Richard Ramos : « Avec cette décision d’annulation, Lactalis va en justice contre son propre gouvernement. C’est une démarche de la honte. »
Le député du Loiret et secrétaire général adjoint du Mouvement Démocrate, ardent défenseur du terroir français, Richard Ramos, revient sur l’annulation du décret gouvernemental qui avait imposé l’étiquetage de l’origine du lait, suite à la demande du groupe Lactalis. Une aberration selon lui. Interview.
Que pensez-vous de la décision de la Cour de justice européenne d’avoir annulé le décret gouvernemental sur l’étiquetage de l’origine du lait ?
Le groupe Lactalis est le fleuron des industries françaises. Sa marque Lactel est un symbole du lait français. En faisant cette demande, Lactalis va en justice contre son propre gouvernement. C’est une démarche de la honte quand on sait que la valorisation de nos territoires est un combat européen.
Cette décision va-t-elle impacter les consommateurs et producteurs de lait français ?
Bien évidemment que oui. Avec cette décision, Lactalis ment, du moins par omission, au consommateur français. Ce dernier croit boire du lait français alors qu’il provient des Pays-Bas. C’est tout bonnement inacceptable.
Certains industriels trompent le consommateur français en affichant des faux produits France, alors qu’aucun produit qui le compose n’est produit en France.
Comme avec le Coca-Cola, manger et boire la même chose dans le monde aboutirait à penser la même chose.
Le second acte d’achat du consommateur après le prix, c’est l’origine. Les consommateurs et producteurs de lait français vont donc être fortement impactés par cette décision.
Existe-t-il un contresens par rapport à la volonté de produire localement en favorisant les circuits courts et les produits de qualité ?
C’est un contresens absolu. Notre Europe est une Europe des nations et des territoires.
Une vache qui mange dans les alpages français n’est pas une vache qui se nourrit aux Pays-Bas.
L’Europe est composée d’une multitude de territoires et ce sont ces territoires qui font la richesse de notre Europe. Il faut donc respecter chacun d’entre eux et les valoriser. Une telle décision de la Cour de justice européenne va à l’encontre de tout cela.
Est-ce une contradiction quand on sait que la viande et les fruits et légumes sont, eux, étiquetés ?
C’est une vraie contradiction, une aberration même. Pourquoi certains produits tels que la viande et les fruits et légumes seraient étiquetés au détriment du lait ? Il n’y aucune logique derrière cela.
Cette annulation ne relève-t-elle pas finalement de l’intérêt privé au détriment de l’intérêt public ?
Évidemment. L’économie ne doit pas passer au-dessus de la politique. Ainsi, si nous remontons aux origines du sens même du mot politique, il provient du nom grec polis qui signifie littéralement « cité ». Ce mot a lui-même plusieurs dérivés, dont l’adjectif politikos qui peut se traduire par « qui concerne les citoyens, relatif à l’État. »
La décision politique doit toujours être supérieure aux intérêts économiques, car lui prend en compte l’intérêt des citoyens.