📖 Denis Badré publie Maison commune : les vertus de l'union
Ingénieur, haut-fonctionnaire, maire de Ville d’Avray, sénateur, Denis Badré a œuvré à différentes échelles. Fondateur de l’intercommunalité Grand Paris Seine Ouest, il souligne les vertus d’une dynamique d’union, au niveau local comme au niveau européen. Il publie Maison commune, de la démarche intercommunale à la construction européenne (éditions de l’Aube)
« Toutes proportions gardées », la démarche qui anime la création d’une intercommunalité et celle qui préside à la fondation de l’Europe participent d’un même esprit : créer du commun. Prendre des décisions à 8 communes ou à 27 Etats n’est pas du même ordre. Pourtant, dans les deux cas, c’est bien de protection et de bien commun qu’il s’agit. Avec le titre Maison commune (référence à un discours de Gorbatchev de juillet 1989), Denis Badré met l’accent sur l’espace que les hommes habitent, sur ce qu’ils partagent. En ingénieur, il emploie souvent l’image du pont, pour montrer que ce qui relie deux endroits permet, également, de développer un bassin de vie propre. La réflexion sur les frontières peut et doit ainsi être une pensée de l’ouverture :
La frontière n’a pas vocation à enfermer. (…) Combien de villes se sont développées autour d’un pont ? Le point de passage peut devenir un lieu d’installation. (p. 35)
L’intercommunalité représente une solution pour conserver la proximité, tout en mutualisant les ressources de fiscalité économique : cela permet d’élargir les champs d’action et de renforcer la solidarité entre les communes. De même, à l’échelle de l’Europe, c’est le pragmatisme qui doit guider l’Union dans l’Europe des Régions.
Analysant les dynamiques de ces unions, entre communes ou Etats, Denis Badré insiste sur le mouvement, sur les avancées de fait des politiques publiques. Le fédéralisme ou la subsidiarité sont des concepts mal compris des citoyens, qui n’attirent pas. Aussi faut-il expliquer les politiques mises en oeuvre, avec clarté et simplicité. Les rôles des institutions européennes demeurent mal connus. Il faut rappeler que la Commission n’est pas le gouvernement de l’Union. Ce n’est pas elle qui décide, mais le Conseil et le Parlement. En revanche, elle dispose de l’initiative des textes à débattre, et ce n’est pas rien. Le Conseil de l’Europe est trop fréquemment perçu comme une institution secondaire.
Dans une intercommunalité, pour que cela fonctionne, il faut préserver le consensus et la convivialité. L’intérêt commun, c’est aussi l’intérêt de chacun des membres, les situations pouvant se renverser. Dans les deux cas, Europe comme intercommunalité, les différences rapprochent autant que les points communs.
Lorsque Denis Badré expose les enjeux de la réforme de la taxe d’habitation ou le financement de compétences intercommunales, il s’excuse auprès de son lecteur pour la technicité du propos. Et, tout de suite, il rattache ces exposés au sens qui innerve l’action publique. Ce n’est pas avec des chiffres que l’on donnera envie d’Europe aux citoyens. De très belles lignes sur l’apport, culturel notamment, que des pays entrants dans l’UE, ici les Pays Baltes, offrent, nous rappellent que l’Europe repose sur un idéal profond, de paix et d’unité :
Actualisons donc, sans cesse, le projet de paix qui a su passionner les jeunes générations de l’après-guerre. Nous avons une magnifique opportunité à saisir : en restant sur le thème de la paix, refondons notre projet en lançant une croisade pour le développement, en renouant avec l’idée d’Alliance des civilisations. (p. 88)
Parler d’alliance, ou de communauté, donne à voir les hommes, à la source des institutions.
A l’échelle locale, la décentralisation vise à l’équilibre de l’aménagement du territoire, dans le respect des singularités. Sans relâche, il faut « simplifier, éduquer, communiquer » (p. 170). Denis Badré sera avec nous pour dialoguer, avec la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault et la première adjointe au maire de Louviers, Anne Terlez, mercredi 26 février, pour un Grand débat sur les territoires.