Nathalie Elimas : "On ne cesse de s’adapter, de s’ajuster et notre objectif est de ne pas fermer les écoles. Donc on teste massivement les élèves pour garder les classes ouvertes."
Nathalie Elimas, Secrétaire d'État chargée de l'Éducation prioritaire, était l'invitée de la matinale de C News ce mardi 04 janvier. Pass vaccinal, tests dans les écoles, détecteurs de CO2... Elle a pu balayer largement l'actualité du moment. Interview.
Romain Desarbres : Bonjour Nathalie Elimas, vous êtes Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, chargée de l’Éducation prioritaire. On va parler de la rentrée, des détecteurs de CO2 qui se font attendre, du port du masque et des tests, de ce nouveau protocole sanitaire. Tout d’abord, ce qui s’est passé à l’Assemblée hier soir. L’examen du projet de loi qui vise à installer le pass vaccinal. L’examen du test a été suspendu par un vote des députés de l’opposition. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? C’est un gros cafouillage, c’est une claque au Gouvernement, c’est un camouflet ?
Nathalie Elimas : Non ce n’est pas un cafouillage. Moi, vous savez, avant d’être membre du Gouvernement, j’ai été députée pendant 3 ans donc j’ai siégé à l’Assemblée et j’ai vu ça plusieurs fois. On dit que, en tout cas, les oppositions disent qu’il y a à nouveau un procès contre la démocratie, qu’il n’y a pas de démocratie dans ce pays depuis la crise sanitaire. C’est la douzième fois, le douzième texte depuis le début de la pandémie. Première chose. Deuxièmement, les députés sont libres, ils font ce qu’ils veulent. La preuve, ils ont décidé de suspendre et de reporter. Eh bien, écoutez, libre à eux. Et puis de toute façon, on va avancer dans le texte. Ils n’ont pas voulu siéger cette nuit, je peux le comprendre. Je pourrais penser qu’ils siègent ce week-end à la place.
Romain Desarbres : Il y a pourtant des présidents de groupe. Il y a un président de groupe à la République En Marche, Christophe Castaner, il va se faire taper sur les doigts ou pas ?
Nathalie Elimas : Pour cela, on verra. Il y aura une conférence des présidents ce matin qui va fixer un nouveau calendrier et les députés vont siéger. C’est vrai qu’ils se sont couchés un peu plus tôt hier soir, mais je pense qu’ils vont passer leur week-end à Paris.
Romain Desarbres : Mais cela veut dire que le pass vaccinal sera repoussé, ce ne sera pas mis en place à partir du 15 janvier ?
Nathalie Elimas : A priori non, il faut voir encore une fois ce qui va être décidé ce matin et le nouveau calendrier à l’Assemblée nationale. Parce qu’après cela, je vous le rappelle, il faut que cela parte au Sénat. Cela devait être examiné aujourd’hui au Sénat, en séance, en tout cas en commission. Donc cela va être légèrement décalé mais je pense qu’il n’y a pas vraiment de surprise sur l’issue et que le pass vaccinal, bien sûr, sera voté. Voilà, c’est un petit jeu des oppositions. Je siégeais au moment où on a étudié le texte sur les retraites. Je vous rappelle qu’il y a des amendements qui pleuvaient, des sous-amendements etc. On connaît ces techniques. La preuve en tout cas, c’est que les députés sont libres et que la vie démocratique est bien présente et bat son plein dans notre pays et je crois que c’est l’essentiel.
Romain Desarbres : La rentrée scolaire, hier. Nouveau protocole sanitaire. Quand il y a un cas dans une classe, il y a trois tests en quatre jours pour chaque élève. On dit que c’est un peu l’usine à gaz. Comment cela s’est passé hier ?
Nathalie Elimas : La doctrine a évolué. Cette histoire de tests faits par les familles, c’est déjà en place depuis le début de décembre. Je vous rappelle que précédemment quand il y avait un cas dans la classe, on fermait la classe. Ensuite, on a dit que quand qu’il y avait un cas dans la classe, on faisait tester tous les élèves. Les élèves négatifs reviennent bien évidemment et les élèves positifs restent isolés. Oui, aujourd’hui on évolue. On a fait évoluer les règles. on ne cesse de s’adapter, de s’ajuster et notre objectif, vous l’avez bien compris, est de ne pas fermer les écoles. Donc on teste massivement les élèves pour garder les classes ouvertes.
