Marc Fesneau : "Iran : à l’escalade verbale, maintenant succède l'escalade militaire" 

Marc Fesneau

Marc Fesneau, Ministre des Relations avec le Parlement, était l'invité de Marc Fauvelle ce mercredi 8 janvier 2020 sur France Info. Extraits.

MARC FAUVELLE - FRANCE INFO

Avant d’évoquer la situation sur les retraites, d'abord l'escalade militaire entre les Etats- Unis et l'Iran. Comme on pouvait le craindre, l'Iran a frappé cette nuit plusieurs bases américaines situées en Irak. Il y aurait 80 soldats américains tués d'après Téhéran. Est-ce que l'Europe et la France sont condamnées à voir tomber les bombes sans rien pouvoir faire ?

MARC FESNEAU

Non. La France - et l'Europe d'ailleurs, par la voix du Premier ministre britannique, du président de la République française et de la chancelière Angela Merkel - ont exprimé la volonté qu'elle avait de renouer le dialogue entre les différentes parties. À l’escalade verbale, maintenant succède l'escalade militaire et c'est évidemment ce qu'on regrettait, ce qu'on craignait. Il est temps que les parties se mettent autour de la table pour discuter et pour trouver les voies de l'apaisement, parce que c'est très facile de faire de l'escalade verbale, de l'escalade militaire...

MARC FAUVELLE

C'est le début d'une guerre ?

MARC FESNEAU

Ça ressemble au début d'une guerre et donc ce que nous voulons éviter dans cette zone, comme dans toutes les zones d'ailleurs, c'est une escalade qui conduirait à une guerre totale entre les Etats-Unis et l'Iran. Escalade qui à la fois a des conséquences entre eux mais qui a des conséquences bien au-delà de ça, y compris dans la lutte contre le terrorisme.

MARC FAUVELLE

L'Iran affirme avoir frappé des bases où se trouvaient des soldats américains mais également des membres de la coalition internationale. Est-ce qu'à votre connaissance des soldats français ont été touchés ?

MARC FESNEAU

Pas à ma connaissance mais il conviendra dans la matinée d'évaluer les conséquences de ces missiles.

MARC FAUVELLE

On y reviendra dans quelques minutes. Marc Fesneau, en France la journée d'hier a été marquée par la reprise des discussions avec les syndicats sur la réforme des retraites. En début de journée, le Premier ministre Edouard Philippe a semblé jouer l'ouverture sur la question de l'âge pivot, avant de refermer la porte quelques heures plus tard. Est-ce que cet âge pivot, qui braque aujourd'hui notamment la CFDT, est inscrit noir sur blanc dans la réforme ?

MARC FESNEAU

Alors d'abord, rappeler que la question de l'âge pivot a été posée dès l'allocution du Premier ministre au CESE présentant la réforme. Et quand il avait présenté la réforme, il a dit : La solution que nous préconisons et que nous proposons, c'est la solution de l'âge pivot.

MARC FAUVELLE

Oui, mais il avait dit si on trouve mieux, on fera autre chose.

MARC FESNEAU

Si d’autres solutions sont trouvées, à ce moment-là nous nous rendrons à la position qui sera trouvée par les partenaires sociaux, comme on dit. Le Premier ministre, rebondissant sur une proposition qui avait été faite par Laurent Berger, a dit: C'est une piste qui nous paraît intéressante. Ceci étant, il y a une procédure. Le texte, il doit être transmis.

MARC FAUVELLE

Il a été transmis au Conseil d'Etat qui doit l'examiner.

MARC FESNEAU

Oui.

MARC FAUVELLE

Et dans la version qui est transmise, il y a bien déjà l'âge pivot.

MARC FESNEAU

Mais quand...

MARC FAUVELLE

Ça sert à quoi d’aller négocier dans deux jours à Matignon ?

MARC FESNEAU

Parce que quand vous êtes dans une phase de négociation, quand vous travaillez un texte, vous envoyez un texte avec les bases de ce que vous avez proposé conformément à ce qu'a dit le Premier ministre. Et par ailleurs, le Premier ministre a dit : On est ouvert. Ça veut dire que nous avons capacité, toute capacité dès lors que nous trouverions une solution alternative avec les partenaires sociaux, à remplacer l'âge pivot par autre chose.

