Carnet d'Ukraine : Propagande russe

Vous savez, l'été est normalement la période des vacances, mais en tant que réfugiée en France qui travaille, nous planifions nos vacances en Ukraine pour retrouver notre famille, embrasser mes parents et mon mari, même si la guerre continue et que les Russes attaquent chaque jour et chaque nuit.

Malgré les sirènes insupportables et les nuits blanches sans la possibilité de dormir, les dégâts et la douleur touchant chaque famille ukrainienne (en raison des bombardements de maisons, de la mort de civils causée par les missiles russes et du nombre infini de drapeaux dans les cimetières), chaque jour je voyais les bus portant le chiffre 200 (combattants tués) avec les corps de nos Héros et Héroïnes Ukrainiens, les pères et les fils au front.

Plus de 50 000 personnes (selon les statistiques de demandes de prothèses) ont perdu un bras ou une jambe à cause des mines, des familles sont séparées à l'étranger, des enfants ukrainiens sont capturés et emmenés de force en Russie, et il y a des prisonniers de guerre, etc.

Malgré tout cela, les Ukrainiens continuent de lutter et de résister. Ceux qui sont sur le front, en première ligne, rapportent que les Russes arrivent sans cesse et qu'ils attaquent les Ukrainiens avec n'importe quel type d'arme dont nous disposons en quantité suffisante. Nous ne pouvons pas voir la fin de cette horreur.

Photo de centre-ville – MAJDAN à Kyïv et l'Allée de la Gloire à Kharkiv et le cimetière dans chaque village.

Les Forces Armées Ukrainiennes continuent de se défendre et de reprendre nos villages pas à pas, kilomètre par kilomètre, sur notre territoire. Cela prend plus de temps car les occupants ont miné tout le terrain et le prix de la liberté est très élevé, impliquant la vie de nos braves concitoyens et celle des volontaires étrangers qui défendent notre patrie.

Pendant cette période (mes vacances), je me suis engagée à diffuser l'information partout dans le monde pour montrer le vrai visage de la Russie : son cynisme, sa méchanceté et sa nature terroriste qui utilise la propagande pour influencer l'opinion publique des pays occidentaux, dans le but principal de présenter l'Ukraine sous un mauvais jour et d'arrêter l'aide à notre pays.

À titre d'exemple, je souhaite évoquer la situation d'Israël. (le site officiel est https://detaly.co.il/propagandistskaya-ataka-rossii-prodolzhaetsya-detali-proverili-skolko-gotovy-platit-za-propagandistske-stati-na-mestnyh-sajtah/). Les Russes continuent leur campagne de relations publiques néfastes contre les Ukrainiens à l'attention du public israélien.

Le 26 juillet, les principaux sites Internet israéliens ont reçu une offre pour publier un article de propagande déguisé en contenu analytique. Cependant, les rédacteurs en chef de tous les sites - Newsru, Mignews, Vesty et Detaly - ont refusé cette proposition. Detaly ("Détails") a découvert combien les propagandistes étaient prêts à payer pour "colmater" la presse russophone en Israël.

La demande pour la publication dans "Détails" a été reçue au nom de l'agence de publicité Major Media S.R.L, basée à Chisinau (Kyshyniv), en Moldavie.

Le titre de l'article est : "Combien de temps encore l'Occident nourrira-t-il Zelensky ? Que dira-t-il aux Ukrainiens qui retournent dans un pays complètement détruit par sa faute ? L'intérêt d'Israël est l'amitié avec la Russie". Dans le tout premier paragraphe, un expert est cité : "Ephraim Michaeli, une personnalité militaire, un colonel des Forces de défense israéliennes, un expert politique et un spécialiste des relations internationales, estime que l'Occident utilise cyniquement l'Ukraine, l'utilisant à ses propres fins, mais en réalité cela ne l'intéresse pas de lui donner des garanties de sécurité. De plus, il soutient que l'avenir de l'Ukraine dépend directement de la position de la Russie".

Ephraim Michaeli est un retraité israélien, un militaire à la retraite, qui a servi comme attaché israélien à l'ambassade de Russie il y a plus de 20 ans. Il a été membre des délégations que le ministère israélien de la Défense a envoyées en Russie. En 2011, il a reçu le poste de "directeur des affaires publiques" à l'Autorité portuaire d'Israël, et en 2014, il a également été inclus dans le conseil consultatif pour l'exploration gazière et pétrolière du ministère de l'Énergie.

En tant qu'observateur militaire et politique, il fait parfois des commentaires aux médias qui s'intéressent à lui : il a été invité à l'antenne de Soloviev.Live, la première chaîne de RosTV (le présentateur a établi des parallèles entre le Hamas et le régime "naziste" d'Ukraine), et en Israël en mai, il a commenté les manifestations actuelles sur la chaîne YouTube israélienne "Opinion privée", dont les invités dans le passé étaient d'autres participants pro-russes - Polina Limpert, Yakov Kedmi (qui a commencé par des critiques historiques), B. Michel Finkel. L'hôte de ce projet YouTube est le journaliste de la 9e chaîne de télévision Boris Belodubrovsky.

