Jean-Noël Barrot : « Si le Danemark sollicite la solidarité des États-membres, la France répondra présente »

Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, était l'invité politique de Jean-Jacques Bourdin ce mardi 28 janvier sur l'antenne de Sud radio. 

Moyen-Orient : « Nous avons prolongé ce cessez-le-feu [au Liban] jusqu'au 18 février »

Au cours de cet entretien, Jean-Noël Barrot, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, a démontré sa maîtrise des dossiers internationaux les plus sensibles, ainsi que sa capacité à répondre avec fermeté aux multiples déstabilisations que la France rencontre. 

Sur la question dramatique du sort des deux otages franco-israélien à Gaza, Ofer Kalderon et Ohad Yahalomi, le ministre fait preuve d'une sérieuse préoccupation à leur égard, rappelant que « cela fait maintenant 15 mois qu'ils sont retenus dans l'enfer de la captivité à Gaza ». Sa prudence dans l'évaluation de la situation est manifeste lorsqu'il précise qu'« avec le cessez le feu, on a l'espoir de les retrouver rapidement mais nous ne savons pas quand ils sortiront ni s'ils sont en bonne santé ». 

Le succès diplomatique au Liban mérite une attention particulière, tant par l'espoir qu'il suscite que par sa fragilité. Le ministre souligne qu'« au Liban, le 27 novembre dernier, nous avons obtenu, les États-Unis et la France, de haute lutte, un cessez-le-feu qui a mis fin à cette guerre qui durait depuis plus d'un an ». Cette avancée significative s'est concrétisée par une prolongation stratégique liée au contexte régional :

Nous avons prolongé ce cessez le feu jusqu'au 18 février de manière à ce que chacun prenne ses responsabilités : que l'armée israélienne se retire et l'armée libanaise puisse poursuivre le désarmement du Hezbollah.

Sur la question palestinienne et la création d'un État, le ministre défend avec conviction une position équilibrée, répondant par la même à la proposition de Donald Trump de contraindre les populations palestiniennes de migrer vers les pays voisins comme l'Égypte par exemple, ce qu'elle refuse depuis le début :

Nous, ce que nous pensons, c'est que pour ramener la paix et la stabilité au Proche-Orient, il faut une solution à deux États et la déportation, si je puis dire, des Palestiniens dans des pays voisins me paraît incompatible avec cette solution.

En Iran, le sort des trois otages français reste une préoccupation majeure. « Comme pour Boualem Sansal, ces trois otages, Cécile Kohler, Jacques Paris et Olivier Grondeau, c'est sans doute ce qui pour un ministre des Affaires étrangères, vous empêche de dormir la nuit », confie Jean-Noël Barrot.

En réponse, la France a considérablement durci sa position en engageant une série d'actions diplomatiques visant à augmenter la pression sur la dictature religieuse. Ainsi, le ministre des Affaires étrangères développe la méthode :

Nous avons durci notre position face à l'Iran, nous avons qualifié les conditions de détention de nos otages comme étant assimilables à de la torture en droit international, nous avons appelé nos ressortissants à ne plus se rendre sur place, nous avons convoqué l'ambassadeur d'Iran en France, et j'ai, hier à Bruxelles, appelé l'Union européenne à prendre des sanctions, gel d'avoirs et interdiction de circulation, contre les responsables de cette détention arbitraire.

Cette série de mesures démontre une diplomatie française qui n'hésite pas à hausser le ton quand les circonstances l'exigent, tout en maintenant un dialogue constructif avec ses partenaires internationaux.

Tensions internationales : « Les États-Unis ont tout à perdre à rentrer dans une guerre commerciale avec l'UE »

Concernant les tensions autour du Groenland, territoire stratégique en hydrocarbures et minerais lorgné par Donald Trump, Jean-Noël Barrot réplique et assoit la souveraineté européenne en ce qu'il affirme que « les frontières de l'Europe sont souveraines » et prévient que « personne ne peut s'autoriser à venir badiner avec les frontières ». Il met en lumière les nouveaux enjeux géopolitiques en mettant au jour les ambitions, une nouvelle fois, expansionnistes des néo-empires que sont la Russie, la Chine et désormais les États-Unis.

Le vice-président du MoDem explique que « l'arctique est devenu un champ de conflictualité nouveau » et que « la Russie a aussi ouvert, en contrepartie [du soutien en Ukraine] des voies d'accès à l'Arctique à son partenaire chinois », précisant que c'est cette présence exacerbée de ses ennemis qui pousserait Donald Trump à cette agressivité. Mais l'Europe, face à quiconque, ne peut plus se payer le luxe d'attendre ou de compter sur les autres pour se protéger. À ce titre, la solidarité européenne est sans équivoque pour le ministre :

Personne n'a intérêt à rentrer en conflit avec l'Union européenne. Si le Danemark sollicite la solidarité des États-membres de l'UE, la France répondra.

Sur le dossier algérien, le ministre privilégie une approche multidimensionnelle et réaliste, quant à l'état de notre partenariat actuel en particulier sur la maitrise des flux migratoires. L'approche vise à combiner fermeté à l'égard des provocations algériennes et dialogue diplomatique avec les autorités. « Pour maîtriser l'immigration irrégulière il y a un certain nombre de choses que nous devons faire ici en France pour améliorer la situation et puis il y a la relation avec les pays d'origine sur laquelle nous devons travailler », explique-t-il, avant de détailler les différents leviers disponibles :

Il y a la politique d'aide au développement, il y a la politique des visas, il y a aussi la politique commerciale. 

Le ministre se montre particulièrement lucide concernant les accords de 1968, affirmant que leur dénonciation ne « résoudra pas le problème, surtout pas celui de notre compatriote Boualem Sansal ». Il souligne d'ailleurs les progrès réalisés depuis un certain nombre d'années, expliquant que « la coopération avec l'Algérie, sur le seul plan de la maîtrise de l'immigration irrégulière, s'est plutôt améliorée ces dernières années ».

Concernant le cas Boualem Sansal, et sa détention arbitraire dans les geôles algériennes, notre vice-président reste mobilisé, précisant qu'« il est en contact avec son épouse une fois par semaine » et que la France a « demandé à exercer ce que l'on appelle la protection consulaire, puisque Boualem Sansal est franco-algérien, c'est à dire que nos représentants sur place puissent lui rendre visite ». L'Algérie a refusé cette demande ce qui a conduit la France à réexaminer l'échelle des pressions, comme souhaité par le Premier ministre François Bayrou.

Enfin, la situation à Goma préoccupe particulièrement le Quai d'Orsay. « La ville de Goma est plongée dans une guerre de très haute-intensité qui est menée par le M23, un mouvement rebelle, soutenu par les forces armées rwandaises », décrit Jean-Noël Barrot. Face à cette crise, la France agit au plus haut niveau :

Nous sommes mobilisés : le Président, tout le week-end, s'est entretenu avec les dirigeants des deux pays mais aussi avec un certain nombre de médiateurs de la région.

En somme, l'objectif est clair pour la France : « il faut aujourd'hui que le Rwanda baisse les armes et il faut que le calme revienne. »

Thématiques associées

Je reçois la lettre d'information du Mouvement Démocrate

Engagez-vous, soyez volontaires

A nos côtés, vous serez un acteur de nos combats pour les Français, pour la France et pour l'Europe.

Chaque engagement compte !

Votre adhésion / votre don

Valeur :

Coût réel :

20 €

6,80 €

50 €

17 €

100 €

34 €

Autres montants

Qu'est ce que la déclaration fiscale sur les dons ?
Filtrer par