MARC FAUVELLE

Donc on peut encore mettre un coup de crayon là-dessus ?

MARC FESNEAU

Mais bien sûr. Mais la question n'est pas celle-là. La question, c'est... Ce n’est pas un totem, l'âge pivot. Ce qui est important pour nous, c'est l'équilibre du système financier et c'est de faire en sorte qu’à ceux qui nous poseront la question incontestablement légitime de quel est l'équilibre du système de retraite et comment on équilibre la proposition qui est faite d’un système de retraite universelle par points, il faut qu'on trouve des systèmes de financement. Donc on remplace... La question du remplacement de l'âge pivot n'est pas par une conférence mais par des solutions qui seraient trouvées dans cette conférence pour atteindre l'équilibre du système de retraite. C'est une question de responsabilité. J'ai entendu Laurent Berger hier dire : "On veut mettre tous les sujets sur la table". Si on veut mettre tous les sujets sur la table, il faut que dans la séquence qui va s'ouvrir, y compris la séquence législative, on ait les solutions qui permettent de manière crédible d'assurer la stabilité du système dans la durée.

MARC FAUVELLE

A l'exception de La République en Marche et du MoDem, tous les partis vous demandent aujourd'hui de renoncer à cette réforme et des voix se font également entendre dans vos propres rangs, Marc Fesneau, pour que le gouvernement abandonne cette question de l'âge pivot. Reportage tout d'abord de Simon Le Baron à l’Assemblée nationale et vous réagirez, si vous le voulez bien, juste après.

SIMON LE BARON - FRANCE INFO

Lâcher l'âge pivot pour sauver la réforme, voilà ce que pensent les deux tiers voire les trois quarts du groupe En marche, à en croire Guillaume Chiche, député des Deux-Sèvres venu de la gauche.

GUILLAUME CHICHE - DÉPUTÉ LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE

S'il faut retirer l'âge pivot de la réforme des retraites, faisons-le. L’essentiel est la réforme de fond, la réforme systémique. La promesse macronienne d'un système universel plutôt que l'équilibre financier cher à Edouard Philippe, c'est aussi la préférence du chef de file de l'aile dite sociale des Marcheurs, Jean-François Cesarini, pour qui la fermeté du Premier ministre relève avant tout de la posture.

JEAN-FRANÇOIS CESARINI - DÉPUTÉ LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE

Je pense plus que c'est un marqueur politique pour lui, un marqueur effectivement par rapport à une ligne politique claire en disant, voilà, il faut toujours travailler plus. Vous savez, le...

SIMON LE BARON

Une ligne de droite ?

JEAN-FRANÇOIS CESARINI

Une ligne de droite, oui, disons les choses. Mais je crois effectivement que c'est plus un marqueur idéologique qu'une vraie nécessité budgétaire.

SIMON LE BARON

Mais comme souvent le groupe est divisé.

AURORE BERGÉ - PORTE-PAROLE DE LA RÉPUBLIQUE EN MARCHE

C’est profondément irresponsable.

SIMON LE BARON

Pour la porte-parole de La République en Marche Aurore Bergé, impensable de ne pas inscrire dans la loi la question financière.

AURORE BERGÉ

Je pense que les Français ne nous pardonneraient pas de dire : "On change de système" sans dire comment on le finance. Il faut qu'on le fasse et pour le financer, pour moi, la mesure qui est la plus juste socialement c'est de dire qu’on s'engage à travailler tous un peu plus longtemps.

SIMON LE BARON

Exactement ce que dit Edouard Philippe mais sans doute pas de quoi contenter la CFDT.

MARC FAUVELLE

Marc Fesneau, quand vous entendez le premier député qu’on vient d’entendre disant qu’une majorité du groupe aujourd'hui veut que vous lâchiez, qu’est-ce que vous lui dites ?

