Tribune de Sarah El Haïry : le communautarisme est le terreau du racisme
Retrouvez l'intégralité de la tribune de la Secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et de l'Engagement dans la revue "Le droit de vivre".
Il est un principe absolu : l’universalisme de la promesse républicaine.
Face au racialisme, la France.
Face au communautarisme, la Nation.
Face aux identitaires, la République.
La République ne reconnaît que les individus, pas leur supposée appartenance à telle ou telle communauté. Le seul groupe d’appartenance que notre Constitution reconnaît est le peuple français.
Certains ont trop longtemps laissé prospérer le communautarisme par clientélisme. La position du gouvernement reste inchangée : partout où il y a des accointances il y aura la plus grande fermeté. C’est ce qui nous pousse à prendre des engagements et à avoir dissous treize associations diffusant l’idéologie islamiste depuis 2017. Nous serons intraitables.
Les extrêmes encouragent le fantasme identitaire en entretenant la confusion sur les véritables facteurs d’exclusion. En encourageant une démarche victimaire et crispée de revendication de la différence. Cela fragilise le processus du vivre ensemble.
Le communautarisme aliène. L’individu esseulé ayant le sentiment d’être abandonné par les institutions croit alors trouver refuge et réconfort dans telle ou telle communauté, qui exaltera son origine, sa religion, son identification sexuelle ou de genre. À mesure que l’individu ne se reconnaît plus d’autre existence que celle que lui donne son identification, il s’exclut, il exclut les autres et ne les reconnaît que par leurs différences.
C’est là que les discriminations commencent. C’est là que le racisme prend racine.
Pour éviter ces dérives nous travaillons à ce que chaque individu se fasse maître de tous les droits que la République laïque lui confère, responsable de tous les devoirs qui lui incombe.
Nous travaillons, par des lois fortes qui protègent, à l’image de la loi confortant le respect des principes de la République, à ce que chaque citoyen éprouve en lui l’authenticité, au cœur même de la vie civile, économique et sociale du pays, de la promesse républicaine.
Les avancées sont réelles : délit de séparatisme, encadrement de l’instruction en famille, contrat d’engagement républicain pour les associations, lutte contre la haine en ligne, meilleure transparence des cultes.
Ne nous y trompons pas : le communautarisme sous prétexte de solidarité impose d’autres normes que celles de nos lois. Il se sert de la religion et la travestit en fierté identitaire.
C’est pourquoi il est crucial de mettre le respect de la laïcité au cœur du débat républicain. La laïcité est la condition fondamentale de possibilité de la vie publique.On ne peut pas, et on ne doit pas renégocier ce principe fondamental.
Je veux le dire clairement : nous rejetons la dépendance réciproque du politique et du religieux. Nous rejetons l’essentialisation des individus. Nous rejetons l’ethnicisation des femmes et des hommes. Nous rejetons le communautarisme des luttes.
Notre défi est clair : à l’heure où les plus jeunes de nos concitoyens remettent en cause le principe de laïcité, le comprennent comme un ensemble d’interdits ou le juge trop arriéré, nous devons réconcilier nos jeunesses, certains de nos territoires et de nos quartiers avec la laïcité.
La laïcité, ne n’oublions jamais, c’est l’émancipation intellectuelle autant que juridique. C’est la protection et le libre exercice des cultes. C’est la condition d’existence de notre société car elle consacre la liberté de conscience. C’est de la liberté de conscience que découlent toutes les libertés qui nous sont chères comme les libertés d’opinion et d’expression.
Nous nous battrons toujours contre le communautarisme.
Nous proclamerons toujours la même et unique fidélité à la République.
Nous nous lèverons toujours, ensemble, d’un seul mouvement, contre les discriminations.
Nous faisons bloc. Nous ferons face.