Marc Fesneau : « Revenir sur la taxe d'habitation, ce serait revenir sur le pouvoir d'achat »
Marc Fesneau, président du groupe Les Démocrates à l'Assemblée nationale, était l'invité de France inter, Le Monde et France Info, le dimanche 3 novembre dans l'émission « Questions politiques ».
Actualités internationales : « Personne n'est préparé à 600 ml de pluie »
À Valence, en Espagne, les scènes apocalyptiques causées par les épisodes d'inondations ont, une fois de plus, mis au centre du débat la question du dérèglement climatique. Pour l'heure, le bilan humain s'élève à plus de 200 morts et des milliers de disparus, tandis que les dégâts matériels sont impressionnants. L'intensité couplée à la fréquence de ce type de catastrophe était jusque-là sous-estimée sur notre continent « plutôt à l'abri de ces événements terribles [...] et considéré comme tempéré », par rapport à d'autres régions du monde, souligne Marc Fesneau.
Personne n'est préparé à 600 ml de pluie. C'est l'équivalent de ce qui tombe sur un an à Paris !
L'enjeu, selon le député Loir-et-Chérien, « est que nous allons avoir à réduire les gaz à effet de serre, dans le temps long et avoir la capacité à pouvoir s'adapter à ces événements là. » Aussi, il est crucial de travailler différentes hypothèses pour mieux anticiper et absorber les effets des conséquences directes du dérèglement climatique. L'ancien ministre de l'Agriculture rappelle que « la plupart des victimes que nous avons en Espagne sont des gens qui étaient dans leur voiture, qui étaient dans les parkings » pointant que « s'ils avaient été à l'abri, sans doute, ils seraient encore vivants à l'heure où l'on se parle, donc c'est quand même une question de préparation. »
L'autre actualité brûlante de notre écosystème politique est l'élection présidentielle du mardi 5 novembre aux États-Unis. Quels que soient les résultats de ce scrutin, qui revêt une inquiétude légitime pour nous Français et Européens, nous devrons poursuivre la reconquête de notre souveraineté, notamment en matières militaire et industrielle. Il est impensable que la sécurité de notre continent vacille au gré du pouls politique américain.
Le symbole est celui d'une démocratie américaine soumise au plus incroyable des populismes.
Marc Fesneau attire notre attention sur le danger du personnage de Donald Trump dont la victoire aurait des répercussions terribles pour les relations internationales et en particulier dans les régions du monde jonchées par des guerres d'une violence extrême.
Politique intérieure : « Ce n'est pas parce qu'on a un avis qu'on est opposant »
Au cœur des débats à l'Assemblée nationale, celui du budget en première ligne. Entre le PLF et le PLFSS, les députés Les Démocrates impulsent une vision d'équilibre qui répond au besoin d'ordre budgétaire du moment sans tomber dans la caricature des propositions, jeu auquel s'adonne les populistes des deux bords.
S'agissant de l'abrogation de la réforme des retraites, proposée au sein de la niche parlementaire du RN, Marc Fesneau remet l'église au milieu du village :
Voter une telle réforme sans avoir la moindre idée de la façon dont on finance à la fin le système des retraites : autant dire qu'on délibère, qu'on légifère dans le vide.
Les Français ne doivent pas être bernés. Le système de retraites par répartition est au bord du gouffre financier avec un déficit structurel appuyé par les données du Conseil d'orientation des Retraites. Qu'on soit clair : rétablir l'âge légal de départ à 62 ans « est un moment de populisme symbolique » tance Marc Fesneau. Le Rassemblement national, comme le Nouveau Front Populaire, formulent des propositions illusoires et mensongères. Le président du groupe le résume parfaitement :
Si c'est pour dire « on peut travailler moins, on peut financer le système des retraites, tout ça sans augmenter les cotisations et en attirant des entreprises », ça c'est un mensonge.
Dans la continuité de ces discussions, est mise sur la table depuis quelques semaines la question de la justice fiscale. À ce propos, Marc Fesneau défend la pertinence de la contribution sur les hauts-revenus en justifiant que « c'est à la fois pour mieux équilibrer les comptes et c'est une mesure de justice fiscale. »
Par ailleurs, Marc Fesneau a aussi été interrogé sur la potentielle nouvelle loi immigration agitée par Bruno Retailleau. Pour le député de Loir-et-Cher, cela montre « une propension française de courir en permanence derrière la « légifération » sous les cris, les hourras ou les quolibets des populistes » et en fin de compte « ça ne marche pas. »
Enfin, alors que des mobilisations agricoles sont annoncées, notre ancien ministre de l'Agriculture a exposé son analyse de la situation.
Il y a à la fois de l'impatience sur les mesures qui avaient été annoncées, dont je note quand même que nous avions donné le calendrier. Par exemple les mesures fiscales par nature, elles étaient dans le PLF. Il y avait des mesures de simplification [...], c'est tous les jours en soit.
De plus, Marc Fesneau explique aussi le ras-le-bol des agriculteurs par une année climatique défavorable à leurs récoltes. En somme, « on est dans une année climatique catastrophique : le mauvais climat en agriculture c'est le climat qui dure et cette année, c'est la pluie qui dure. »
L'ensemble des dispositions négociées au moment de la première crise agricole sont contenues dans la loi d'orientation agricole que Marc Fesneau avait portée dans l'exercice de sa fonction ministérielle précédente. Il conçoit d'abord que « le gouvernement pourrait accélérer » dans son calendrier, mais rappelle aussi que certaines solutions se situent au niveau européen. Quand « vient s'ajouter [...] la question de libre-échange, notamment le MERCOSUR, [...] il faut exiger de Madame Von der Leyen que les accords de libre-échange respectent a minima les accords de Paris sur le climat. »