Géraldine Bannier : "L’enjeu de souveraineté alimentaire est crucial pour notre pays dans un contexte de très forte diminution, ces quarante dernières années, du nombre d’agriculteurs."

Géraldine Bannier
(© Assemblée nationale)

La députée de la Mayenne, Géraldine Bannier, revient sur la loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (dite Egalim). Interview. 

La loi pour l’équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous (dite Egalim) va-t-elle assez loin, selon vous ? Quelles sont les demandes faites par les producteurs face à la montée en gamme qui leur est demandée ?

Il faut évidemment aller plus loin puisqu’on constate la nécessité d’un renforcement de la transparence et de la sécurisation de l’indicateur des coûts de production, mais aussi un étiquetage de l’origine des produits plus effectif, un contrôle et des sanctions en cas de non-respect de la législation plus efficace. La montée en gamme est une demande de l’État, des consommateurs, à laquelle répondent les producteurs. Ils demandent simplement à ce que le surcoût engendré soit répercuté équitablement sur l’ensemble de la chaîne et pas supporté uniquement par eux, comme souvent. 

Quel rôle l’État doit-il endosser face aux problématiques agricoles actuelles et aux relations entre les différents acteurs ? 

L’enjeu de souveraineté alimentaire est crucial pour notre pays dans un contexte de très forte diminution, ces quarante dernières années, du nombre d’agriculteurs. L’État doit imposer aux acteurs la meilleure rémunération du producteur pour assurer le renouvellement des générations et garantir l’avenir. Ça veut dire sortir du jeu de dupes qu’on connaît si bien quand on vient de ce milieu et qui fait que, pendant des années, les industriels et la grande distribution ont passé leur temps à se renvoyer la balle de la moindre rémunération des producteurs. C’est à l’État, en imposant le respect du coût de production, en mettant en place les contrôles et sanctions nécessaires, en aidant l’amont – les producteurs – à peser davantage via la structuration des filières, d’assurer l’autonomie alimentaire de demain. Il y a urgence. 

Quel contexte pose la Politique Agricole Commune (PAC) en Europe et en France ?

Le budget actuel de la Politique Agricole Commune sera maintenu pour la période 2021-2027, ce qui a constitué une première victoire importante pour apporter la sécurité nécessaire aux exploitants agricoles et répondre à l’enjeu européen de souveraineté alimentaire. Pour ce qui est de la définition de la PAC 2023, on sait que l’enjeu majeur se situe autour du renforcement des ambitions environnementales, avec l’introduction des éco-régimes, primes accordées contre participation à des programmes environnementaux. L’enjeu sociétal et territorial est important et il faudra que la très grande majorité des agriculteurs – le ministre a avancé le chiffre de 70% – puissent entrer dans ce cadre. 

Les producteurs souhaitent d’abord vivre du revenu de leur production plutôt que de vivre de primes... Mais pour le moins, ces primes PAC, instaurées depuis 1962, doivent protéger les agriculteurs, favoriser leur maintien et la préservation des milieux, sans relever d’un casse-tête administratif souvent dénoncé. L’objectif de simplification, porté par le ministre de l’Agriculture, est majeur aussi.

Vous êtes fille d’agriculteurs. Face au rapport Papin, quelles sont leurs attentes pour réussir cette loi en assurant le maintien de la souveraineté nationale ?

Les producteurs attendent une consolidation de la contractualisation, la transparence et la sécurisation du prix de la matière première agricole, un dispositif pour trancher les litiges, un encadrement de toutes les formes de braderies de produits alimentaires.

Quelles difficultés sont posées aux agriculteurs et producteurs dans votre circonscription ? 

Toutes les filières n’ont pas profité également de la loi Egalim. Pour la filière laitière, on constate quelques avancées, à renforcer. La filière bovine est particulièrement en difficulté avec des prix pour les races à viande qui n’ont quasiment pas évolué en 30 ans et sont trop peu valorisés par rapport au prix pour la « vache de réforme », de race laitière. On craint chez moi, vu le prix des céréales à la hausse, qu’on ne voie bientôt plus de troupeaux allaitants... 

C’est bien dommage, en termes d’animation de nos terroirs aussi. 

Les producteurs subissent aussi des injonctions sociétales – fin de la castration à vif des porcs, castration pour éviter l’odeur de la viande de certaines carcasses mâles – qui les mettent en difficulté concrète : comment trouver des vétérinaires pour anesthésier et qui paiera le surcoût ? Ils sont des acteurs bien sûr volontaires pour améliorer le bien-être animal, base de leur réussite, mais l’ensemble de la chaîne doit en supporter les conséquences et accepter que le coût de production en soit impacté. Pour terminer, je dirai que la grande inquiétude, chez moi, est celle du renouvellement des générations... Nombre d’agriculteurs ont plus de 55 ans et la relève peine parfois à se lancer dans un métier où les investissements sont très lourds, les journées longues – même si le progrès technique, la possibilité de remplacement, a amélioré le quotidien – et surtout la reconnaissance des concitoyens pas toujours là... Ils ouvrent régulièrement leurs portes pour faire découvrir ce métier de passion qui est le leur et la réalité de ce qui fait notre alimentation. Ils vivent ce décrochage d’une partie de la population qui ne sait pas ce qu’est leur métier et juge sans savoir. 

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