MARC FESNEAU

Je lui dis que ce n’est pas le sentiment que j'ai, mais la majorité du groupe, ce qu'elle veut c'est qu'il y ait une réforme et qu’il y ait une réforme qui soit empreinte de justice, d'universalité et aussi de responsabilité, c'est- à-dire de financement.

MARC FAUVELLE

Et que ça s’arrête aussi, non ?

MARC FESNEAU

Oui, mais les parlementaires et ceux qui nous écoutent ce matin aussi, je crois que tout le monde a envie que la grève cesse et que nous trouvions les voies d'un compromis avec ceux qui ont envie de cette réforme chez les partenaires sociaux et ceux qui ont envie de sortir du conflit. Donc ça, c'est partagé par tout le monde. Mais la volonté du gouvernement, et elle est partagée par les membres du groupe La République en Marche et les membres du groupe MoDem, c'est de trouver un équilibre à cette réforme. 

MARC FAUVELLE

C'est devenu une affaire quasi personnelle pour Edouard Philippe, cette réforme ?

MARC FESNEAU

Mais ce n’est pas une affaire personnelle et je trouve que le grief qui est fait par ce député est faux, parce que le Premier ministre ne s'est jamais arc-bouté sur l’âge pivot. Nous sommes simplement dans une situation de responsabilité qui fait que quand vous proposez une réforme, vous la financez. Ça fait des années que sur un certain nombre d'autres sujets, je pense à la dépendance, je pense au système de soins, je pense à des tas de choses sur lesquelles on a proposé des choses, on a dit des choses, on a voté des lois, on ne les a pas financées. Et nous, nous sommes une majorité et un gouvernement qui a fait le choix de la responsabilité. Ce n’est jamais très agréable, ce n'est jamais très facile mais en tout cas la responsabilité, c'est de dire quand on pose une réforme, comment on la finance. Et l'âge pivot est une des voies que nous avions proposées ; s’il y en a d'autres, tant mieux.

MARC FAUVELLE

Cette réforme, au final, est-ce qu'elle va coûter de l'argent ou en rapporter ?

MARC FESNEAU

Mais ce n’est pas une question budgétaire au sens de ce qu’elle rapporte.

MARC FAUVELLE

En partie.

MARC FESNEAU

Non. L’important, c'est que cette réforme s'équilibre dans la durée et donc c'est une question d'équation entre la dépense et la recette. Vous ne faites pas une réforme des retraites aussi systémique et aussi profonde que celle que nous proposons pour essayer de faire des économies ou essayer de faire des dépenses.

MARC FAUVELLE

On sait par exemple qu'il va falloir augmenter les enseignants pour qu'ils ne soient pas perdants de 10 à 15 milliards d’euros sur plusieurs années.

MARC FESNEAU

Oui, c’est sur plusieurs années.

MARC FAUVELLE

Au final si on prend la colonne plus et la colonne moins dans cinq ou dix ans, elle se fait avec quel budget, cette réforme ?

MARC FESNEAU

Mais c'est justement l'enjeu qu'il y a autour de l'équilibre du système de retraite.

MARC FAUVELLE

Il n’y a pas de chiffrage pour l'instant.

MARC FESNEAU

Non mais l’objectif... Vous êtes sur quelque chose qui en tendance augmente mais, par ailleurs, vous avez aussi un produit intérieur brut qui augmente, une croissance qui croît et qui permet de financer. On a fixé un seuil à 14 % de dépenses, autant que je me souvienne...

MARC FAUVELLE

14 % du PIB consacrés aux retraites.

MARC FESNEAU

14 % du PIB, le taux est fixe mais le PIB il augmente dans les années qui viennent, et donc c'est ça aussi qui permet de financer la réforme mais il y a besoin... Je le répète, si vous voulez être crédible et sérieux pour une fois dans une réforme, il faut qu'elle soit financée. Et l'âge pivot est un des moyens, je le répète, mais d'autres sont sur la table. Et si les partenaires sociaux nous proposent dans la séquence qui s'ouvre, il faut être sérieux, ce que je veux dire par là, c'est que vous ne pouvez pas dire : "On reparlera du financement le jour où on aura envie d'en parler". On en parle dans la séquence qui s'ouvre aujourd'hui.

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