir un produit sain à nos concitoyens et une concurrence loyale à nos agriculteurs.
Il nous faut, lorsque nous signons des accords de commerce, obtenir des garanties de réciprocité. On ne peut pas accepter en Union européenne des produits fabriqués dans des conditions que nous n'acceptons pas chez nous.