"MiGNews.com a déjà refusé la publication. Je négocie avec "Vesti.co.il" (orthographe préservée - env. "Détails"). Je tiens à clarifier encore une chose : si ce matériel doit être publié, il devrait être présenté sans la mention "P" pour publicité, et être considéré comme un matériel éditorial. Un lien vers une vidéo YouTube lui sera fourni", a déclaré le promoteur de la commande le 26 juillet. Pour comprendre le coût de cette publication, nous avons proposé à l'agence un prix de 1 900 $, auquel nous avons rapidement reçu un accord et une question supplémentaire : "Pouvons-nous, avec votre aide, publier ceci sur le site detaly.co.il sans préciser que ce matériel est payant (sponsorisé) ? Bien sûr, avec le prix que vous avez spécifié !".

Emil Shleimovich, "Détails". Photo : AP Photo/Alexander Zemlianichenko.

Le lien proposé à inclure dans l'article renvoie à une vidéo d'une conversation avec Ephraim Michaeli. La vidéo est publiée sur une chaîne YouTube presque vide, sans histoires visibles pour le moment (probablement prévues pour plus tard), bien que la chaîne compte actuellement 4,6 mille abonnés.

Dans la vidéo, Ephraim Michaeli se présente comme un expert militaire et explique que la Russie ne souhaite pas voir l'Ukraine ou la Russie rejoindre l'OTAN à ses frontières, car après Zakarpattya (l'Ouest de l'Ukraine après les Carpates), il y a une vallée continue jusqu'à Moscou où l'on peut "marcher avec des chars". Il affirme également que les sanctions stimulent le développement économique de la Russie, que Zelensky est responsable de la guerre, et qu'en 2022, il aurait dû dire "juste trois mots - je ne suis pas membre de l'OTAN". En outre, il avance que l'Ukraine ne pourra pas se reconstruire avant 20 à 30 ans, et ainsi de suite.

Suite au contact avec "Détails", Ephraim Michaeli a déclaré qu'en effet, il avait accordé une interview à la Chaine n1 le vendredi dernier, mais qu'on lui avait promis de lui envoyer le matériel corrigé plus tard. Il n'a cependant pas donné son accord pour l'utilisation de cette interview à des fins de propagande (comme c'est le cas pour les placements d'articles payés en masse) et il n'en a aucune connaissance.

L'article personnalisé n'a pas non plus été publié sur le site Web de Vesti, et les clients ont reçu un refus concernant le placement de l'article. La rédactrice en chef du site Web de Vesti, Yevgenia Lamikhova, a déclaré à "Details" : "Ce n'est pas la première fois que notre site Web est approché avec une offre de promotion payante d'"experts" participant à des discussions dans le programme de Soloviev. Cela se produit alors que le "Vesti" israélien est devenu le premier des médias israéliens à être bloqué sur le territoire de la Fédération de Russie par la décision de Rospotrebnadzor (surveillance de nécessité) après le début de la guerre en Ukraine. J'ai l'impression que c'est une nouvelle méthode pour influencer l'opinion publique en Israël, en recherchant des opportunités.

Ce n'est sans doute pas la dernière tentative des Russes et de leurs assistants pour promouvoir leurs messages. Ils continuent de chercher des canaux tels que les chaînes Telegram israéliennes, les groupes Facebook, les chaînes YouTube, et surtout des sites Web traditionnels prêts à diffuser leurs récits. Selon les informations reçues, ces tentatives de promotion de personnes "testées" auparavant sur des ressources de propagande russes comme Soloviev.Live et d'autres se sont intensifiées ces dernières semaines, avec les rédactions israéliennes recevant de plus en plus d'offres de ce genre.

Auparavant, "Details" avait reçu une offre de publication, accompagnée de paiement, mais sous le couvert de matériel analytique sur les élections en Grèce, lors desquelles la Russie avait également manifesté un intérêt évident (les clients, bien sûr, avaient également été refusés). Et dès le 27 juillet, une nouvelle proposition de ce type a été reçue, mais cette fois par une personne signant la "langue ukrainienne".

En outre, "Details" avait signalé plusieurs contrefaçons de sites Web israéliens et le placement de matériel de propagande en hébreu justifiant l'invasion russe de l'Ukraine et encourageant à ne pas aider Kyiv.

Il est à noter qu'il n'est pas exclu que la Russie recoure aux mêmes stratagèmes dans les pays européens pour influencer l'opinion publique concernant la guerre en Ukraine.

Pour conclure, je voudrais citer Golda Meir, femme d'État israélienne, l'une des fondatrices de l'État d'Israël et le 4e Premier ministre d'Israël du 17 mars 1969 à 1974.

En février 1948, à Chicago (États-Unis), elle a déclaré : « La population juive de Palestine se battra jusqu'au bout. Si nous obtenons une arme, nous l'utiliserons, sinon, nous nous battrons armés de pierres... Vous ne pouvez pas décider si nous devons nous battre ou non. Nous allons décider. Et cette décision a déjà été prise. Personne ne peut changer cela. Mais vous ne pouvez décider que d'une seule chose : qui remportera ce combat - nous ou eux... » Ces mots sont toujours d'actualité pour chaque Ukrainien.

Si l'Occident cesse de fournir des armes, il y aura beaucoup de sang ukrainien. Aujourd'hui l'Ukraine, demain l'Europe !