"L’alimentation doit être un point focal de l’action publique française"

Alimentation
(© Adobe Stock)

Plusieurs parlementaires de la majorité présidentielle, dont Sandrine Le Feur (Renaissance) et de nombreux députés du Mouvement Démocrate, se positionnent en faveur de principes clés à l’approche de la publication de la Stratégie nationale pour l’Alimentation, la Nutrition et le Climat. Tribune publiée dans Le JDD.

En 2021, l’Assemblée nationale votait la mise en place d’une Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat, au sein de la loi Climat et Résilience. À l’approche de sa publication prévue pour le 1er juillet 2023, nous aimerions nous positionner en faveur de principes clés, afin qu’ils nous servent de boussole.

L’alimentation doit être un point focal de l’action publique française. C’est un objet de gouvernance précieux, car les Français sont particulièrement attachés à leur assiette. Le repas à la française est associé à un plaisir dont la qualité est même inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco. Mais, si nous aimons manger, notre nation n’échappe pas aux effets d’un modèle agroalimentaire en bout de course.

Notre modèle de consommation émet trop de CO2 et dégrade les écosystèmes, accroit les risques de surpoids, obésité, diabète et pathologies associées, perpétue des inégalités sociales tant en matière d’accès à l’alimentation que de contenu de l’assiette des différents publics et facteurs de risques associés. Agir pour la transition alimentaire devra donc intégrer l’ensemble de ces dimensions.

Les différents maillons de la chaîne alimentaire doivent être régulés de manière proportionnée à leur capacité d'entraînement sur la transition du secteur. Autrement dit : informer le consommateur est crucial mais insuffisant. Encadrer les pratiques agricoles, idem. Les industriels et les distributeurs devront tout autant jouer leur part que les citoyens et les agriculteurs, voire même davantage étant donnée leur capacité d’investissement et force de frappe associée. Notamment dans un contexte de précarité alimentaire croissante et encore insuffisamment adressé par des réponses structurelles. Bien entendu, l’heure de l’auto-régulation et des déclarations d’intention est révolue : les indicateurs de suivi et d’évaluation de leur conformité à la réglementation devront être dûment définis et encadrés.

Nombreuses sont les évolutions sociétales qui reposent sur les agriculteurs - véritables piliers de notre modèle alimentaire. Réduction de l’usage des pesticides, diversification des cultures, entretien et développement des infrastructures agro-écologiques, réduction de la distance des circuits de distribution, pédagogie envers le grand public pour favoriser l’attractivité du métier, recherche et développement permanent pour identifier les outils, techniques et technologies les plus efficients, les modèles de collaboration les plus résilients. Décidément, ces missions sont bien trop exhaustives et ambitieuses pour être dévolues uniquement à une profession en déclin démographique. Nous devons donc penser à les soutenir lors de chaque prise de décision - et à l’impact de chacune de nos décisions sur la profession. Au risque, sinon, de nous couper de notre savoir-faire et subsistance.

La démocratie alimentaire a fait ses preuves, elle doit être déployée. L’alimentation attire, et cela vaut pour les processus de prise de décision qui l’entourent. Car rien de tel pour réenchanter la démocratie participative dans nos territoires que de commencer par un sujet qui touche au quotidien de chacun, à l’intime. La participation de toutes et tous aux prises de décision sur notre système alimentaire sera cruciale à l’adhésion et l’efficacité des décisions.

La capacité des territoires à expérimenter de nouveaux modèles de solidarité alimentaire, comme la sécurité sociale de l’alimentation par exemple, devra être davantage soutenue, humainement et financièrement ; car dans ses expérimentations réside le potentiel de déceler les fondations du modèle de demain. Qui sera durable et désirable, ou ne sera pas.

Enfin, la cohérence des objectifs fixés au niveau français avec l’Europe devra être scrutée avec précision, indicateurs à l’appui. La stratégie “De la Ferme à la Fourchette” trace un cap collectif, intégrant les différentes dimensions de l’action publique liées à l’alimentation, que nous nous devons de soutenir en France. L’ambition de la décarbonation du secteur agri-alimentaire en dépend, tout comme le respect de la préservation du vivant. Il ne saurait y avoir de crédibilité européenne sans conformité française. Et il ne pourrait y avoir d’exemplarité communautaire sans impulsion nationale.

Nous, parlementaires de la majorité présidentielle, seront attentifs au respect de ces principes directeurs dans la nouvelle stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat.

Tribune signée notamment par nos Députés Sandrine Josso, Jean-Pierre Cubertafon, Erwan Balanant, Maud Petit, Anne-Laure Babault et Hubert Ott.

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