Les combats à mener contre le terrorisme
Début septembre 2021 s'est ouvert le procès historique des terroristes du 13 novembre. La France se remémore avec une infinie tristesse ce jour funeste. Les cellules terroristes qui coordonnent leurs attaques sont devenues le lot commun de la nouvelle forme de guerre à laquelle les États doivent parer depuis, notamment, les avions détournés du 11 septembre 2001.
Aujourd’hui, avec Philippe Michel-Kleisbauer, Chef de la délégation des députés français à l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, député du Var, nous abordons la lutte contre le terrorisme, le renseignement et le procès du 13 novembre.
Pour l’expliciter auprès de nos lecteurs, pouvez-vous nous dire quelles sont les actions que vous effectuez sur les sujets touchant au renseignement et au terrorisme ?
La première des choses que nous avons faites est d’organiser un colloque à l’Assemblée avec les principaux acteurs de ce sujet, afin de déterminer si l’état d’urgence qui avait été décrété avait permis de déjouer les attentats. Le bilan est sans appel, seul le renseignement et la coopération internationale en matière de renseignement ont permis de déjouer des projets d’attentats jusqu’à aujourd’hui. Dès lors, notre action se concentre sur ce que nous pouvons apporter comme améliorations juridiques aux services de renseignement.
Quel est votre constat sur l’état de nos services de renseignement aujourd’hui ?
Nos services de renseignement dans toutes leurs composantes (Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE), Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI), Direction du Renseignement militaire (DRM), Service de traitement du renseignement et d’action contre les circuits financiers clandestins (TRACFIN), Direction du renseignement et de la sécurité de la défense (DRSD), direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières (DNRED)), sont composés d’hommes et de femmes d’un niveau d’excellence incontestable et, qui grâce à la coopération entre ces différentes directions, obtiennent des résultats parfaitement satisfaisants.
Avez-vous constaté des moyens supplémentaires, des innovations, des techniques plus modernes face aux nouvelles menaces depuis, notamment, les attaques du 13 novembre ?
D’une part, nous avons assisté à la pérennisation de la technique dite de l’algorithme, expérimentée depuis 2015, laquelle permet de procéder à traitement automatisé des données de connexion et de navigation sur Internet, grâce à la coopération des fournisseurs d'accès, tandis qu’elle est désormais étendue aux adresses (URL) de connexion. En outre, la loi du 30 juillet 2021 relative à la prévention d’actes de terrorisme et au renseignement consacre un volet complet à ce dernier et s’est vue adopter définitivement le 22 juillet dernier.
Quels sont les principaux axes stratégiques à prendre pour améliorer la lutte de l’État contre le terrorisme ?
Deux axes principaux, d’abord tout le monde doit comprendre qu’il est désormais temps de se sacrifier pour une augmentation significative des ressources allouées au renseignement. Deuxièmement, nous devons aller encore plus loin sur l’utilisation, l’accès au fichier PNR (Passenger Name Record ou dossier passager). L’idéal serait que nos services puissent en rester avec les règles de la Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement (CNCTR), pour pouvoir être alertés bien en amont de l’enregistrement d’un vol par une personne suspectée afin de pouvoir mieux appréhender son environnement humain.
Le procès des attentats du 13 novembre s’est ouvert le 8 septembre 2021. Qu’est-ce que cela représente pour la société dans son ensemble ?
En touchant en plein cœur la France, les attentats du 13 novembre ont atteint sa valeur absolue : la liberté. Ouvert le 8 septembre, ce procès symbolise la puissance de la démocratie, la force de la loi et de l’État de droit face à la barbarie du terrorisme et de ses adeptes. Il incarne la solidarité, la dignité des victimes et de l'ensemble de la Nation contre l'obscurantisme et l'arbitraire. Plus encore, il est un moment essentiel dans le processus de réparation, du deuil pour les rescapés et leurs familles.