Romain Desarbres : Mais est-ce que le vrai système, ce n’est pas le système D avec les professeurs qui se débrouillent comme ils peuvent dans la réalité ?
Nathalie Elimas : Quel système D ? On fait tester tout le monde de manière extrêmement régulière. Et encore une fois, si je regarde un peu en arrière, rappelez-vous il y a quelques mois, que disaient les oppositions ? “Mais c’est très simple, on n’a qu’à faire tester massivement les élèves”. Eh bien voilà, c’est exactement ce que l’on fait aujourd’hui. Alors, je ne vous dis pas que c’est simple pour les élèves, pour les familles et même pour les professeurs, je le reconnais. Vous savez, moi je suis mère de famille et mon fils est positif. Eh bien, je vais lui faire la série de tests comme tout le monde. Pour les professeurs, évidemment c’est compliqué puisqu’une fois qu’on a vérifié le test antigénique ou PCR, il y a deux autotests donc il faut une attestation des familles. Donc oui, c’est compliqué mais au final, qu’est-ce qu’on veut pour nos élèves ? Est-ce qu’on veut les confiner ? Est-ce qu’on veut fermer les écoles ? Ou bien est-ce qu’on joue à ce jeu-là qui est un petit peu difficile mais au final, tout le monde reste en classe ?
Romain Desarbres : Jérôme Béglé.
Jérôme Béglé : Pourquoi est-ce que le nombre de professeurs contaminés par la Covid ou cas contacts pourrait venir perturber les cours normaux, fermer des classes, créer un fort absentéisme dans l’éducation nationale ?
Nathalie Elimas : Eh bien, les professeurs ne sont pas autrement que les autres.
Jérôme Béglé : Il y a des chiffres là-dessus ?
Nathalie Elimas : Pas à ce jour, mais on aura un état à la fin de la semaine, comme chaque semaine, on aura des remontées académiques. On saura précisément pour les élèves, les professeurs et le nombre de classes fermées. Cela, c’est certain. Il y a des professeurs malades, oui. Il y a même des professeurs qui ne peuvent pas venir parce qu’ils ont un enfant malade donc il faut les remplacer. Donc on va renforcer la présence des personnels remplaçants. Et puis il y a une ultime solution encore qui est de mettre les classes en distanciel. On l’a fait tout au long de la crise. Malheureusement, on a un peu l’expérience donc on va encore faire cela aussi pour permettre cette continuité pédagogique.
Romain Desarbres : Madame la Ministre, il y a aussi une question qui revient : les détecteurs de CO2, on en parle, on en parle, on ne les voit pas. Alors, le ministère a débloqué 20 millions d’euros. Ils sont où ?
Nathalie Elimas : C’est très simple. Le Parlement a voté 20 millions d’euros. Cela c’est clair, c’est la contribution de l’État. Parce qu’en principe, ces capteurs de CO2, c’est d’abord la responsabilité des collectivités. Les mairies pour les écoles, les conseils départementaux pour les collèges et bien sûr, les conseils régionaux pour les lycées. Je rappelle qu’il y a déjà un lycée sur deux équipé de capteurs de CO2. Alors vous savez qu’il y a une candidate LR à l’élection présidentielle qui est aussi présidente de région mais déjà il faut qu’elle commence par les équiper. Ensuite, dans la pratique, il y a une note qui a été passée la semaine dernière hier encore aux préfets, aux recteurs, justement pour le process. C’est très simple, si les collectivités veulent équiper toutes les classes, et encore ce n’est pas toutes les classes qui sont concernées car on peut aérer ces classes et parfois c’est plus compliqué. Si les collectivités disent “là ou là, il faut des capteurs”, il faut s’adresser aux préfets et aux recteurs. Et il y a un financement de l’État à hauteur de 20 millions d’euros qui a été voté.
Romain Desarbres : Nathalie Elimas, Secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, chargée de l’Éducation prioritaire, merci d’être venue.
Nathalie Elimas : Merci à vous.