Marc Fesneau : "Respecter les éleveurs dans les différentes utilités qu'ils apportent à la société française"
Marc Fesneau, Ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Vice-Président du Mouvement Démocrate, a été interrogé lors des Questions au Gouvernement du Sénat sur le rapport de la Cour des comptes préconisant la diminution du cheptel bovin. Revoir son intervention.
Madame la Sénatrice, merci de cette question qui fait écho à plusieurs questions qui m'ont été posées et qui font écho au rapport de la Cour des comptes.
D'abord, je voudrais nous inviter collectivement à lire la totalité du rapport de la Cour des comptes et ne pas se limiter à la page 9 et aux deux seules recommandations qui sont faites. Ce serait rendre justice au travail qui a été fait par la Cour des comptes.
Deuxième élément, là où on peut avoir et c'est normal qu'on puisse avoir un débat, y compris avec la Cour des comptes, c'est sur l'équilibrage et ce qui est proposé par la Cour des comptes, au fond, c'est une simple décroissance et une décapitalisation qu'il faudrait forcer pour répondre à des objectifs, que par ailleurs nous avons nécessité de tenir, qui sont des objectifs carbone.
Alors loin de moi l'idée d'abord, de dire que l'élevage ne doit pas prendre sa part des efforts qu'il faut faire en termes de décarbonation.
D'ailleurs, ils se sont mis sur ce chemin. Il y a des travaux de recherche et d'innovation qui portent par exemple sur l'alimentation, qui permettent de tenir cette trajectoire.
Loin de moi l'idée de dire que la consommation et que les évolutions de consommation ne sont pas à tenir en compte.
Depuis 20 ou 30 ans, on sait que structurellement, il y a une baisse de la consommation et que parfois on va de la viande rouge vers la viande blanche. Donc tout ça, c'est des choses qu'il faut regarder en lucidité.
Mais en revanche, il y a quelque chose qui est choquant, c'est de proposer comme seule perspective à un éleveur, ça fait partie des deux recommandations, c'est finalement de ne plus être éleveur.
Et ça, c'est quelque chose qui, me semble-t-il, n'est pas acceptable, d'abord parce que humainement ce n'est pas acceptable, et parce que, deuxièmement, sur ces territoires là, en particulier les bovins allaitants, il n'y a pas d'autre solution que de faire de l'élevage ou rien.
Et troisième élément, et d'ailleurs, la Cour des comptes le dit, et ça, j'invite à le regarder quand même, c'est comment on tient mieux compte des autres services que rend l'élevage que celui d'abord de nous alimenter, qui est quand même un service important.
Et on a besoin, je pense, de réfléchir à ce que sont les équilibres de viande, et quelles sont les matières de viande qu'on a besoin de produire en France pour répondre aux besoins de consommation.
Mais deuxièmement, quelles sont les aménités, comme on dit, qu'apporte l'élevage, en particulier les haies, le maintien des paysages ouverts, la lutte contre les incendies de forêts, le maintien des prairies, la préservation de la biodiversité... tout ça, ça a de la valeur.
Et donc tout ça, il faut aussi en rendre compte dans les soutiens financiers qui sont apportés à l'élevage.
Ne caricaturons pas les uns les autres, on a besoin d'avoir une trajectoire carbone au niveau national, mais on a besoin aussi de respecter les éleveurs dans leur travail et dans les différentes utilités et aménités qu'ils apportent à la société française tout entière.